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Photo de Margarida Romero

Pour ou contre le numérique à l’école?

Quand des parents me disent que les technologies devraient être interdites à l’école, je tente de comprendre. Ils ont souvent raison. Les usages des technologies qu’ils décrivent sont la plupart du temps liés à la consommation interactive de manuels scolaires numérisés qui ne permettent pas d’engager les élèves dans des processus de construction de connaissances. Ces parents préfèreraient que les enfants utilisent papier et crayon pour écrire des brouillons, explorer diverses solutions à des problèmes ou simplement pour manipuler des objets réels.

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Photo Judith Savoie

Il n’y a pas qu’ici que la question se pose. En effet, une partie des travailleurs de la Silicon Valley envoient désormais leurs enfants dans une école qui a banni la technologie. Et une récente étude de l’OCDE, Students, Computers and Learning: Making The Connection, attribue aux technologies des effets négatifs sur les apprentissages. Ses auteurs ont quantifié le temps passé à l’ordinateur et ont établi une corrélation négative entre cette donnée et les performances des élèves. De mon point de vue, c’est une perspective valable pour certains usages de la technologie qui placent l’apprenant en mode de consommateur passif ou interactif.

Mais il y a aussi d’autres usages des technologies qui peuvent faire une différence quand la pédagogie est centrée sur l’apprenant et sur des activités créatives de coconstruction de connaissances. J’entends alors les parents et les enseignants dire que les élèves sont très engagés dans des projets où ils créent à l’aide du numérique, en faisant de la programmation ou de la robotique pédagogique ou encore en bricolant des dispositifs électroniques. La question n’est donc pas le temps d’usage des technologies (comme observé par l’OCDE), mais la qualité et le potentiel de cet usage, en lien avec la pédagogie et les activités d’apprentissage.

Une affaire de pédagogie
Nous devons dépasser la vision technocentrée qui attribue des effets à la technologie en soi, et plutôt juger de la pertinence de l’intégration technologique selon la pédagogie. Certaines activités d’apprentissage peuvent être améliorées par l’utilisation des technologies comme outils de collecte de données, de modélisation de connaissances (textuelles, audiovisuelles, algorithmiques ou même robotiques) et par le transfert et la coconstruction de connaissances avec d’autres acteurs éducatifs (les parents, les élèves d’autres classes et d’autres écoles ou des professionnels externes à l’école). Les technologies ne sont pas au centre des apprentissages, mais sont un écosystème par lequel les enseignants peuvent offrir des activités d’apprentissage plus significatives, plus collaboratives, plus participatives, plus ouvertes sur le monde et plus engageantes que celles qu’il aurait été possible de réaliser dans l’ère prénumérique.

Le numérique ne fait qu’amplifier ce qu’offrent les systèmes éducatifs. La technologie peut améliorer les bonnes pratiques éducatives, mais elle peut également, à l’inverse, multiplier les effets des modèles d’apprentissage qui restent transmissifs et qui ne proposent à l’élève qu’une consommation passive ou interactive de contenus préétablis (pensons, par exemple, à des manuels scolaires qui ont simplement été numérisés avec une faible plus-value pédagogique). Ainsi, le numérique en éducation n’est pas une question binaire d’intégration ou de non-intégration, mais doit mener à une réflexion sur les activités pédagogiques à privilégier et sur la manière dont les technologies peuvent les améliorer.

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