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Photo de Martin Dubois

Remonter le temps: parcours des horloges

Après les fontaines et les passerelles qui ont chacune fait l’objet d’un billet estival, je vous convie cet été à un tour des plus belles horloges qui agrémentent les immeubles de la Capitale1. Ici ou en voyage, j’ai souvent photographié de vieilles horloges, fasciné par cet objet à la fois utilitaire et ornemental qui indique le temps et sonne aux heures pour réguler la vie quotidienne. Le Big Ben de Londres, l’horloge astronomique de Prague, l’horloge à vapeur de Gastown, à Vancouver, ou même la tour de l’horloge de Montréal font ainsi partie de mes souvenirs de voyage. Véritables gardiennes du temps, ces horloges ont malheureusement perdu de leur utilité à l’heure où montres et téléphones cellulaires égrènent les secondes qui semblent passer de plus en plus vite.

Le cadran solaire du Vieux Séminaire. Photo Martin Dubois

Le cadran solaire du Vieux Séminaire. Photo Martin Dubois

Comme pour les 12 coups de minuit, voici donc mes 12 horloges coup de cœur qui font partie de l’architecture du Vieux-Québec et des quartiers limitrophes. Du cadran solaire du Vieux Séminaire à l’horloge super sophistiquée du Jura, ces objets d’une autre époque ornent plusieurs édifices publics d’importance (hôtel du Parlement, hôtel de ville, palais de justice, gare, bureau de poste, église), que ce soit sur une tour, un dôme, un beffroi ou un pignon. Il s’agit d’un beau prétexte pour revisiter ces édifices publics et admirer ces horloges qu’on ne remarque et n’entend plus. Et pourquoi ne pas en faire un petit circuit de promenade en famille ou entre amis, en prenant son temps?

1. Le cadran solaire du Vieux Séminaire
La plus ancienne horloge présentée ici, qui n’a besoin ni de piles ni de mécanisme à remonter, est le cadran solaire installé dans la cour des petits du Vieux Séminaire. Il daterait de 1773, alors que l’aile de la Procure du Petit Séminaire est reconstruite après un incendie. Il nous rappelle, en latin, que «nos jours fuient comme l’ombre». Les 1ers cadrans solaires ont été importés d’Europe pour les missionnaires, les colons et les militaires établis en Nouvelle-France. Par la suite, le savoir-faire de cadranier s’est transmis au sein de la colonie. La Commission des cadrans solaires du Québec dénombre 233 de ces objets d’art sur le territoire québécois, dont un cadran solaire récent sur les plaines d’Abraham et un autre sur le campus de l’Université Laval, tous deux conçus par le professeur Raphaël N. Sanchez.

2. L’ancienne bijouterie Seifert & Sons
Sur la place de l’Hôtel-de-Ville, une façade du magasin Simons de la côte de la Fabrique arbore une belle horloge au-dessus d’une entrée. Cette horloge était présente bien avant que Simons prenne possession de l’édifice au tournant des années 1990. De 1898 à 1930, ce local commercial a été occupé par la bijouterie Seifert & Sons, commerce fondé dans les années 1850 par Gustavus Seifert, d’origine allemande. Selon la Société historique de Québec, l’horloge serait apparue en toute fin de vie de cette institution, lorsque les descendants de Gustavus ont fait reconstruire le magasin à la suite d’un incendie survenu en 1930. L’horloge mise en place sert alors d’enseigne pour la bijouterie. La maison Birks de Montréal acquiert ensuite le commerce, qui demeure actif jusque dans les années 1970. Il est à noter que l’horloge actuelle n’est pas l’originale de 1930. Elle a été remplacée, mais respecte le style d’origine avec ses chiffres romains.

L’horloge de l’ancienne bijouterie Seifert & Sons. Photo Martin Dubois

Le beffroi, ou tour d'horloge, de l'hôtel de ville de Québec. Photo Martin Dubois

Le beffroi, ou tour d’horloge, de l’hôtel de ville de Québec. Photo Martin Dubois

3. L’hôtel de ville
Juste de l’autre côté de la rue, une horloge sonne les heures au sommet du beffroi de l’hôtel de ville. En 1894, lorsque l’architecte Georges-Émile Tanguay conçoit l’édifice, il opte pour une architecture éclectique qui combine plusieurs styles, dont le néo-roman des édifices publics américains. Sur l’aile longeant la côte de la Fabrique, il dessine une tour d’horloge qui crée un bel équilibre dans la composition. D’inspiration médiévale, cette tour rappelle les beffrois de certaines mairies européennes dotées d’un carillon servant à convoquer les citoyens sur la place publique. Avec les siècles, ces beffrois européens ont été conservés et sont souvent devenus des tours d’horloge. On doit l’installation de l’horloge de l’hôtel de ville, comme celle de plusieurs horloges mécanique de cette époque, à Cyrille Duquet (1841-1922), orfèvre, horloger, joaillier, musicien, homme politique et inventeur québécois.

