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Printemps 2005

La vie après la torture

Marqués à vie par la torture, des réfugiés frappent à la porte de l'École de psychologie.

    Celui qui subit la torture vit un désastre existentiel, une catastrophe, une perte où plus rien de ce qui existait avant n’est pareil. Comment continuer à vivre tout en restant soi-même, dans l’après et dans l’ailleurs, quand on a été détruit dans son intégrité physique et morale?

C’est ce pont entre l’avant et l’après que tentent de rétablir les thérapeutes du Service d’aide psychologique spécialisée aux immigrants et réfugiés (SAPSIR) de l’École de psychologie auprès de réfugiés vivant à Québec et qui ont été victimes de torture dans leur pays. Depuis sa fondation en avril 2000 et jusqu’à décembre 2004, le SAPSIR a réalisé plus de 1100 entrevues cliniques auprès d’une centaine de personnes.

À titre d’exemple, 32 des 40 personnes traitées au cours de l’année 2004 avaient subi directement ou indirectement de la torture. Originaires d’Afghanistan, de Bosnie, du Brésil, du Congo, de Colombie, du Salvador, du Kosovo et de Madagascar, ces personnes ont été référées au SAPSIR par différents intervenants du réseau de la santé ou par des organismes communautaires de la région de Québec.

Expulser le tortionnaire


«Les gens du milieu de la santé vont inciter les victimes de torture à venir frapper à notre porte parce qu’ils ont reçu ces personnes en consultation et qu’ils se sentent démunis face aux profonds traumatismes qu’elles présentent», explique Jean-Bernard Pocreau, qui dirige l’Unité d’ethnopsychiatrie et de stress post-traumatique (UESPT) du Service de consultation de l’École de psychologie.

Pour tenter d’expulser le tortionnaire du corps et de l’esprit qui hante les jours et les nuits des victimes de torture, l’équipe de l’UESPT, composée de six thérapeutes triés sur le volet, fait cercle autour de la personne ou de la famille, évitant ainsi un face-à-face souvent perçu comme menaçant dans plusieurs communautés culturelles. Petit à petit, on tente d’instaurer un climat de confiance et de sécurité, en parlant «autour» du problème, comme le souligne l’ethnopsychiatre.

«Les conversations se déroulent dans la langue maternelle du patient, par le biais d’un interprète qui sert en quelque sorte de médiateur culturel. Notre approche s’appuie sur des facteurs culturels, afin de créer une sorte d’alliance avec les personnes et les aider à défaire les nœuds.»

Selon les personnes, une quinzaine de rencontre sont nécessaires dans ce processus de guérison menant à la reconquête de soi.
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