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Diète amaigrissante et dépense d’énergie

Saviez-vous que nous dépensons beaucoup d’énergie à ne rien faire? Je ne souhaite pas vous amener sur le terrain du farniente, détrompez-vous, mais plutôt vous parler du métabolisme de base et de la gestion du poids. On entend souvent dire que la perte de poids a pour effet de ralentir le métabolisme. Voyons ce qu’il en est de plus près.

diete

Métabolisme de base
Quand on pense à la dépense énergétique, c’est souvent la pratique d’activités physiques qui nous vient en tête. En fait, le métabolisme de base contribue grandement à la dépense d’énergie, c’est-à-dire celle nécessaire au maintien des fonctions vitales telles que le fonctionnement du cœur et du cerveau ainsi qu’au maintien de la température corporelle. Le métabolisme de base représente habituellement entre 60 et 70% de la dépense énergétique quotidienne. Si une personne est très sédentaire, cette contribution peut être encore plus élevée.

Brûler des calories: un brin d’histoire
Ce n’est pas pour rien qu’on utilise l’expression «brûler des calories». Le lien entre l’énergie et la chaleur occupe l’esprit des penseurs depuis longtemps. On rapporte que certains de ces penseurs, tels que Platon, Aristote et Hippocrate, croyaient que le «feu inné» permettant le maintien de la température corporelle prenait naissance dans le cœur et que cela était associé d’une quelconque façon aux aliments1. J’aime cette vision romantique, mais d’un point de vue métabolique, l’histoire est plus complexe.

Le lien entre la production d’énergie et la chaleur est maintenant bien compris. Il a été établi qu’une kilocalorie correspond à la quantité de chaleur nécessaire pour élever la température d’un kilogramme d’eau d’un degré Celsius.

Comment mesure-t-on le métabolisme de base?
Plutôt que de mesurer directement la chaleur produite par une personne, ce qui est techniquement très laborieux, on peut mesurer le métabolisme de base en partant du principe que la respiration est une forme de combustion. De façon typique, nous mesurons chez les participants à nos recherches la consommation d’oxygène et la production de gaz carbonique pendant une quinzaine de minutes. Avec ces données, nous pouvons ensuite extrapoler la dépense énergétique au repos (métabolisme de base) sur une période de 24 heures en sachant que la consommation d’un litre d’oxygène correspond à une dépense énergétique de 4,8 kilocalories.

Des équations simples de prédiction du métabolisme de base ont également été proposées. Ces équations prennent en compte des déterminants du métabolisme de base qui sont faciles à mesurer comme le poids, la taille, l’âge et le sexe. En effet, il est bien connu que, chez l’adulte, le métabolisme de base diminue avec l’âge et qu’il est habituellement plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Par ailleurs, une taille et un poids corporel plus élevés sont associés à un métabolisme de base accru. Ainsi, selon les équations de Harris-Benedict qui sont largement utilisées, le métabolisme de base d’un homme de 40 ans pesant 80 kg et mesurant 1,75 m serait de 1692 kilocalories par jour et celui d’une femme de 60 ans pesant 60 kg et mesurant 1,6 m serait de 1248 kilocalories par jour.

Des études ont également démontré que la masse maigre (par exemple, la masse musculaire) serait particulièrement énergivore et tirerait donc le métabolisme de base vers le haut. Par contre, cette variable ne fait pas partie des équations de prédiction couramment utilisées, puisqu’elle n’est généralement pas mesurée en clinique. Une personne avec une masse maigre particulièrement élevée par rapport à sa masse corporelle totale aura donc possiblement un métabolisme de base plus élevé que ce que les équations usuelles pourraient prédire.

