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Photo de Simone Lemieux

Dis-moi pourquoi tu manges…

Parlez à n’importe quel expert et il vous dira que changer les habitudes alimentaires n’est pas une mince tâche. Nous faisons souvent l’erreur de croire que les choix alimentaires sont exclusivement régis par la volonté de la personne. Nous sommes d’ailleurs particulièrement durs envers les personnes obèses. Combien de fois ai-je d’ailleurs entendu: «Il a juste à faire attention et il n’en aura pas de problème». Ce n’est malheureusement pas si simple que ça de «faire attention»!

Notre corps nous parle
Notre consommation d’aliments est déterminée par différents facteurs. La sensation de faim est un facteur physiologique puissant. Elle nous avertit que le corps s’est mis à puiser dans les réserves pour fonctionner et qu’il est le temps de manger pour aller renflouer ces réserves. La sensation de rassasiement qui survient pendant un repas nous indique quant à elle que nous avons suffisamment mangé selon nos besoins, et elle se traduit notamment par une impression que les aliments ont moins bon goût qu’au début du repas et aussi par des sensations d’avoir le ventre plein. Si nous étions parfaitement connectés à nos signaux corporels et que les facteurs physiologiques étaient seuls à bord, on peut prédire que la surconsommation alimentaire serait beaucoup moins présente que ce qu’elle est actuellement.

Quand je n’ai pas faim, moi j’mange!
Des facteurs psychologiques influencent également notre prise alimentaire. Plutôt que de faire une grande dissertation sur le sujet, je vous demande de voyager dans vos souvenirs et de vous rappeler Angèle Arsenault et sa chanson «Moi j’mange». Elle nous chantait:

«Quand j’sus tannée, moi je mange
Comme un bébé, moi je mange
Quand j’suis heureuse, moi je mange
Quand j’suis nerveuse, moi je mange»

Pour vous rafraîchir la mémoire, voyez la vidéo de «Moi j’mange» sur YouTube…

On y comprend à merveille comment des facteurs psychologiques sont en lien avec notre façon de nous nourrir… et mes étudiants au baccalauréat savent maintenant qui est Angèle Arsenault!

Notre environnement influence aussi notre consommation d’aliments. On n’a qu’à penser aux publicités de toutes sortes qui nous mettent l’eau à la bouche ou encore aux portions énormes qu’on nous sert au restaurant. Même avec la meilleure volonté du monde, montrent les études, nous mangeons plus lorsque nous sommes exposés à de plus grosses portions.

Pas tous pareils
Nous sommes tous sous l’influence de ces différents facteurs, mais à des degrés différents. Ainsi, certains sont très étroitement connectés à leurs signaux corporels. Vous savez, le genre de personne qui vous dit que si elle mange davantage lors d’un événement spécial, le lendemain, elle aura moins faim et mangera tout simplement moins. Ces personnes sont moins sensibles à l’environnement obésogène et risquent moins de prendre du poids que celles qui sont moins bien connectées à leurs signaux internes et dont la prise alimentaire est davantage influencée par des facteurs externes comme la vue d’aliments savoureux ou le fait d’être exposé à de grosses portions.

Déficit d’attention
Face à la prévalence élevée d’obésité (24% au Canada), plusieurs chercheurs se sont activés afin d’élucider certains mystères pouvant favoriser une surconsommation alimentaire. Le numéro du 1er avril 2013 de la revue American Journal of Clinical Nutrition contient un article recensant plusieurs écrits consacrés à ce sujet1. On y apprend entre autres que des facteurs tels que la distraction et la mémoire influencent notre consommation alimentaire. Ainsi, le fait d’être distrait au moment du repas par la télévision, la radio ou la lecture entraînerait une consommation alimentaire plus importante que dans un contexte sans distraction. On pense que le fait d’être distrait nous éloigne de nos signaux corporels.

Pour ce qui est de la mémoire, les études démontrent que le fait d’avoir frais en mémoire ce que nous venons tout juste de manger ou ce que nous avons mangé au repas précédent entraîne une diminution de la prise alimentaire comparativement à une situation où l’on «facilite l’amnésie». Ainsi, si vous êtes au restaurant et choisissez l’option buffet, vous mangerez davantage si le serveur fait bien son travail et débarrasse au fur et à mesure les assiettes utilisées sur votre table que s’il tarde à effacer toute trace de consommation alimentaire. De façon similaire, on mange moins d’ailes de poulet si les restes sont bien en vue sur la table que s’ils ne le sont pas. Voir les assiettes utilisées lors d’un repas buffet ou les restes d’ailes de poulet nous aide donc à nous rappeler plus précisément la quantité d’aliments consommés et pourrait contribuer à ralentir notre prise alimentaire.

Face à ces constats, que faire? Manger seul pour ne pas être distrait? Ce serait bien trop triste. Implorer les restaurants de ne pas débarrasser les tables? Difficilement envisageable… Les auteurs de l’article indiquent plutôt que le fait d’être plus attentif à ce que nous mangeons quand nous le mangeons contribuerait à éviter ou à limiter la surconsommation alimentaire. Des stratégies comme manger plus lentement pour prendre le temps de bien goûter les aliments et éviter d’être distrait par la télévision au moment du repas peuvent d’ailleurs contribuer à être plus attentif aux aliments que nous consommons. Et vous, qu’avez-vous mangé ce matin?

1 Robinson E, Aveyard P, Daley A, Jolly K, Lewis A, Lycett D, Higgs S. Eating attentively: a systematic review and meta-analysis of the effect of food intake memory and awareness on eating. America Journal of Clinical Nutrition 2013; 97: 728-42.

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  1. Publié le 2 mai 2013 | Par Brisson Louise

    Merci
    Fort intéressant comme article

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