Le magazine Contact

La zone d'échanges entre l'Université Laval,
ses diplômés, ses donateurs et vous

Le magazine Contact

Automne 2012

La vaccination selon quatre diplômés

Des diplômés témoignent de la situation qui prévaut en Colombie, au Burkina Faso, en Suisse et en France.

Jaine_150

Ces témoignages s’inscrivent dans la suite de l’article Souffrons-nous de «vaccinite»? 

En Colombie, la vaccination donne de bons résultats
Grâce à des campagnes périodiques de promotion par le ministère de la Protection sociale, la couverture de vaccination a doublé en Colombie au cours des 20 dernières années. C’est ce qu’indique Jairo Jaime (Microbiologie-immunologie 2002), professeur associé et chercheur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université nationale de Colombie, un poste qu’il occupe après avoir passé plusieurs années au Québec. 

Pour lui, les résultats de ces campagnes sont probants, notamment chez les enfants: il y a eu une diminution considérable de certaines maladies comme la polio, la fièvre jaune et la rage, ainsi qu’une  réduction des taux de morbidité et de mortalité. Sans parler de la baisse des dépenses sociales générées par le traitement de ces maladies. «Les retombées positives de la vaccination sont majeures en regard des dépenses impliquées», dit-il.

Malgré ces résultats, déplore le diplômé, une partie de la population de Colombie croit que les vaccins produisent des effets secondaires nocifs. Résultat: une baisse du taux de couverture dans certaines régions du pays. «Ces régions, généralement rurales, restent donc encore très vulnérables à certaines maladies», précise-t-il. Jairo Jaime ajoute par ailleurs que les autorisations de commercialisation des vaccins émanent d’un organisme indépendant des grands laboratoires internationaux, l’Institut national de la santé.

***
Nitiema_150Burkina Faso: une couverture presque totale

La couverture vaccinale a été de plus de 90% au sein de la population du Burkina Faso entre 2008 et 2011, révèle Pagomdzanga Abdoulaye Nitiema (Santé communautaire 2002), secrétaire permanent du Plan national de développement sanitaire de ce pays. Voilà qui témoigne du succès du Programme élargi de vaccination, instauré par le gouvernement dès1982, et de l’approbation populaire du choix gouvernemental en faveur de la vaccination de masse, il y a quelques années, selon M. Nitiema. Cette décision se voulait une action nationale pour faire face aux taux de morbidité et de mortalité élevés attribuables aux maladies endémiques et épidémiques.

Au Burkina Faso, les activités de vaccination sont subventionnées par l’État, et cette dépense vaut la peine d’être faite, croit Pagomdzanga Nitiema. Si la population a généralement une perception positive de la vaccination, ajoute-t-il, certains mythes sur les vaccins persistent tout de même. Comme celui que des problèmes de procréation en découleraient. Il n’y a pas de problème de cet ordre, fait-il valoir, mais il reste toujours important de surveiller les effets indésirables après injection: «En médecine, chaque humain est un terrain spécifique.»

***
Filliettaz_150Des vaccins évalués avec rigueur en Suisse

En Suisse, certaines responsabilités de santé publique sont du ressort de la Confédération, tandis que d’autres sont à la charge des cantons ou encore du domaine privé, expliqueSéverine Schusselé Filliettaz (Santé communautaire 2001), une infirmière qui pratique dans le système de santé helvétique. La mise en œuvre des stratégies de vaccination est donc parfois fractionnée et il peut en découler un manque d’efficacité, convient-elle. «Mais cela présente l’avantage d’une meilleure possibilité d’adaptation aux spécificités locales et cantonales.»

Par ailleurs, il existe un Plan de vaccination suisse élaboré par trois organismes fédéraux, et l’approbation de chaque vaccin résulte d’une évaluation exhaustive selon un cadre d’analyse rigoureux. «Malheureusement, remarque Séverine Schusselé Filliettaz, dans certains cas, comme pour la gestion de la grippe pandémique H1N1 en 2009, certains doutes peuvent planer sur un éventuel abus d’influence de l’industrie pharmaceutique en faveur de la vaccination.» Il n’en reste pas moins qu’à peine 2 à 5% des Suisses sont fondamentalement opposés à la vaccination. 

***
Lega_150France: un fort courant anti-vaccin 

Selon Jean-Christophe Lega (Épidémiologie 2010), qui pratique la médecine à Lyon, il existe un fort courant anti-vaccin en France. Ce courant, estime le diplômé, s’appuie sur des études de faible niveau de preuve et a conduit à une couverture vaccinale médiocre, avec des résurgences de maladies oubliées comme la rougeole et la coqueluche. «Même qu’un nombre significatif de soignants, en milieu hospitalier, refusent les vaccinations grippales annuelles», dit-il.

Le Dr Lega n’en croit pas moins que la vaccination reste un bénéfice majeur pour la santé publique. Les jeunes Français l’ignorent, raconte-t-il, mais les aînés se rappellent encore avec beaucoup d’émotion les cas de polio qui touchaient les enfants au début des années 1950: «L’angoisse et la honte des familles atteintes par cette maladie ont marqué la génération de nos parents.»

Haut de page
  1. Aucun commentaire pour le moment.

Note : Les commentaires doivent être apportés dans le respect d'autrui et rester en lien avec le sujet traité. Les administrateurs du site de Contact agissent comme modérateurs et la publication des commentaires reste à leur discrétion.

commentez ce billet

M’aviser par courriel des autres commentaires sur ce billet