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Photo de Sophie Brière

Égalité hommes-femmes: que nous apprennent les organisations?

Quand j’étais jeune, je voulais être journaliste et parcourir le monde afin de connaître et de partager la vie de gens issus de différentes cultures. Finalement, je suis une professeure d’université qui parcourt les organisations aux quatre coins du monde afin non seulement de connaître leur réalité, mais de travailler à instaurer une meilleure égalité et une plus grande diversité dans les différents milieux de travail. Au final, je suis donc doublement gagnante puisque j’ai la chance, avec mes collègues et des étudiants membres des équipes de recherche, de découvrir différents univers organisationnels et le quotidien de personnes qui exercent diverses professions et métiers.

Professions-600

En l’espace de quelques semaines, je peux être au dernier étage d’une tour de bureaux à rencontrer des dirigeants de grandes entreprises ou de firmes d’avocats, sur la colline Parlementaire à discuter avec des hauts fonctionnaires de l’État, dans un centre de détention afin de découvrir le quotidien des agents ou dans un atelier de couture dans un village africain afin de mieux soutenir des entrepreneures. Par leur généreuse participation à ces projets de recherche, les organisations qui m’ouvrent leurs portes souhaitent jeter un nouveau regard sur ce qui se fait présentement et faire émerger des pratiques porteuses d’égalité, de diversité et de mixité des talents.

Il est vrai qu’il existe encore beaucoup d’inégalités et d’obstacles liés à la progression et à la rétention des femmes dans les organisations, surtout dans celles où les hommes ont toujours formé la majorité des travailleurs. On observe encore une sous-représentation des femmes à des postes de décision, une inégalité des revenus ainsi que des défis relatifs à la parentalité. Ce blogue s’inscrira inévitablement dans cette réalité qui nous est régulièrement dépeinte dans l’actualité. Toutefois, au-delà de la présentation de statistiques et d’obstacles, je souhaite que mes billets se distinguent en décrivant les différentes interventions et pratiques organisationnelles expérimentées pour pallier ces lacunes au sein des milieux de travail, au Québec et ailleurs dans le monde. Je voudrais aussi que ces billets constituent autant d’occasions pour les lecteurs de discuter de ces pratiques.

Pas de recette magique
Une chose que mes différentes rencontres sur le terrain m’ont apprise est qu’il n’y a pas de recette miracle ou de modèle unique transférable pour changer les situations d’inégalité au travail. Cela m’est souvent demandé lors de réunions ou de conférences: «Mme Brière, pourriez-vous nous indiquer simplement et en quelques étapes ce qu’il faut faire pour favoriser l’égalité dans notre organisation?». Eh bien non, je n’ai malheureusement pas de réponse unique et rapide à cette question, puisque cet enjeu n’est pas simple et qu’il requiert des changements spécifiques à la réalité des différents milieux de travail.

Au départ, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la place des femmes au sein des organisations, je dois avouer que j’étais convaincue que celles-ci pouvaient accéder à tous les niveaux d’emplois avec la bonne volonté de certains dirigeants et la mise en place de stratégies individuelles leur permettant d’acquérir toutes les compétences requises pour progresser. Au fil de mes recherches et de certaines lectures clés1, j’ai acquis la conviction qu’il faut aller au-delà de l’étude des trajectoires individuelles, bien qu’elle soit essentielle, et travailler sur les dimensions de contexte et de culture des organisations, qui influencent les choix des personnes et leur parcours de carrière. Mes travaux m’ont appris que mieux connaître les divers enjeux en matière d’égalité et partager différentes expériences organisationnelles dans ce domaine est certainement un vecteur de changement. Comme les organisations ont à relever de nombreux défis liés à leur propre réalité, elles n’ont souvent pas l’occasion d’échanger sur leur expérience avec des organisations d’autres secteurs ou encore d’évaluer l’incidence de leur propre démarche.

Des firmes d’ingénieurs au milieu carcéral
Ce blogue nous amènera dans une grande diversité de milieux de travail. Il a pour objectif d’apporter un nouvel éclairage sur différents questionnements qui demeurent toujours d’actualité. En voici quelques exemples: Comment certaines organisations (cabinets d’avocats, banques, firmes d’ingénieurs, etc.) sont-elles parvenues à faciliter la conciliation travail-famille et à rémunérer leurs employés de façon plus équitable? Qu’est-ce qui a été fait au plan organisationnel pour faciliter la forte progression et la rétention des femmes dans certaines professions historiquement masculines (telles agentes de services correctionnels et inspectrices)? Comment soutenir une diversité d’entrepreneurs (femmes, jeunes, immigrants, autochtones) souhaitant démarrer une entreprise selon les spécificités de leur contexte? Quelles sont les pratiques de gestion à implanter pour concilier parentalité et séjours à l’étranger? Afin d’alimenter ces questionnements riches en contenu et de partager avec vous les connaissances sur ces sujets, ce blogue fera appel à votre participation ainsi qu’à celle de mes collègues universitaires et de mes partenaires organisationnels.

Au fil de mes expériences, j’ai également appris que les changements liés à l’égalité et à la diversité dans les organisations sont porteurs lorsqu’abordés dans une perspective multidisciplinaire et avec des regards croisés issus de différents milieux. Ces changements sont aussi plus durables lorsque les pratiques sont issues d’un dialogue auquel prennent part tant les hommes que les femmes. J’espère que ce blogue interpellera une diversité de personnes, car les sujets y seront traités de façon à ce que l’égalité et la diversité ne soient pas uniquement «une affaire de femmes», mais un objectif commun permettant une meilleure qualité de vie au plan tant professionnel que familial.

1 Tels les travaux de Marta Calas de l’Université du Massachusetts, de Robin J. Ely de l’Université Harvard et d’Helene Ahl de l’Université Jönköping.

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