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Photo de Simon Langlois

Internet au cœur du développement régional

Au nombre de ses promesses électorales, la Coalition avenir Québec (CAQ) s’est engagée à ce que toutes les régions de la province aient accès à un service Internet haute vitesse fiable au plus tard en 2022.

câbles fibre optique

Il est vrai que l’accès à Internet haute vitesse est essentiel au développement économique des régions du Québec de même qu’au bien-être quotidien des gens qui y vivent, au même titre que l’électrification rurale l’a été dans les années 1940 et 1950 et que l’extension du réseau routier l’a été dans les années 1960.

Par le passé, l’électricité et les routes ont permis aux régions de rester dans le coup, de se développer et de diversifier leur économie, auparavant axée sur l’agriculture de subsistance et sur l’exploitation des ressources avec des moyens limités.

De nos jours, c’est la révolution numérique qui constitue la clé du développement futur des régions. De leur développement économique d’abord, mais aussi de leur développement social et culturel. Pensons à l’accès à l’information, à l’éducation permanente, au divertissement ou encore à la sociabilité.

Internet et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) contribuent à la prospérité des grands centres, c’est connu. Mais ces technologies peuvent jouer le même rôle en milieu rural et en région, et cela à condition de mettre en place les infrastructures nécessaires.

Numérisation du travail
Le travail est désormais numérisé, à la ville comme ailleurs. L’entrepreneur gaspésien a autant besoin d’Internet que son collègue de la banlieue de Drummondville. Les agriculteurs utilisent les technologies nouvelles pour commander les intrants, élever les animaux, communiquer avec les vétérinaires, gérer leur ferme, etc. La technologie de demain les aidera même à pallier les pénuries de main-d’œuvre par le mirage des œufs ou la traite automatique des vaches, par exemple.

Les hôtels et les gîtes doivent entrer en communication avec leurs clients potentiels de partout sur la planète. Et bien que plusieurs de ces hôtes recherchent la solitude et le dépaysement lors de leurs séjours en région, ils souhaitent, le soir venu, pouvoir prendre des nouvelles du reste du monde.

Les artisans, les entrepreneurs, les enseignants, les médecins, les électriciens, bref tous les types de travailleurs en région ont désormais besoin d’un accès rapide à de bonnes communications et à toute la panoplie des nouvelles technologies. La numérisation est au cœur du monde du travail contemporain, à la campagne comme à la ville.

Contrer les inégalités entre l’urbain et le régional
L’électrification et les infrastructures routières ont permis aux régions éloignées du Québec de sortir de la pauvreté, de freiner l’exode vers les grandes villes (et même vers les États-Unis qui, entre 1850 et 1930, ont attiré 800 000 Canadiens français) et ainsi de conserver une partie de leur population.

L’Internet rapide et les nouvelles technologies sont maintenant incontournables pour retenir en région les générations nouvelles attachées à leur coin de pays ou pour y attirer les individus qui recherchent une qualité de vie différente tout en souhaitant habiter dans le même monde connecté que les urbains.

Il serait illusoire de vouloir faire des régions éloignées de nouvelles Silicon Valley. Il s’agit plutôt de permettre aux talents locaux d’utiliser les nouvelles technologies dans le cadre de leur travail. Les exemples de réussites entrepreneuriales mises sur pied en région ne manquent pas au Québec: Vachon en Beauce, Bombardier en Estrie, Rousseau Métal à Saint-Jean-Port-Joli, Plastiques Moore à Saint-Damien-de-Buckland, etc. Pour maintenir une telle vitalité régionale, les entrepreneurs de demain auront besoin de technologies de communication efficaces.

Les habitants de plusieurs régions éloignées se sentent oubliés par l’État et vivent un sentiment d’exclusion devant la prospérité des centres urbains branchés. À ce sujet, regardons ce qui se passe à l’étranger. En France, le mouvement social des «gilets jaunes» est très fort dans les petites communes négligées par les pouvoirs étatiques et par le monde des affaires. Les porteurs de ces gilets montent vers Paris, le samedi, pour le laisser savoir sur la place publique. Aux États-Unis, les personnes déclassées par le déclin de la vieille économie industrielle se sont tournées vers Donald Trump quand celui-ci leur a fait miroiter qu’il rétablirait la grandeur industrielle d’autrefois (Make America Great Again). Dans ces deux pays, la gauche sociale-démocrate, faute d’avoir été sensible aux attentes des oubliés du développement et des laissés-pour-compte, a négligé d’apporter des solutions à la fracture géographique et sociale. Or, l’extension des infrastructures technologiques fait partie des pistes de solution à cette fracture.

Si rien n’est fait au Québec, le déficit technologique accentuera les inégalités entre ville et campagne, avec les risques que le sentiment d’aliénation et d’exclusion ne s’accentue. Ici, je ne pense pas seulement à la Basse-Côte-Nord ou à la Haute-Gaspésie. Même des régions proches des grands centres souffrent du faible accès aux TIC, comme c’est le cas dans Lanaudière (voir un récent reportage de Radio-Canada), en Mauricie ou dans le Bas-St-Laurent.

Un grand projet pour notre société
L’État, tant fédéral que provincial, investit massivement dans la création et la rénovation d’infrastructures urbaines (pont Samuel-de-Champlain, aéroports, autoroutes, tramways, métro, etc.) qui favorisent le développement économique et social. Ce développement s’appuie aussi sur les TIC, bien présentes en milieux urbains à cause de la densité des populations et des économies d’échelle.

En revanche, dès qu’on sort des centres métropolitains, l’infrastructure nécessaire aux communications électroniques et aux nouvelles technologies est beaucoup moins développée. Et les grandes entreprises seront peu enclines à investir afin de combler ces déficits d’accès à cause des coûts élevés qui leur sont associés. Leur attitude rappelle celle des producteurs d’électricité qui, autrefois, avaient négligé les centres éloignés avant la création d’Hydro-Québec.

Ainsi, encore aujourd’hui, c’est à l’État qu’il incombe de combler le déficit qui touche les infrastructures technologiques, et ce, en faisant du projet Internet en région un grand projet de développement social et économique susceptible de contribuer à réduire les écarts entre les régions et les centres urbains.

Le gouvernement Legault devrait saisir cette occasion en faisant du développement d’Internet haute vitesse sur tout le territoire du Québec l’une de ses grandes réalisations qui passeraient à l’histoire. Idem pour les partis politiques fédéraux, lesquels entreront bientôt dans la bataille électorale, car les disparités d’accès aux TIC touchent aussi l’ensemble du Canada.

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