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Photo de Simone Lemieux

Temps des Fêtes: le plaisir avant le poids

Le temps des Fêtes arrive! Cela en fait saliver certains alors que d’autres angoissent à l’idée de prendre un peu de poids. Engraisse-t-on inévitablement pendant le temps des Fêtes? Chose certaine, ce n’est pas d’hier qu’on fait des abus de table pendant cette période de réjouissances et on en faisait déjà bien avant l’explosion des cas d’obésité!

abus_table

Souvenirs d’enfance
Je garde d’excellents souvenirs des Noëls de mon enfance. Les repas chez ma grand-mère étaient des plus mémorables. D’abord, il y avait toute sorte d’amuse-gueule: saucisses dans le sirop d’érable, œufs farcis, petits fours, trempettes… Puis on passait à table et grand-maman nous servait une belle soupe dans la vaisselle des grandes occasions. Ensuite, c’était le clou de la soirée, le légendaire rosbif de ma grand-mère avec des belles purées de légumes et des petits pois. J’avoue que la faim n’était déjà plus au rendez-vous après la soupe et que je poussais un peu sur le rosbif! Venait ensuite l’assiette de fromages. Là, très souvent, je passais mon tour pour me garder de la place pour les succulents desserts à venir. Bizarrement, quand ces derniers atterrissaient sur la table, je trouvais un peu d’espace dans mon estomac et mangeais avec gourmandise. Facile de retrouver l’appétit à la vue de la bûche de Noël, du gâteau à l’érable, de la tarte au rhum et au chocolat et de tous les autres petits à-côtés comme les carrés aux dattes, le gâteau aux fruits et le sucre à la crème! Pour finir, on nous offrait un petit chocolat Laura Secord pour soi-disant «se dégraisser». Puis arrivait le moment fatidique où l’euphorie prandiale redescendait et que je me disais: «Ça y est, je n’aurai plus jamais faim…».

Venait ensuite le «traitement choc», inventé par un de mes frères, ayant pour but d’enlever un peu de lourdeur dans nos estomacs. Ma grand-mère habitait au 10e étage d’un immeuble à logements qui en comptait 15. Nous allions donc prendre non pas une, mais des marches! Départ du 10e étage direction le 15e, puis descente au rez-de-chaussée, une bouffée d’air frais dans le hall d’entrée, puis on remonte vers le 15e, on redescend, on reprend un peu d’air frais et on remonte chez grand-maman…. On suait ainsi nos surplus dans les marches. C’était une question de bien-être, pas une question de calories!

Mon récit n’a pas comme objectif de vous pousser à créer votre propre défi des escaliers pour contrer les excès de nourriture. J’y vois plutôt un lien avec les études qui s’intéressent au changement de poids pendant le temps des Fêtes. Celles-ci nous démontrent que plusieurs personnes ne prennent pas de poids pendant cette période de réjouissances malgré les grandes quantités de nourriture consommées. Cela m’amène donc à croire que ces personnes ont peut-être développé, consciemment ou non, une «stratégie escaliers» qui  les aide à prévenir le gain de poids.

Que disent les études?
Tout d’abord, la plupart des études sur le sujet nous proviennent des États-Unis où la période des Fêtes est plus longue que chez nous, car elle s’étend de l’Action de grâce jusqu’au Nouvel An. On constate que le gain de poids moyen pendant cette période se situe entre 0,5 et 1 kg, le nombre variant selon les études1. Il semble également que nous ne présentons pas tous la même vulnérabilité face au gain de poids pendant la période des Fêtes puisque les personnes souffrant d’obésité ont davantage tendance à engraisser que les personnes de poids normal. On remarque également que plus on fait de l’activité physique pendant les Fêtes, comme monter et descendre des marches…, moins on gagne de poids. 

Une étude publiée il y a quelques années a particulièrement retenu mon attention2. On y a comparé des personnes de poids normal, sans histoire d’obésité, à des personnes ayant perdu une quantité appréciable de kilogrammes et maintenu leur nouveau poids. Pour les besoins de la cause, je les nommerai les ex-obèses. En novembre, les participants avaient été interrogés quant à leur stratégie pour «contrer» le gain de poids pendant les Fêtes et on les avait également pesés. On a alors constaté que les ex-obèses avaient davantage tendance que les personnes de poids normal à se fixer comme objectif de maintenir de façon très stricte leurs habitudes alimentaires (27% contre 0%) et leurs habitudes d’activité physique (59% contre 14%). Les participants ont ensuite été pesés à nouveau après le jour de l’An, et les résultats obtenus peuvent surprendre! En effet, 39% des ex-obèses gagnaient au moins un kilogramme pendant les Fêtes comparativement à 17% chez les personnes de poids normal. Quelle injustice, me direz-vous!  Pourquoi ceux qui planifient le plus de faire attention sont ceux qui prennent le plus de poids? Est-ce que l’objectif de maintenir un mode de vie très strict pendant le temps des Fêtes est irréaliste, et que la difficulté d’atteindre cet objectif décourage les gens et les amène dans la zone du «tant qu’à avoir gâché mon régime, aussi bien le gâcher pour la peine…»?   

