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Photo de Simon Langlois

Quand le divorce n’est plus une affaire de jeunes

Être marié pendant 20 ou 25 ans constitue-t-il une garantie qu’un couple durera «jusqu’à ce que la mort le sépare»? De moins en moins! À défaut d’une enquête portant spécifiquement sur le sujet, les statistiques disponibles montrent que le taux de divorce augmente dans les nouvelles cohortes qui ont franchi le cap des 20 ans de mariage.

Divorce tardif-600

Pour l’ensemble des couples québécois, le divorce surviendra dans près d’un cas sur deux, leur «indice synthétique de divortialité» étant de 49,9 pour 100 mariages selon l’Institut de la statistique du Québec pour la dernière année disponible (2008). Cependant, cette statistique représente difficilement la réalité à cause de la désaffection des Québécois pour le mariage comme institution, surtout chez les jeunes et les individus d’âge moyen, les ruptures d’unions libres n’étant pas considérées dans le calcul. Elle est toutefois valable pour l’étude des ruptures d’union après l’âge de 60 ans. En effet, la majorité des couples plus âgés ont contracté un mariage officiel, le taux d’union libre dans ce groupe tournant autour de 10%, soit bien moins que les taux observés dans les groupes d’âge plus jeunes.

En hausse chez les couples plus âgés
Considérons les données portant sur les couples mariés entre les années 1970 et 1990, soit 5 cohortes séparées par 5 ans. Le tableau ci-bas présente la proportion de mariages rompus par un divorce après 20 ans et 25 ans d’union. Les couples mariés dans les années 1970 et 1980 appartiennent à la cohorte des babyboomers, et une bonne partie de leurs membres sont maintenant à la retraite.

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Ainsi, 23,5% des couples mariés en 1970 (soit environ 1 couple sur 4) étaient divorcé après 20 ans de mariage, et 28,5% après 25 ans de mariage. Le taux de divorce a augmenté chez les couples mariés en 1975 aux 2 mêmes durées de mariage.

Les proportions sont encore plus élevées chez les personnes qui se sont mariées par la suite et sont continuellement en hausse, comme le montre le tableau. Ainsi, la proportion de divorces ne cesse de grimper pour atteindre 40,3% après 20 ans de mariage chez les personnes mariées en 1990. L’accroissement est donc considérable depuis 1970.

Les probabilités d’avoir divorcé sont plus élevées après 25 ans d’union conjugale. Les proportions étaient en effet de 28,5% de couples divorcés chez les mariés de l’année 1970 arrivés à l’âge des noces d’argent, puis de 33,9% pour les couples mariés en 1975. Les couples mariés en 1985 ont davantage divorcé, pour atteindre la proportion de 40,7% en 2010. Les couples mariés en 1990 ont, quant à eux, déjà atteint ce taux après 20 ans d’union, et il est trop tôt pour connaître la proportion de rupture qui sera observée dans cette cohorte après 25 ans, les données de 2015 n’étant pas encore disponibles.

Il ressort de ces statistiques que, d’une cohorte à une autre, la proportion totale de divorces augmente régulièrement avec le nombre d’années de mariage. Les données du tableau indiquent clairement que les couples mariés depuis longtemps (20 ou 25 ans) connaissent une probabilité de divorcer qui va en augmentant à mesure que les conjoints franchissent l’âge de 60 ans et que de nouvelles cohortes de personnes âgées remplacent les précédentes, puisque celles-ci divorcent davantage que par le passé.

Conception du mariage, effet de génération et choc de la retraite
Les raisons d’un tel phénomène sont multiples. Tout d’abord, la conjugalité a profondément changé au fil du temps. Il n’est plus question de se marier «pour le meilleur ou pour le pire» comme autrefois. Le passage du temps use bien des unions qui finissent par se rompre, surtout dans le contexte de la désaffection pour le mariage. Il y a ensuite un effet de génération: les nouvelles cohortes de couples n’ont pas les mêmes attentes vis-à-vis l’engagement, et les facteurs qui amenaient les couples plus âgées à rester unis jouent moins qu’autrefois. De même, la loi du partage du patrimoine familial assure une plus grande autonomie financière aux femmes que par le passé, facilitant le passage à l’acte de divorcer.

La prise de la retraite peut aussi alimenter la tendance à la hausse des divorces, puisqu’elle implique un changement radical dans le rythme de vie des individus. Les personnes mariées et retraitées passent beaucoup plus de temps ensemble au quotidien. Il se peut qu’elles ne parviennent pas à revoir leur relation conjugale sur les nouvelles bases qu’exige la situation désormais différente. Dans le contexte où les normes sociales sont moins contraignantes pour ces individus arrivés à l’âge de la retraite, le divorce est plus facilement envisageable qu’autrefois. Le contexte normatif a en effet fortement changé en un demi-siècle, de même que le contexte financier. Chaque conjoint a maintenant une plus grande autonomie financière dans la majorité des ménages, notamment parce que les épouses ont occupé des emplois et ont mieux préparé leur propre retraite. Il est donc permis de poser que le taux de divorce après 60 ans continuera d’augmenter dans les années à venir.

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