Le magazine Contact

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Automne 2010

Grands diplômés, cuvée 2010

L'ADUL honore huit de ses membres en leur remettant la médaille Gloire de l'Escolle.

Lorsqu’à l’âge de trois ans, le jeune Marcel Aubut (Droit 1970) lançait ses sermons juché sur la table de la cuisine, il s’imaginait plus tard cardinal. « Pas prêtre », précise en riant celui qui a finalement embrassé la carrière d’avocat. Lui qui a fondé son propre cabinet en 1983, avant de fusionner en 1998 avec le cabinet national Heenan Blaikie qu’il dirige, passe aisément d’un dossier à l’autre, d’un métier à l’autre et d’un fuseau horaire à l’autre. Premier francophone à diriger le comité olympique canadien, il a vécu des émotions intenses aux Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver, et rêve que Québec tienne un tel événement.

Premier avocat de la Ligue nationale de hockey, il a grandement contribué au développement du droit sportif d’ici. Ce qui ne l’empêche pas, en plus de ses responsabilités administratives, de diriger des équipes d’avocats qui se consacrent à des causes impliquant Loto-Québec ou l’Autorité des marchés financiers. La polyvalence du métier d’avocat stimule toujours autant Marcel Aubut qui se voit bien mourir en travaillant… le plus tard possible, bien sûr!

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Les projets de François A. Auger (Médecine 1976 et 1977) et de son équipe ressemblent parfois à de la science-fiction. Le chercheur projette en effet de pouvoir bientôt greffer une nouvelle cornée à des patients sur qui on aura prélevé des cellules souches ensuite mises en culture. La reconstruction d’un sein naturel pour les femmes victimes d’un cancer serait quant à elle envisageable dans un horizon de 20 à 30 ans. Pour ce fils de chirurgien, qu’on qualifie de maître de la médecine régénérative, ces perspectives n’ont rien d’irréaliste.

Dès le début de ses recherches en génie cellulaire il y a 25 ans, François A. Auger a misé sur le partage d’équipement et la collaboration entre chercheurs plutôt que sur la compétition. Et les résultats parlent d’eux-mêmes. En 1986, son laboratoire (le LŒX) a réalisé une première au Canada: une transplantation d’épiderme cultivé ici pour favoriser la guérison des plaies des grands brûlés. En 1998, autre réussite : la production in vitro d’un vaisseau sanguin à partir des cellules d’un patient.

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Selon la rumeur, le petit Thomas De Koninck (Philosophie 1954, 1956 et 1971) a inspiré le personnage du Petit Prince alors que St-Exupéry était en visite à Québec. Allait-il déjà d’instinct, comme au cours de toute sa vie d’adulte, vers les grands questionnements sur la vie, le bonheur, le temps, la liberté? Sans doute. Et ce sont les mêmes questions que ce spécialiste de l’éthique et de la philosophie de l’éducation aide ses étudiants à se poser. «Plus le temps passe, plus j’aime enseigner, reconnaît le professeur. Je trouve que les jeunes d’aujourd’hui sont plus authentiques.»

Bien décidé à les éveiller à la réalité qui les entoure, Thomas De Koninck se voit comme un allumeur d’étincelles plutôt que comme un remplisseur de cruches vides. Il y a quelques années, il a publié aux Presses universitaires de France La nouvelle ignorance et le problème de la culture, traduit dans plusieurs langues, dont le turc et l’arabe. La preuve, selon le philosophe, que des gens d’horizons culturels différents ont des interrogations communes.

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Les fraises croquantes que vous dégustez en octobre, c’est lui. Les tomates Savoura lorsque la neige recouvre les champs, c’est encore lui. Bien décidé à donner un coup de pouce à la nature hors saison, André Gosselin (Bio-agronomie 1979; Biologie végétale 1983) conjugue recherche et entrepreneuriat depuis son doctorat en 1983. Professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, il a fondé et dirigé le Centre de recherche en horticulture, et a été directeur du Département de phytologie et doyen de la Faculté. En parallèle, il a aussi fondé les Fraises de l’île d’Orléans en 1979 et, en 1987, les serres du Saint-Laurent qui commercialisent la fameuse tomate de serre Savoura.

«Je travaille surtout à l’Université, souligne-t-il, notamment en encadrant les étudiants à la maîtrise et au doctorat. C’est ainsi que nous avons effectué de nouvelles sélections génétiques pour adapter à notre climat des fraises cultivées en Europe et aux États-Unis.» Ces nouvelles variétés se contentent de la courte période d’ensoleillement quotidien qui caractérise notre fin d’été.