4. Les jardins de l’hôtel de ville
Du côté opposé de l’hôtel de ville, dans les jardins, a été installée l’horloge monumentale réalisée en un seul exemplaire par Richard Mille et offerte par la République et Canton du Jura, en Suisse, à l’occasion du 400e anniversaire de Québec. Reconnue mondialement pour ses montres à la fine pointe de la technologie, l’entreprise a créé une œuvre digne des meilleurs standards de l’horlogerie. Originellement destinée à être présentée à l’intérieur de la bibliothèque Gabrielle-Roy, cette horloge a finalement été installée, en 2015, dans une cage de verre à son emplacement actuel. Elle a depuis fait couler beaucoup d’encre à propos des coûts associés à ce choix et de sa précision qui a connu quelques ratés. Néanmoins, cette horloge est impressionnante à plusieurs égards. Ses pièces sont taillées dans des matériaux nobles comme le titane, le rubis, le saphir et l’aluminium. L’horloge comprend également un calendrier perpétuel.

L’horloge du Jura dans les jardins de l’Hôtel-de-Ville. Photo Martin Dubois

5. Le bureau de poste
Le dôme du bureau de poste, aussi connu sous le nom «édifice Louis-S.-St-Laurent», comprend une horloge sur chacune de ses 4 faces. Bien que le bureau de poste original ait été construit entre 1871 et 1873, le dôme en question n’a été ajouté qu’en 1913 lors d’un imposant agrandissement destiné à donner une nouvelle façade à l’édifice du côté du fleuve. Bien visible de la terrasse Dufferin, le dôme aux 4 horloges participe à l’élégante silhouette de la ville de Québec.

Le dôme de l'ancien bureau de poste. Photo Martin Dubois

Le dôme de l’ancien bureau de poste. Photo Martin Dubois

6. Le Château Frontenac
Une horloge prend place dans la cour intérieure du Château Frontenac. Pour l’apercevoir, il suffit d’emprunter les rues des Carrières ou du Trésor qui traversent le château sous d’imposantes arches. L’horloge, qui comprend 2 faces, est située à la base d’une lanterne surmontant une aile dominée par la tour centrale de l’hôtel. Cette aile date probablement du début du 20e siècle alors que le Château Frontenac fait l’objet de nombreux agrandissements. Pour les mordus, une belle horloge est également présente dans le lobby de l’hôtel, face aux portes tournantes.

Horloge dans la cour intérieure du Château Frontenac. Photo Martin Dubois

7. L’ancien palais de justice
L’ancien palais de justice, situé au 12, rue Saint-Louis, est l’œuvre de l’architecte Eugène-Étienne Taché, qui avait conçu l’hôtel du Parlement quelques années auparavant. Logeant aujourd’hui le ministère des Finances du Québec, l’édifice Gérard-D.-Lévesque a été érigé entre 1883 et 1887 dans le style Second Empire. Une magnifique horloge orne la tour d’entrée principale implantée à l’angle des rues Saint-Louis et du Trésor. Outre son horloge, remarquez les nombreux ornements en pierre sculptée de ce magnifique édifice.

La tour d’horloge de l’ancien palais de justice. Photo Martin Dubois

8. L’hôtel du Parlement
L’hôtel du Parlement, œuvre de l’architecte Eugène-Étienne Taché, est construit entre 1877 et 1886. L’horloge de sa tour centrale est l’une des plus fascinantes et impressionnantes horloges mécaniques au Canada. Elle serait actionnée par le même mécanisme, à échelle réduite, que le Big Ben de Londres. L’horloge a été fabriquée en 1880 par la firme américaine Seth Thomas Clock, et installée en 1888 par Cyrille Duquet. Elle aurait coûté 2000 $ à l’époque. Cette horloge, qui comporte 3 faces, ne nécessite qu’un minimum d’entretien pour sonner les heures et faire entendre son tic-tac caractéristique. En plus d’une autre horloge extérieure, située au centre de la façade sur l’aile de la Grande Allée, l’hôtel du Parlement compte à l’intérieur pas moins de 23 horloges mécaniques centenaires qui doivent être remontées toutes les semaines.