Finalement, on trouve de plus en plus sur Internet et dans différentes revues des trucs et astuces de toute sorte pour ne pas prendre de poids pendant le temps des Fêtes. Honnêtement, je dois avouer que je suis un peu perplexe au sujet de cette tendance. Spontanément, j’aurais le goût de vous dire que si vous trouvez ces trucs sensés ou amusants et que vous avez envie de les essayer, allez-y!  Par contre, si vous avez l’impression que de mettre en application ces conseils minceur vous privera du plaisir des Fêtes, c’est probablement signe que l’initiative sera vouée à l’échec. Si ça peut vous consoler, rappelez-vous que nos habitudes de vie entre Noël et le jour de l’An ont beaucoup moins d’impact sur notre santé que  les habitudes adoptées entre le jour de l’An et Noël!

On se retrouve en 2014!

1 Roberts SB, Mayer J. Holiday weight gain : fact or fiction ? Nutr Rev 2000 ;58 : 378-379. et Yanovski JA, Yanovski SZ, Sovik KN et al. A prospective study of holiday weight gain. N Engl J Med 2000 ; 342 :861-867.

2 Phelan S, Wing RR, Raynor HA  et al. Holiday weight management by successful weight losers and normal weight individuals. J Consult Clin Psychol 2008 ; 76 :442-448.

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  1. Publié le 19 décembre 2013 | Par Simone Lemieux

    En réponse au commentaire de @Louise.
    Ce serait un peu simpliste de vous dire tout bonnement d’arrêter de culpabiliser... Par contre, quand je regarde l’état des connaissances sur les causes de l’obésité, je pense qu’il y a plusieurs éléments qui pourraient vous amener à revisiter votre sentiment de culpabilité. Tout d’abord, les causes du surplus de poids et de l’obésité sont complexes et on ne peut assurément pas identifier un seul «coupable». À ce sujet, nous savons que dans un même milieu familial avec les mêmes parents, le même environnement alimentaire, les mêmes valeurs, etc., les enfants ne présentent pas nécessairement le même statut pondéral. En effet, il arrive que dans une même famille on retrouve des enfants obèses qui ont des frères et sœurs qui ne sont pas obèses. Dans ce contexte, il me semble difficile de blâmer les parents pour le surplus de poids de leurs enfants. Par contre, je comprends que dans une société où l’on valorise tellement la minceur, on puisse avoir un certain sentiment d'échec quand nos enfants ont un surplus de poids, même si on sait très bien qu’on ne peut pas juger des habiletés parentales en regardant simplement le tour de taille des enfants.
  2. Publié le 18 décembre 2013 | Par Louise

    Chère amie,
    Vous lire a été un plaisir, c'est-à-dire qu'après un souper désagréable en famille sur les repas à planifier des fêtes, lire vos souvenirs m'a rafraîchi les idées et m'a mis un baume sur mon coeur de mère en me rappelant des souvenirs presque identiques... Je ne sais l'âge que vous avez mais je pourrais mettre mon nom au bas de votre mot et cela passerait inaperçu dans mon livre à moi! J'ai pourtant plus de 50 ans... Je suis infirmière et mère de trois filles dont 2 ont un surplus de poids, ce qui n'est pas évident pour moi... Le temps des fêtes est maintenant leur problème puisqu'elle sont des femmes maintenant... mais cela me fait encore de la peine et me cherche une certaine culpabilité. J'ai pourtant toujours eu une très bonne alimentation. Joyeuses fêtes!
  3. Publié le 18 décembre 2013 | Par Johanne Poulin

    Bonjour,

    Comme ça fait du bien de vous lire! Vos conseils sont intelligents, pleins de bon sens et, surtout, laissent place au plaisir. Quel martyre de lire et d'entendre les conseils pour ne pas prendre du poids pendant les Fêtes; on dirait que c'est un péché... Il n' y pas juste les religions qui sont tyranniques, les modes (dont celle de la minceur) le sont aussi.
  4. Publié le 18 décembre 2013 | Par Johanne Poulin

    Bonjour,

    Comme ça fait du bien de vous lire! Vos conseils sont intelligents, pleins de bon sens et, surtout, laissent place au plaisir. Quel martyre de lire et d'entendre les conseils pour ne pas prendre du poids pendant les Fêtes; on dirait que c'est un péché... Il n' y pas juste les religions qui sont tyrannique, les modes (dont celle de la minceur) le sont aussi.

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