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Hiver 2008

Les défis urbains, selon trois diplômés établis hors Québec

Trois témoignages de diplômés sur l'aménagement urbain en Suisse, au Mexique et au Niger

CRISE DU LOGEMENT À GENÈVE

L’un des principaux défis urbains de Genève, seconde ville de Suisse avec son demi-
million d’habitants, est sans contredit l’accès au logement. Parce que Genève occupe un petit territoire très densément peuplé, il est à peu près impossible d’y ériger de nouvelles constructions domiciliaires. Résultat: il y a pénurie de logement, et le prix des locations comme des achats est en hausse constante. «Les jeunes ont difficilement accès à la propriété en raison des coûts astronomiques et de la rareté; ils doivent s’exiler vers la banlieue lointaine pour trouver à se loger», explique Valérie November (Géographie 1994), professeure à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, où elle dirige le Groupe d’étude de la spatialité des risques.

Mme November rappelle que Genève est l’hôte de très nombreuses organisations internationales, par exemple la Conférence internationale de la Croix rouge, l’Organisation mondiale du commerce et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Ainsi, la ville compte beaucoup de fonctionnaires et de diplomates, aussi touchés par cette crise. Nombre d’entre eux choisissent d’élire domicile loin de la ville. «Genève attire de nombreux travailleurs qu’elle ne peut tout simplement pas loger; elle vit les problèmes d’une ville plus grande que sa taille», soutient la professeure.

Cet exode des travailleurs se traduit par un engorgement monstre des autoroutes genevoises, matin et soir, alors que tous prennent d’assaut la chaussée et le rail. Avec la pollution que cet excès de circulation occasionne. Les autorités genevoises discutent de la possible installation d’un péage urbain aux portes de Genève suivant le modèle suédois ou londonien. Car tant que les coûts des transports individuels seront au-dessous de ceux des transports publics, rappelle Mme November, le passage de l’un à l’autre sera difficile.

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MEXIQUE: REDONNER LES VILLES AUX PIÉTONS


Quand on demande à Ramon Abonce (Aménagement du territoire et développement régional 1987; Géographie 1995) de se prononcer sur les aménagements urbains de son pays, le Mexique, c’est un véritable cri du cœur que pousse le professeur-chercheur au Département d’architecture du Monterrey TEC. «Il est primordial que nous redonnions aux villes mexicaines leur dimension humaine, que nous les enlevions à l’automobile et que nous les remettions aux piétons», plaide-t-il.

M. Abonce se désole également de constater que les centres commerciaux deviennent, dans la plupart des grandes villes, les nouveaux lieux de socialisation. «Ceci, rapporte-t-il, se fait au détriment des places et des parcs publics qui, autrefois, constituaient les espaces privilégiés d’intégration sociale.»

Par ailleurs, la vague d’étalement urbain qu’ont connue de nombreuses villes du Mexique au cours des 20 dernières années a, elle aussi, pour effet de transformer la société mexicaine. «Les distances, observe-t-il, sont de plus en plus grandes entre la résidence et le lieu de travail. Et le temps consacré aux déplacements doit être “emprunté” à celui normalement dévolu aux loisirs ou à la famille.» Sans compter les coûts de transport: le professeur rapporte que, pour les Mexicains, les dépenses associées aux déplacements entre banlieue et ville peuvent représenter plus du 40% du revenu familial. «Plusieurs pays latino-américains ont suivi le modèle nord-américain d’aménagement urbain, qui inclut un fort étalement, sans prendre en considération le fait que leurs habitants n’ont pas les mêmes revenus que ceux des pays développés.»

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URBANISATION GALOPANTE AU NIGER


Saade Souleye (Épidémiologie 2004) parle en connaissance de cause quand elle aborde la question de l’urbanisation dans son pays, la République du Niger: elle y est ministre de l’Aménagement du territoire et du développement communautaire. Les derniers recensements montrent que la croissance urbaine explose, explique la ministre, qui estime que la population des grandes villes doublera au cours des 20 prochaines années. Sur la même période, les superficies urbanisées s’accroîtront de plus du double.

«La maîtrise de cette progression constitue un défi majeur pour les pouvoirs publics, rapporte Mme Souleye. Un tel développement aura nécessairement pour effet d’exercer une pression accrue sur les services urbains et les infrastructures, notamment en ce qui a trait à l’eau potable, à l’électricité et à la voirie.»

La ministre qui habite la capitale nigérienne, Niamey, note que les administrations municipales, avec leurs moyens financiers très limités, feront difficilement face aux problèmes d’assainissement et de salubrité inhérents à une urbanisation galopante. À cet égard, Saade Soulaye souligne que l’État a inscrit la question du développement urbain au centre de sa Stratégie de développement accéléré et de réduction de la pauvreté.
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