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Photo de Frank Pons

LNH: le tsunami n’a pas eu lieu

Ça y est, la Ligue nationale de hockey (LNH) est de retour. Je peux enfin passer mes samedis soirs à profiter du hockey avec mon fils de 7 ans sans avoir à lui expliquer ce qu’est un lock-out ou pourquoi ses héros préférés sont au repos forcé («ils n’arrivent pas à s’entendre sur le partage d’un montant important d’argent durant les prochaines années avec les riches patrons de leurs propres équipes, tu comprends?»)… Pas facile, surtout quand l’évidence a 7 ans et vous dit: «Mais M. Molson et Brian Gionta, ils ne jouent pas pour la même équipe?» ou encore «C’est pas juste, je ne pourrai pas aller au Centre Bell pour mon anniversaire si les portes restent fermées et que les joueurs sont tous en Europe!» Mais tout ceci est du passé et, Dieu merci (pour mon fils et tous les passionnés de hockey et de sport, moi inclus), la compétition a repris. Alors quel premier bilan tirer de cette reprise?

Photo La Presse canadienne

Photo La Presse canadienne – Graham Hughes


1. Un public de retour en force dans les amphithéâtres

La tragédie annoncée n’a pas eu lieu: les fans sont finalement de retour dans tous les amphithéâtres1 (à l’exception de quelques marchés comme New York où on trouve vite d’autres activités à la mode-). Il n’y a rien de surprenant, car historiquement, le retour des fans après des lock-out ou des grèves s’est fait en masse. On oublie trop souvent que le produit sportif ne dépend pas de comportements d’achats rationnels, mais que l’émotion, l’appartenance ou la passion sont derrière les décisions d’achats.

Un match de hockey ne possède les garanties ni de qualité ni de certitude, contrairement à tout autre produit. L’issue du match, la qualité du jeu ou encore notre satisfaction sont incertaines, mais nous payons quand même des montants importants pour souffrir, stresser et peut-être repartir frustrés après 3 heures. Sommes-nous fous? Non, ce qui nous attire, c’est la magie du sport, son attrait émotionnel, social et culturel. Alors quand on nous rend notre joujou, on balaie nos menaces, nos regrets et notre amertume et on s’y recolle avec la même passion, peut-être même augmentée par ces quelques mois de manque. Donc il n’y a rien d’illogique à voir des amphithéâtres pleins. Les prévisions alarmistes ont peut-être été exagérées durant le lock-out.

Si certains fans (les moins impliqués) ont mis leurs menaces à exécution, on verra peut-être un léger fléchissement dans la valeur de certains produits dérivés et donc dans le capital de marque de certaines franchises. Mais là encore ces baisses, sans doute temporaires, seront vite compensées par une entente intéressante pour les propriétaires et surtout par l’effort marketing de certaines équipes. Ce ne sont pas des efforts de promotions que l’on devrait voir, mais plus des opérations de relations publiques avec le grand public avec un seul but: recréer le lien avec ces fans moins impliqués.

2. Le hockey du sud n’est pas mort
Si la saga des Coyotes de Phoenix est toujours d’actualité et montre que dans de petits marchés non traditionnels pour le hockey la survie n’est pas facile, on voit encore la LNH être très prudente dans ses décisions et donner le maximum de chance aux Coyotes pour qu’ils demeurent à Phoenix… Pourquoi? Simplement par entêtement? Le lock-out devrait nous servir de leçon et nous rappeler à quel point la LNH pense en termes économiques et financiers et non selon le bon sens populaire. Rappelez-vous que ce sont des décisions d’affaires.

Alors quand on voit que la couverture télévisuelle de la NBC pour les plus récents matchs bat tous les records depuis 2002 et si on pense aux revenus de placements publicitaires potentiels pour le diffuseur et donc à son poids dans la balance, on peut se dire qu’on peut encore rêver de la LNH à Québec… mais aussi et surtout ailleurs dans le marché télévisuel américain (à peu près 10 fois plus gros que le marché canadien). Ainsi, la volonté de maintenir des clubs aux États-Unis ou d’en déplacer tout en restant aux États-Unis s’explique mieux et des villes comme Seattle auront aussi un rôle important à jouer (vu la taille de son marché local et la future présence d’une équipe de la NBA… si tout va bien). Alors le hockey au sud de la frontière a encore de beaux jours devant lui… surtout avec la nouvelle convention collective.

bettman_Sportsnet3. Gary Bettman n’a pas arrangé son image auprès du public, et alors?
Durant et à la suite du lock-out, l’attention a été très focalisée sur l’arrogance et la dureté de Gary Bettman dans ce conflit, comme dans le précédent d’ailleurs. Mettons tout de suite les choses au clair: Gary Bettman ne travaille pas pour une firme de relations publiques ou de marketing, il est commissaire de la Ligue et, à ce titre, il représente les propriétaires et les intérêts financiers à long terme de ceux-ci. Il nous est impossible de juger de ses actions et des objectifs fixés sans être parmi les sages.

Alors oui, il n’a pas l’air sympathique et oui, il ne semble pas proche des fans et oui, je n’irai sûrement pas prendre une bière avec lui pour m’amuser un soir (mais certainement pour l’écouter parler de la LNH). Son rôle est ailleurs et il a très rapidement compris que l’opinion publique dans son cas avait moins d’importance que dans celui des propriétaires. Plus brillant qu’arrogant, je dirais. Alors quand j’entends des experts (notamment dans les médias anglophones) dire qu’il devrait démissionner sur-le-champ, je suis profondément surpris et les trouve un peu rapides pour juger, puisqu’ils ne sont pas dans le secret de la LNH. Il laisse une ligue avec une convention collective valide jusqu’en 2021, des revenus globaux et des droits télé en hausse, un plafond salarial instauré lors du précédent conflit et un partage des revenus toujours très avantageux pour les propriétaires. C’est pas mal, je dirais, si vous êtes du côté de ses «employeurs» (les propriétaires). Effectivement, Gary Bettman (après 20 ans comme commissaire de la ligue) se retirera dans les prochains mois ou années, mais sans doute davantage avec le sentiment du devoir accompli que celui d’échec que la presse a souvent voulu lui faire endosser. Et si c’était nous qui n’avions rien compris au personnage? -))

4. Un spectacle rafraîchissant…
Plusieurs mois sans hockey fait que tout le monde est plus motivé… Les joueurs se donnent comme on aime le voir, avec des buts et du spectacle, les fans communient avec leur club dans les amphithéâtres et dans les médias sociaux, les propriétaires communiquent un peu plus avec leurs fans, les émissions de télé revivent avec du contenu récent et pas des matchs des années 70. Bref, le monde du hockey revit et on se prend même à rêver à un retour des Nordiques -)) et à une coupe Stanley à Montréal cette année… Dans une courte saison, tout est possible!

Et si, finalement, le lock-out n’avait pas été une si mauvaise chose? Je plaisante bien sûr!

1 Jeremy Binckes, «After NHL lockout, attendance numbers show fans are returning to hockey», The Oakland Press, 13 février 2013

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