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Automne 2018

La proche aidance selon trois diplômés

La proche aidance en France, au Mexique et au Burkina Faso

Ces témoignages s’inscrivent dans la suite de l’article Quel avenir pour les proches aidants?

France: la journée des aidants célébrée
Canadienne originaire du Gabon, Ursule Abeme Mengue (Droit 2009) habite la France depuis 2017, où elle est nouvellement inspectrice des Finances publiques. Elle compte aussi parmi les 8,3 millions de personnes aidantes (environ une sur huit) du pays. «Je réside dans la même maison que la personne dont je m’occupe, ma mère. Je l’aide dans tous les gestes du quotidien: repas, médicaments, hygiène personnelle, ménage, lavage… Je l’accompagne dans diverses activités sociales et je prends en charge toutes les démarches administratives et les opérations bancaires.»

Pour conjuguer son activité professionnelle et son rôle d’aidante, il arrive de temps en temps à Mme Abeme Mengue de faire une demande d’autorisation d’absence du travail, notamment lorsque sa mère doit se présenter à un rendez-vous médical. Elle estime que les choses se passent bien pour sa gestion du temps, et ce, même si elle ne reçoit aucune aide de l’État.

Selon la diplômée, les aidants occupent une place très importante dans la société française. «Ils sont très respectés et valorisés par différentes actions», estime-t-elle. Par exemple, le 6 octobre, déclaré Journée nationale des aidants, est célébré dans toute la France. De plus, il existe des mesures mises en place par le gouvernement pour accompagner les aidants. Parmi elles, des programmes de prévention de la santé, des allocations sous forme de prestations et le soutien par la formation.

Mexique: du soutien, mais pas financier
Habitant la zone métropolitaine de Monterrey, dans le nord du Mexique, Carlos Aparicio (Aménagement du territoire et développement régional 2001; Architecture 2004) est professeur à la Faculté d’architecture de l’Université autonome du Nuevo León et membre du Système national de chercheurs du Mexique.

«Au Mexique, ce sont les enfants, les frères et sœurs ou d’autres proches de la famille qui décident de prendre en charge un membre âgé, en fin de vie ou handicapé, et ces gestes s’accomplissent de façon bénévole», explique le diplômé. Il ajoute que, depuis le début du 21siècle, le pays a intégré la réalité des aidants au domaine de la santé publique en concevant des politiques les concernant. Le Secrétariat de la santé et des organismes, comme l’Institut mexicain de la sécurité sociale, participent à ce mouvement.

Les proches aidants ont donc accès à des formations sous forme d’ateliers, à des cours professionnels ainsi qu’à des groupes d’entraide. «Les ateliers permettent la transmission de techniques, précise M. Aparicio. Les cours, à distance ou en présentiel, sont liés à la gérontologie, au travail social et à la nutrition. Dans les groupes, les aidants et les aidés partagent leurs expériences et formulent leurs attentes. De plus, l’activité physique y joue un rôle fondamental.»

Ces programmes sont offerts à la population en général, indique le professeur. Mais, malgré les efforts de l’État, un obstacle demeure, selon lui, du fait que ce type de solidarité n’est pas rémunéré : «Comme les aidants doivent vaquer à d’autres activités dans leur quotidien, les personnes aidées ont parfois l’impression d’être oubliées. Sans compter que la question budgétaire est toujours une menace pour les programmes publics.»

Burkina Faso: familles et tissu social au premier plan
Médecin béninois résidant au Burkina Faso, Joseph Catrayé (Médecine 1990) est directeur du Bureau d’appui en santé publique’96 (BASP’96). Il compte plus de 30 ans d’expérience dans la coordination de projets en santé publique en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

Dans son pays, les personnes âgées, en situation de handicap ou en perte d’autonomie, sont gardées dans les familles. «Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, il n’existe pas de maison de retraite, par exemple. Les enfants ont l’obligation de s’occuper de leurs parents âgés et le font avec plaisir. En ville comme au village, le parent âgé rejoint le domicile d’un de ses enfants», explique le diplômé.

Lui-même vit avec des parents âgés et y trouve des avantages. «Il est agréable de voir que les petits-enfants côtoient leurs grands-parents au quotidien, apprennent d’eux des contes, l’histoire familiale. La présence des grands-parents permet de perpétuer les traditions», estime Joseph Catrayé. Le tissu social, encore très compact, favorise cette façon de faire, poursuit-il. Par exemple, il arrive que des proches ou des collègues organisent une collecte pour soutenir une personne malade.

Cela dit, le médecin constate qu’avec la modernisation de la société africaine, les soins aux personnes âgées ou handicapées au sein des familles deviennent difficiles. «Il arrive aux enfants, aux prises avec leurs propres occupations, de devoir mobiliser une personne extérieure (nounou, cousine du village…) pour s’occuper de la personne âgée. Plus rarement, cela peut se faire en ayant recours à des associations.» Quant à des politiques nationales qui concerneraient l’aide à domicile pour les personnes malades ou handicapées, il n’en existe pas, à sa connaissance.

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