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Photo de Martin Dubois

Carnet de Floride

Pour mes récentes vacances, j’ai troqué la grisaille du mois d’avril et le froid du Québec pour le soleil et la chaleur de la Floride. Cela explique la longue pause depuis mon dernier billet. J’en profite pour partager quelques impressions d’architecture provenant du Sud. Bien que le but de ce voyage était avant tout de me reposer et de décrocher du travail, je n’ai pu m’empêcher de poser un regard sur l’architecture de certains secteurs floridiens que je connaissais peu. J’aurais pu vous entretenir des luxueux complexes hôteliers bordant tout le front de mer atlantique, des jolies maisons en bois de Key West ou de l’architecture d’inspiration espagnole de Palm Beach. Toutefois, j’ai opté pour ce qui m’a le plus impressionné: le district Art déco à Miami Beach.

Immeubles Art déco sur Ocean Drive.

Immeubles Art déco sur Ocean Drive


Le quartier Art déco de South Beach

L’ensemble dont je parle, que plusieurs d’entre vous ont probablement déjà visité ou du moins aperçu au cinéma ou à la télévision, est situé dans la pointe sud de la ville de Miami Beach, une presqu’île située pas très loin du centre-ville de Miami et de ses gratte-ciel modernes. Ce quartier appelé South Beach, ou «SoBe», comprend quelque 800 immeubles commerciaux et résidentiels, dont la plupart ne font que 3 étages, implantés sur un quadrillage de rues typiquement nord-américain. Surtout construits dans les années 1920, 1930 et 1940, alors que Miami devenait une station balnéaire très prisée des gens fortunés, ces immeubles ont alors adopté le style en vogue à cette époque pour les hôtels et les bâtiments de villégiature: l’Art déco.

Ce style est apparu à la suite de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes tenue à Paris en 1925. L’Art déco a ensuite presque instantanément fait boule de neige partout dans le monde occidental. Éclectique, ce style prétendait renouveler l’architecture et la décoration intérieure sans toutefois renier l’effet ornemental. On se permet alors de mélanger plusieurs genres et formes qui n’ont pas nécessairement de liens entre eux: motifs floraux et végétaux, iconographie égyptienne ou aztèque, formes géométriques cubistes, etc. Les lignes sont épurées et accentuent tantôt l’horizontalité de l’architecture, notamment en soulignant les fenêtres en bandeau, tantôt sa verticalité, en créant des tours et en intégrant des mâts pour les drapeaux. Une panoplie de matériaux et de couleurs sont également réunis pour créer de beaux effets: surfaces de pierre polie ou de béton au fini lisse de différents tons côtoient ainsi divers métaux et surfaces vitrées.

L’Art déco n’est pas un style uniforme et monolithique. Il existe plusieurs variantes ou sous-courants dont plusieurs sont représentés à South Beach. Les bâtiments typiquement Art déco de la fin des années 1920 et 1930 sont reconnaissables par leur façade symétrique en béton et leurs lignes épurées, les fenêtres en coin, les marquises protégeant les entrées et les motifs géométriques de toutes sortes. Vers la fin des années 1930 et dans les années 1940, l’Art déco prend alors la tangente du style Streamline Moderne (style «paquebot») qui emprunte des éléments aux moyens de transport, dont les grands paquebots transatlantiques. On y trouve donc des garde-corps horizontaux qui rappellent les rambardes des ponts des navires, des hublots ainsi que des bandeaux chromés comme sur les trains et les voitures.

Bâtiment de style Streamline moderne.

Bâtiment de style Streamline Moderne


Ce qui démarque tous ces bâtiments de Miami Beach, ce sont les couleurs pastel utilisées qui donnent un air fantaisiste au quartier et qui conviennent bien à ce milieu ensoleillé destiné avant tout aux vacances. En effet, à 2 pas des magnifiques plages et du boardwalk bordé de palmiers, il se dégage une atmosphère festive. En plus des nombreux hôtels chics et galeries d’art, de nombreux bars, restaurants et boîtes de nuit animent ce secteur fréquenté par une faune bigarrée. Le soir, les bâtiments sont magnifiquement éclairés, notamment par des enseignes au néon qui rappellent l’âge d’or du quartier.

Un ensemble patrimonial protégé
Cet ensemble architectural m’a beaucoup impressionné, en partie pour son ampleur et l’unité architecturale qui s’en dégage. En effet, il s’agit de la plus grande concentration de bâtiments Art déco du monde. Bien que chaque bâtiment soit unique et possède une personnalité distincte, le district construit sur une période d’une trentaine d’années est très unifié par son architecture. Il faut dire que j’affectionne tout particulièrement ce style architectural que l’on trouve notamment à Québec avec l’édifice Price (1930) dans sa forme gratte-ciel, tout comme on en voyait plusieurs à New York ou Chicago à la même époque.

Par ailleurs, c’est l’état de conservation et d’authenticité remarquable des immeubles qui m’a agréablement surpris. On doit cet état au fait qu’il s’agit d’un quartier protégé figurant dans le National Register of Historic Places depuis 1979. Ce statut de protection américain de 800 immeubles du quartier South Beach fait en sorte que les propriétaires ne peuvent démolir les bâtiments et doivent les mettre en valeur. Après la Seconde Guerre mondiale, le quartier avait perdu de sa notoriété au profit d’autres lieux de villégiature, si bien que dans les années 1960 et 1970, plusieurs immeubles étaient à l’abandon et décrépits et que le quartier était voué à disparaître au profit de gratte-ciel.

Un comité de citoyens, avec à sa tête Barbara Capitman, a milité à partir de 1976 en faveur de la reconnaissance du secteur comme quartier historique, reconnaissance accordée 3 ans plus tard. Des travaux de restauration remettent depuis en valeur les édifices qui font aujourd’hui la fierté de ses habitants. Sans cette protection, il est à parier que ce quartier aurait tôt fait de tomber sous le pic des démolisseurs vu la pression immobilière énorme, encore aujourd’hui, que connaît le bord de mer. Partout ailleurs, il y a maintenant presque seulement de grands hôtels et des tours d’habitation qui forment presque un mur continu sur des kilomètres de côtes.

Édifice Art déco de Collins Avenue

Édifice Art déco de Collins Avenue

 
Je vous invite donc, lors de votre prochain séjour en Floride, à aller découvrir ce quartier épatant. Des tours guidés sur l’architecture sont organisés par le Miami Design Preservation League.

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Ce billet s’inscrit dans une série de Carnets. Pour lire les autres billets:

1. Carnet de Louisiane

2. Carnet de Nouvelle-Angleterre

3. Carnet de Prague

4. Carnet de Scandinavie

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  1. Publié le 15 avril 2013 | Par Linda Marcoux

    Bonjour,
    Eh bien oui, ce quartier est tellement vivant et éblouissant et que dire de la vie nocturne sinon qu'elle est à la hauteur de sa réputation: vibrante à tous les points de vue.
    J'ai eu l'occasion d'aller visiter ce quartier à deux reprises et avec beaucoup de plaisir.

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