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Robert Grenier (Archéologie 1964) a fait sa carrière avec Parcs Canada et il a littéralement mis au monde l’archéologie subaquatique au Canada. À son actif, des découvertes comme celle de la plus vieille épave patrimoniale du Canada. «Le San-Juan n’est pas seulement un navire, raconte cet officier de l’Ordre du Canada. Il explique tout un chapitre de l’histoire du Canada.» Robert Grenier a découvert, à Red Bay au Labrador, en 1978, ce galion basque-espagnol vieux de 400 ans –vestige du très lucratif commerce d’huile de baleine mené par les Basques au XVIe siècle.

Une des plus grandes fiertés du septuagénaire, c’est d’avoir produit cinq volumes de documentation sur ce bien culturel subaquatique, rapport reconnu comme référence internationale. «Contrairement aux chasseurs d’épaves surtout motivés par l’argent, les archéologues s’intéressent à la construction du navire et à son utilisation. C’est une façon de redonner au grand public un pan oublié du passé.» Depuis qu’il a pris sa retraite, M. Grenier plonge surtout pour son plaisir et conseille l’Unesco.

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Lorsqu’on demande à Jean Marchand (Administration des affaires 1961) s’il va bientôt se reposer de ses longues années de labeur, il rétorque avec un sourire: «J’ai seulement 73 ans.» Le travail a forgé la personnalité de ce bâtisseur. Quelques années après ses études, il cofonde l’Unique, Compagnie d’assurance-vie, ainsi que le groupe financier Unigesco. Il vend ses entreprises 20 ans plus tard et devient responsable du service à la clientèle et du développement d’affaires au cabinet de comptables Touche.

Retraité de ce cabinet depuis 1999, il n’a jamais oublié la bourse qui lui a permis de fréquenter l’Université Laval. Voilà pourquoi il a cofondé la Fondation Universitas qui, depuis 1964, a versé 350 millions $ en bourses d’études et en épargne à des étudiants du Québec et du Nouveau-Brunswick. «Ma plus grande satisfaction, c’est les lettres de parents qui me racontent comment l’argent économisé au fil des ans a permis à leurs enfants d’étudier», remarque ce père de cinq enfants.

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Jean Raby
(Droit 1986) le reconnaît volontiers: travailler comme Québécois en France confère des avantages dans le milieu des affaires. «J’ai un style direct qui me distingue de la concurrence franco-française, analyse le directeur du bureau parisien de la banque d’affaires Goldman Sachs. En plus, beaucoup de Français ont un préjugé favorable aux Québécois.» Aussi diplômé de Cambridge et de Harvard, Jean Raby a d’abord travaillé comme avocat d’affaires à New York.

Au milieu des années 1990, il ressent le besoin de réorienter sa carrière en prenant une direction plus entrepreneuriale. Une vingtaine d’entretiens plus tard, le voilà admis dans le Saint des Saints, la banque d’affaires la plus prestigieuse de Wall Street, qui le nomme Partner en 2004. À Paris, Jean Raby dirige les activités de conseil de Goldman Sachs auprès des grandes entreprises françaises dans le domaine des fusions et acquisitions, du financement sur les marchés des capitaux internationaux, etc. Il a les mêmes responsabilités pour les marchés belge et luxembourgeois. Un travail exigeant, mais qu’il considère comme un privilège.

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1989. Le monde tremble sur ses bases, le Mur de Berlin vient de tomber. Un événement incroyable pour Alexandra Szacka (Anthropologie 1977 et 1981), elle qui a quitté, à l’âge de 16 ans avec ses parents, ce régime de plomb pour émigrer au Canada. «À la chute du Mur, je me suis dit “il faut que je retourne là-bas”», raconte-t-elle.

La journaliste, récipiendaire de plusieurs prix prestigieux, décide alors de se concentrer sur l’Europe de l’Est. Après avoir passé des années à écumer l’Amérique du Sud et l’Asie, obtenant notamment des scoops lors du printemps de Pékin et de l’invasion indonésienne au Timor oriental, la voilà maintenant chef de bureau de Radio-Canada/CBC à Moscou. De là, elle rayonne afin de raconter ce coin du monde, en anglais et en français, aux téléspectateurs canadiens. Le rôle de témoin en Europe de l’Est va comme un gant à cette amoureuse des voyages, qui parle le polonais et le russe. Des atouts majeurs pour rendre compte de la réalité complexe de cette société en pleine effervescence.
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