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Vivre en paix avec les aliments

Vous le savez peut-être, mars est le mois de la nutrition. Je dois dire que ça m’a donné un coup quand j’ai appris que le slogan choisi pour l’événement cette année était «Mettez fin au combat avec les aliments». Sachant que le thème du mois de la nutrition est sélectionné par l’association professionnelle Les diététistes du Canada en fonction du contexte actuel et des suggestions des membres, ça laisse à penser que plusieurs Canadiens vivent un combat quotidien avec les aliments. Si c’est ça, c’est vraiment triste.

combatLes combattants difficiles à identifier
Si on me demandait d’estimer la proportion de Canadiens qui ont l’impression d’une manière ou d’une autre de «se battre» avec les aliments, j’avoue que j’aurais de la difficulté à répondre. C’est vrai que des études nous ont permis d’apprendre qu’environ 2% des hommes et 5% des femmes risquent de souffrir d’un trouble alimentaire à un moment de leur vie1. Sans l’ombre d’un doute, ceux-ci mènent un bien douloureux combat envers les aliments. Il est cependant plus difficile d’identifier des gens qui, sans rencontrer les critères diagnostiques d’un trouble alimentaire, peuvent tout de même vivre avec des préoccupations pouvant être qualifiées d’excessives envers les aliments et qui peuvent nuire à leur bien-être. Nous n’avons malheureusement pas de données précises à ce sujet, puisqu’il n’existe pas de définition reconnue de la préoccupation excessive envers les aliments.

Des combats à intensité variable
Quand on examine de plus près la documentation en lien avec le mois de la nutrition et les activités proposées, on se rend compte que les batailles prennent différentes formes et n’ont fort probablement pas toutes les mêmes conséquences. La campagne du mois de la nutrition est organisée autour de 5 exemples de «combat» qui touchent différentes sphères de l’alimentation:

  • les difficultés à distinguer les renseignements sur la nutrition qui sont fiables;
  • les problèmes digestifs vécus par plusieurs;
  • le chaos des repas en famille;
  • l’utilisation des aliments pour gérer le stress et les émotions;
  • les difficultés associées à la prise en charge d’une maladie nécessitant des modifications de l’alimentation.

Dans tous les exemples mentionnés, on souligne l’importance de cibler le problème, de se renseigner et de demander de l’aide.

Luttes, guerre et combats
Je me suis aussi demandé s’il pouvait y avoir un lien entre le choix du thème pour le mois de la nutrition de cette année et le vocabulaire utilisé dans les médias pour parler des problèmes de poids et des enjeux entourant la qualité de notre alimentation. Vous l’avez peut-être déjà constaté, celui-ci inclut de nombreux termes qui appellent à la bataille. On parle de lutte ou même de guerre à l’obésité, on nous incite à mener un combat contre la malbouffe, l’Organisation mondiale de la santé déclare la guerre au sucre, etc. Quand on parle des aliments comme d’une menace à contrôler, on peut comprendre que plusieurs Canadiens aient l’impression de devoir prendre les armes afin de livrer un combat aux aliments qui font partie de leur quotidien. Ces valeureux guerriers se sentent donc possiblement interpelés par le thème du mois de la nutrition.

Toutes ces choses étant dites, je dois tout de même avouer qu’il me reste un petit inconfort par rapport au slogan choisi pour cette cuvée 2017 du mois de la nutrition. En fait, j’ai un peu peur qu’il amène les gens à croire qu’il est normal de livrer un combat contre les aliments. J’espère sincèrement que je me trompe.

Alors pour ceux et celles qui ne se sentent pas touchés par le thème du mois de la nutrition de cette année, je vous souhaite tout simplement de ne pas trop vous poser de questions et de continuer à vivre en paix avec les aliments!

1 Duncan AE, Ziobrowski HN, Nicol G. «The prevalence of past 12-month and lifetime DSM-IV eating disorders by BMI category in US men and women». Eur Eat Disord Rev, 2017, article sous presse.

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  1. Publié le 27 mars 2017 | Par Simone Lemieux

    @Johanne Paquet Sioui. Le questionnaire que nous utilisons pour déterminer dans quelle mesure l'alimentation sert à répondre aux émotions est le Dutch Eating Behaviour Questionnaire (DEBQ). Nous utilisons ce questionnaire dans nos recherches et avons des ententes d'utilisation avec les auteurs de ce questionnaire. Je ne peux donc pas vous transmettre la version que nous utilisons. Par contre, j'ai trouvé une thèse de doctorat disponible sur le Web, dans laquelle se trouve en annexe le DEBQ en version française. Vous pouvez la lire ici: http://bit.ly/2nr3KMa.
    À la page 157 du document, vous trouverez ce questionnaire. Les questions 1, 3, 5, 8, 10, 13, 16, 20, 23, 25, 28, 30 et 32 sont celles qui évaluent l'utilisation des aliments pour gérer les émotions. Les autres questions couvrent d'autres dimensions du comportement alimentaire.
    En espérant que cela vous soit utile.
  2. Publié le 25 mars 2017 | Par johanne paquet sioui

    Madame Lemieux,
    Avez-vous une grille d'évaluation qui pourrait me faire davantage réfléchir sur le thème: l’utilisation des aliments pour gérer le stress et les émotions?
    Merci!

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