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Photo de Margarida Romero

Un bilan et des vœux pour l’éducation

La fin de l’année approche et il est temps de faire notre bilan et d’échanger nos meilleurs vœux pour l’année prochaine. Ces vœux sont un ordre du jour moral qui fait état de nos valeurs et de nos priorités. Avec le temps, les vœux de bonheur, de santé, de réussite et d’amour se sont effacés pour faire place à des «meilleurs vœux» génériques. Pour ce dernier billet de l’année, je me lance dans des vœux à saveur éducative .

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Dans ma petite famille établie à Québec, la fin d’année est un amalgame de traditions. Parmi les traditions héritées de France, les papillotes figurent en bonne place. Il s’agit d’un savant mélange de chocolat et de philosophie, puisqu’un petit message accompagne chaque friandise. Déballer un chocolat ouvre la porte à une réflexion qui reste pendant quelques instants ou quelques jours. Chaque papillote est l’occasion de faire le point sur nos valeurs et nos priorités.

Un de mes premiers chocolats de la saison contenait un proverbe chinois: «Si tu veux être heureux, sois-le». Voilà une belle réflexion qui nous confronte aux conditions de notre bonheur individuel dans des situations collectives sur lesquelles nous n’avons pas le contrôle. Mais plus encore, cela nous confronte à l’importance du bonheur. «Et si la quête de sens était préférable à la quête du bonheur?», s’interroge mon collègue de la Faculté de philosophie, Michel Sasseville1, en faisant référence à Viktor Frankl, un professeur autrichien survivant d’Auschwitz. Pour Frankl, «la personne qui a une raison de vivre peut supporter presque n’importe quoi», ce qui nous invite à développer la recherche du sens de la vie. De mon côté, j’estime qu’il n’est pas nécessaire d’opposer bonheur et quête de sens quand on peut développer son bonheur par le sens de sa quête, de sa mission éducative et de la cohérence entre ses valeurs et ses actions. Bon, je m’arrêterai à une seule papillote pour éviter de vous embêter avec mes réflexions philo-chocolatées de fin d’année.

Mon bilan de l’année 2016
Pour moi, cette année a été extraordinaire en rencontres. De l’EspaceLab de la bibliothèque Monique-Corriveau de Québec au MuseoMix du Monastère des Augustines en passant par les communautés qui gravitent autour de l’AQUOPS, de la CIRTA, du partenariat ACT, de Québec Numérique, de Robotique Zone01 ou de l’ITIS, j’ai eu l’occasion de collaborer avec des personnes de différents milieux et d’organiser diverses activités réunissant des collègues, des collaborateurs et des amis qui envisagent le numérique comme un levier pour l’éducation, pour l’innovation et pour la société.

Cette année encore, j’ai eu le plaisir de connaître des enseignants extraordinaires (nos superhéros!), des étudiants qui vont devenir à leur tour des chercheurs et des enseignants d’exception, des collègues qui contribuent à améliorer les pratiques éducatives, des parents qui ont l’éducation tellement à cœur qu’ils prennent congé pour s’engager dans des activités éducatives. Ces personnes sont une source d’énergie extraordinaire pour maintenir l’éducation à de bons niveaux de qualité malgré les limites du système actuel.

Au cours des derniers mois, j’ai également constaté une participation hors du commun à la consultation lancée par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Cette consultation a été une occasion de prendre la mesure de la grande vitalité du monde de l’éducation. Bref, il y a, au Québec, d’innombrables personnes remplies d’énergie positive qui œuvrent au jour le jour pour donner le meilleur à tous les élèves.

Du côté plus sombre de mon bilan de l’année: le constat que le harcèlement sévit toujours dans différents milieux éducatifs. Cela nous rappelle que rien n’est gagné, même en 2016. Dans un monde globalisé où la post-vérité s’ouvre un chemin avec force, il faut continuer à développer l’empathie, à valoriser la diversité et à avoir le courage d’agir pour veiller aux valeurs de bienveillance, de respect et d’égalité. Il faut poursuivre les efforts pour que l’éducation engage les garçons et les filles dans des expériences d’apprentissage qui leur permettent de s’épanouir personnellement, socialement et professionnellement. Il faut développer une attitude qui laisse place à l’imperfection tant chez les filles que chez les garçons, à l’acceptation et à la valorisation des erreurs ainsi qu’à une approche ludique et créative du monde.

Encore en 2016, des entraves subsistent pour que les filles s’épanouissent dans les filières liées aux sciences et aux technologies; les vêtements, les jouets et la plupart de nos produits culturels perpétuent des stéréotypes de genre. Encore plus grave pour nous tous, le taux de dénonciation des agressions sexuelles est estimé à 5%, ce qui repose sur une culture du silence qui nous incite à nous taire et à ne pas agir face aux agressions de toutes sortes. Sans tomber dans le chocolat, je vais invoquer le poète Jules Sandeau2 pour rappeler que «si les complices étaient plus rares, les victimes seraient moins nombreuses».

Après ce détour philo-poétique, le temps est venu d’offrir mes vœux de fin d’année à tous ceux qui travaillent en éducation. Pour cette prochaine année, je vous souhaite du bonheur, du sens (ou une quête de sens), de la santé, de belles collaborations, de l’amour, de l’amitié, de la paix, du respect, de l’égalité, de la bienveillance… et du courage pour revendiquer et vous battre pour tous vos vœux.

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