La perte de poids et le métabolisme de base
On présente parfois la baisse du métabolisme de base en réponse à la perte de poids comme une malédiction alors que, dans les faits, c’est une réponse tout à fait normale, puisque la masse corporelle est un déterminant important du métabolisme de base. Ainsi, quand on a moins de masse à entretenir, ça prend moins d’énergie. C’est aussi simple que ça! Là où le bât blesse, c’est quand on constate que la perte de poids entraîne une diminution du métabolisme de base plus grande que celle qui aurait été prédite par la diminution de la masse corporelle. Cette adaptation métabolique, qu’on appelle aussi «thermogénèse adaptative», a été rapportée dans plusieurs études2. Un peu comme si le corps se mettait en mode «économie» face à la menace de se voir priver de l’énergie précieuse lui permettant de survivre.

The Biggest Loser et la thermogénèse adaptative
Dans une étude récente, les effets de la perte de poids sur le métabolisme de base ont été examinés chez des participants de l’émission The Biggest Loser3. Avant la perte de poids, la valeur moyenne du métabolisme de base des participants à l’étude était de 2474 kilocalories par jour. Ceux-ci ont perdu tout près de 50 kg et, grâce à leur drastique régime d’entraînement, la perte de masse maigre a été minimisée (seulement 8 kg). Devant ce constat, on avait prévu que la diminution du métabolisme de base ne serait pas trop importante et que celui-ci devrait être en moyenne de 2275 kilocalories après la perte de poids. Surprise: c’est plutôt une valeur de 1857 kilocalories qui a été mesurée, soit un métabolisme de base inférieur de 419 kilocalories par rapport à la valeur prédite. Voilà un exemple éloquent de thermogénèse adaptative!

Ces personnes sont donc devenues très efficaces d’un point de vue énergétique et ont besoin de moins d’énergie qu’une personne de même stature, de même âge et de même sexe pour assurer le maintien des fonctions vitales de leur corps. Dans un contexte de famine, ce serait une très bonne nouvelle, puisque cela veut dire que la personne n’a pas à fournir autant de calories à son corps pour que celui-ci fonctionne correctement. Mais dans un contexte d’abondance alimentaire, cela veut plutôt dire que la personne doit se contenter d’une quantité moindre de calories pour éviter de reprendre du poids. Ce phénomène de thermogénèse adaptative a d’ailleurs été évoqué comme un des facteurs pouvant rendre plus difficile le maintien du poids perdu à long terme.

Il semble que pour minimiser les risques de voir son métabolisme de base chuter de façon vertigineuse à la suite d’une perte de poids, on devrait éviter les restrictions caloriques trop sévères. Le corps semble réagir avec zèle à ces coupes sauvages dans l’apport calorique en devenant très modeste en termes de besoins énergétiques. C’est donc un «pensez-y bien» avant de se lancer dans des diètes ne proposant que quelques centaines de calories par jour!

1 Buchholz AC, Schoeller DA. «Is a calorie a calorie?» Am J Clin Nutr 2004; 79 (suppl): 899S-906S.

2 Tremblay A, Royer MM, Chaput JP, Doucet E. «Adaptive thermogenesis can make a difference in the ability of obese individuals to lose body weight.» Int J Obes 2013; 37: 759-764.

3 Knuth ND, Johannsen DL, Tamboli RA, et al. «Metabolic adaptation following massive weight loss is related to the degree of energy imbalance and changes in circulating leptin.» Obesity 2014: 22: 2563-2569.

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  1. Publié le 14 juin 2018 | Par Simone Lemieux

    Bonjour Jean-Philippe,
    Comme mentionné dans ce billet, certaines études ont suggéré des stratégies pour minimiser la diminution du métabolisme de base en réponse à la perte de poids. Par contre, à ma connaissance, il n'y a pas d'études récentes qui ont suggéré et testé des stratégies pour ré-augmenter le métabolisme de base chez des gens ayant perdu du poids. On peut penser qu'un gain de masse maigre pourrait avoir comme effet d'augmenter le métabolisme de base. Cependant cette stratégie est difficilement envisageable pour une majorité d'individus puisqu'elle requiert un entraînement en résistance très soutenu.
    Merci d'avoir commenté le billet.
  2. Publié le 14 juin 2018 | Par Jean-Philippe Lavoie

    Bonjour Simone,

    Très intéressant! Est-ce que les études nous dise comment ré-augmenter le métabolisme de base? Ou du moins, y a-t-il des hypothèses?
  3. Publié le 13 avril 2017 | Par Pierre Bilodeau

    C'est sûr que devant une telle abondance c'est difficile de se faire à l'idée qu'on a besoin que de vraiment peu pour être en parfaite santé, mais c'est oublier l'immense avantage que cela procure.