La tour centrale de l'hôtel du Parlement. Photo Martin Dubois

La tour centrale de l’hôtel du Parlement. Photo Martin Dubois

9. L’église St. Matthew
Installée en 1910, l’horloge surmontant l’entrée de l’église St. Matthew, dans le faubourg Saint-Jean, est l’une des plus belles de Québec de par son originialité. Œuvre de l’horloger londonien James William Benson, cette magnifique horloge en fer forgé a été mise en service par Cyrille Duquet. Logeant aujourd’hui la bibliothèque Claire-Martin, cette ancienne église de tradition anglicane a été construite par étapes de 1870 à  1900 et est entourée d’un ancien cimetière. Sa conversion harmonieuse a permis de préserver les caractéristiques architecturales d’influence néogothique.

L'horloge en fer forgé de l'ancienne église St. Matthew. Photo Martin Dubois

L’horloge en fer forgé de l’ancienne église St. Matthew. Photo Martin Dubois

10. L’édifice de La Fabrique
L’ancienne manufacture Dominion Corset, située à l’angle du boulevard Charest Est et de la rue Dorchester dans le quartier Saint-Roch, a été fondée en 1886. L’édifice actuel a toutefois été construit en 1911, à la suite d’un incendie, selon les plans de l’architecte Georges-Émile Tanguay. Une jolie horloge marque le coin de l’immeuble arborant un riche décor en brique de 2 couleurs. Cette manufacture de lingerie féminine, qui employait surtout des femmes, a fermé ses portes en 1988. En 1993, l’édifice est converti pour recevoir des bureaux de la Ville de Québec ainsi que l’École des arts visuels de l’Université Laval, qui ont participé à la revitalisation de Saint-Roch en ramenant des travailleurs et des étudiants dans le quartier. L’horloge de l’édifice de La Fabrique rappelle que l’horaire était important dans une manufacture avec les employés qui punchaient leur carte à l’horodateur et la sirène qui mettait fin à la longue journée de labeur.

Horloge de l'édifice de La Fabrique. Photo Martin Dubois

Horloge de l’édifice de La Fabrique. Photo Martin Dubois

11. La gare du Palais
Que serait une gare sans horloge? Celle-ci était autrefois essentielle pour s’assurer de prendre son train à l’heure. La gare du Palais, érigée en 1915 dans un style Château selon les plans de l’architecte américain Edward Prindle, comporte une énorme horloge au centre de sa façade. Ce n’est toutefois pas la seule. Les espaces publics intérieurs comprennent effectivement 3 autres horloges dignes de mention. La 1re se situe dans le hall principal où se trouvait l’ancienne billetterie. Elle est entourée des armoiries du Canada. Les 2 autres horloges, situées à chaque extrémité de la salle des pas perdus, sont identiques et plus sobres. Elles sont intégrées aux murs en brique de la gare.

La gare du Palais. Photo Martin Dubois

12. L’édifice de l’administration portuaire
Ce magnifique bâtiment de la Pointe-à-Carcy dans le Vieux-Port est construit en 1912 et 1913 selon les plans de l’architecte Thomas Reid Peacock. De style Beaux-Arts, il présente une tour d’horloge au centre de sa façade. Selon la Société historique de Québec, l’horloge est installée par Seifert & Sons pour la somme de 1500 $. Elle possède un mécanisme très perfectionné pour l’époque, qui actionne 3 cadrans de 5 pieds de diamètre munis de lampes électriques pour la nuit. Cette horloge est reliée à une autre horloge intérieure, en bois celle-là.

L'horloge de l'édifice de l'administration portuaire. Photo Martin Dubois

L’horloge de l’édifice de l’administration portuaire. Photo Martin Dubois

Autres horloges
Pour les vrais mordus qui souhaitent prolonger leur promenade, sachez que les édifices suivants sont aussi munis d’une horloge : l’église de Saint-Sauveur (rue des Oblats); l’ancienne caserne de pompiers de Beauport, intégrée au bureau d’arrondissement (avenue Royale); le 70, rue Dalhousie (Vieux-Port); le 121, rue Plante (Vanier), l’édifice Andrée-P.-Boucher (ancien hôtel de ville de Sainte-Foy, route de l’Église); la gare VIA Rail de Sainte-Foy. À vous d’en découvrir d’autres et de m’en faire part.

1 Pour faire la tournée des fontaines du Vieux-Québec et celle des passerelles enjambant la rivière Saint-Charles

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