    En effet, moins on en prend pour se nourrir, plus on en a pour son activité spirituelle, ce qui est bien plus intéressant que de manger.

    Je trouve bien plus gratifiant de me passer d'un repas que de le prendre, quand je n'en ai pas vraiment envie et que je peux m'en passer. L'homme ne vit pas seulement de pain!
  4. Publié le 10 juillet 2015 | Par Simone Lemieux

    Bonjour Karine,
    Cette question sur les substituts de repas est excellente et je pourrais d'ailleurs écrire un billet sur le sujet!
    Tout d'abord, il faut dire que Soylent n'est pas le premier substitut de repas sur le marché. Quand on regarde les quantités de nutriments contenus dans le produit et qu'on compare aux apports nutritionnels recommandés, on peut conclure que ce produit est très complet et semble contenir en quantité suffisante les principaux nutriments nécessaires à notre bon fonctionnement. J'ai cependant plusieurs bémols à apporter. On sait que la biodisponibilité des nutriments n'est pas la même dans un supplément alimentaire que dans un aliment. Ainsi, même si des quantités importantes de nutriments sont présentes dans Soylent, on ne connaît pas le pourcentage réel que le corps absorbe. De plus, il y a dans les vrais aliments des composés phytochimiques (p.ex. substances antioxydantes en très petites quantités comme les polyphénols) qu'on ne trouve pas dans les substituts de repas. Il y a aussi fort probablement d'autres éléments nutritifs contenus dans les aliments que nous ne connaissons pas encore aujourd'hui et qui peuvent avoir des effets bénéfiques sur notre santé (ces molécules inconnues ne peuvent donc pas être présentes dans les substituts de repas constitués à partir des formes élémentaires de nutriments).
    Je dirais aussi que se nourrir exclusivement de substituts de repas est socialement un peu étrange quand on sait que l'acte de manger est un acte biologique (on fournit les nutriments à notre corps), mais également un acte social très important (partage, célébration, etc.). Ainsi, je pense que de prendre une fois de temps en temps un substitut de repas peut être une solution de rechange, mais je ne recommanderais pas de s'en nourrir exclusivement.
    J’ajouterais que la publicité est très efficace, mais que cela me préoccupe que le concepteur du produit n’ait aucune formation en nutrition et semble avoir une vision un peu réductrice de l’alimentation.
    En espérant que ces quelques commentaires vous éclairent un peu!
  5. Publié le 10 juillet 2015 | Par Karine

    Bonjour,

    J'aimerais avoir votre avis sur ce produit https://www.soylent.com/, non pas pour maigrir, mais du côté nutritionnel.

    Je suis du type à me méfier des diètes mais, à écouter l'entreprise, il ne s'agit pas d'une diète, mais d'un produit contenant l'ensemble des besoins nutritionnels de l'être humain...

    Merci à l'avance.

    Karine
  6. Publié le 5 mai 2015 | Par claire lafontaine

    Merci pour ce billet que j'ai trouvé très intéressant. Voilà qui explique ma grande prise de poids après des diètes drastiques... Je ne le fais plus heureusement, j'en suis incapable à présent. Je prends plutôt des protéines végétales, trouvées dans un magasin d'alimentation naturelle, qui s'appelle RAW, afin d'être plus soutenue énergétiquement parlant... Et j'ai moins envie de grignoter des calories vides... Merci de me lire et bonne journée.

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