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Automne 2007

On cherche, on trouve

Des résultats de recherche sur un télescope lunaire, les oursins, la vision des souverainistes par le Globe and Mail, les colonies de roseaux, le fromage en grain et le sucre d'érable.

UN PAS DE PLUS VERS LA LUNE
Par Jean Hamann

Une équipe internationale de recherche vient de solutionner un problème qui menaçait de couper court au projet visant l’installation d’un télescope à miroir liquide sur la Lune. En effet, ces chercheurs sont parvenus à trouver une combinaison de matériaux qui permet de fabriquer un miroir liquide doté à la fois d’un haut pouvoir réfléchissant et de propriétés lui permettant de fonctionner même dans le difficile environnement lunaire.

Les détails de cette découverte, réalisée par Ermanno Borra et Omar Seddiki, du Département de physique, génie physique et optique, et par leurs collaborateurs canadiens, américains et britanniques, sont livrés dans l’édition du 21 juin de la revue britannique Nature.

Les télescopes à miroir liquide se distinguent des télescopes conventionnels par leur miroir primaire, celui qui capte et concentre la précieuse lumière venue du ciel: plutôt que d’être fabriqué en verre poli, il est fait d’un liquide réfléchissant. Placé dans un récipient auquel un moteur imprime un mouvement circulaire, le liquide s’étale en une mince pellicule parfaitement lisse, qui épouse la forme d’une parabole et qui peut ainsi faire office de miroir de télescope.
 
Émise en 1991 dans le Astrophysical Journal, l’idée du professeur Borra d’installer un tel miroir sur la Lune a pris du galon en 2004 lorsque le NASA Institute for Advanced Concepts lui a accordé son soutien financier. Cet organisme appuie des projets susceptibles de repousser les frontières de la science spatiale et d’être intégrés aux programmes de la NASA.

Pôle sud lunaire
Le principal défi du projet consistait à trouver un liquide capable de résister aux températures du pôle sud lunaire, qui peuvent atteindre –143ºC. La solution publiée dans Nature : déposer, par vaporisation sous vide, un revêtement d’argent sur un liquide ionique, une première en optique. La surface d’argent est parfaitement lisse, a une bonne réflectivité et demeure stable pendant des mois. Le liquide ionique sur lequel la couche d’argent repose ne s’évapore pas et son point de fusion est de –98ºC. «Nous avons utilisé un liquide ionique commercial pour nos tests, signale M. Borra. Comme il en existe des millions, nous pourrons en trouver un qui restera liquide même à des températures beaucoup plus basses.»

Le miroir liquide envisagé pour le télescope lunaire aurait un diamètre entre 20 et 100 m, ce qui lui conférerait une sensibilité jusqu’à 1000 fois plus grande que celle du prochain télescope spatial. Outre les qualités optiques d’un tel instrument, Ermanno Borra fait valoir son côté pratique. «Au lieu de transporter un miroir de verre lourd, dispendieux et complexe, on pourra apporter sur la Lune le miroir liquide dans des bouteilles, et le récipient en pièces
détachées.»

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LA LONGUE MARCHE DE L’OURSIN VERT

Il n’y a pas de hasard, dans la vie des oursins verts du Saint-Laurent. Lorsque ce petit invertébré se déplace de façon aléatoire sur des fonds marins dénudés où la nourriture n’abonde pas, il ne fait qu’utiliser la stratégie la plus efficace pour trouver à manger. D’ailleurs, quand la petite bête parvient dans un champ de grandes algues brunes, son aliment préféré, ses déplacements deviennent courts et directionnels, guidés par les signaux chimiques émanant des algues. L’oursin vert met 38 ans à atteindre la taille de 50 mm dans les zones dénudées, contre 17 ans dans les zones d’algues. Ces données, issues d’observations à la caméra sous-marine, ont été publiées dans le Journal of experimental Marine Biology and Ecology, sous la signature de Clément Dumont et John Himmelman, du Département de biologie, et d’un collègue de Pêches et Océans Canada.

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LE GLOBE ET LES SOUVERAINISTES

Chez les chroniqueurs et éditorialistes du quotidien torontois The Globe and Mail, la perception du mouvement souverainiste québécois n’a guère changé depuis 1995, année du référendum sur la souveraineté au Québec. Le mouvement y est toujours décrit comme poursuivant un projet rétrograde, fondé sur le ressentiment et soutenu par des dirigeants prêts à tricher pour que leur option triomphe.

Toutefois, l’analyse montre que le ton s’est nettement durci entre 1995 et aujourd’hui, rapporte Sylvie Lacombe, professeure au Département de sociologie, dans un article publié par le Canadian Journal of Media Studies. «Ce durcissement, résume-t-elle, témoigne non seulement d’une fatigue constitutionnelle à l’égard des aspirations nationales du Québec, mais aussi d’un profond agacement vis-à-vis du mouvement souverainiste et d’une irritation grandissante à l’égard du Québec pris globalement.»

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EXPLOSION DE ROSEAUX

1985: première mention de la présence de roseaux communs exotiques sur les rives du lac Saint-François, en Estrie. 2006: 345 colonies de la même espèce répertoriées autour de ce lac. Cette mesure exacte de l’époustouflante progression du roseau originaire d’Asie, on la doit à Marie-Claire Le Blanc et Julie Labbé, étudiantes au Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) de l’Université.

Explication du phénomène? On soupçonne l’augmentation de la construction autour du lac puisque les perturbations du sol favorisent l’installation de ce roseau, souligne leur professeur Claude Lavoie. De plus, Julie Labbé vient de découvrir que la plante se reproduit bien par graines au Québec, ce qui laisse entrevoir un bel avenir aux récentes colonies, avec la perte de biodiversité que supposent ces milieux homogènes et peu intéressants pour la faune.

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LE FROMAGE EN GRAINS RÉINVENTÉ

L’équipe de Jean-Christophe Vuillemard du groupe STELA (Centre de recherche en sciences et technologie du lait) de l’Université et deux collègues d’Agriculture et Agroalimentaire Canada viennent de mettre au point un fromage en grains nouvelle saveur: l’aliment dégage un arôme frais et a un goût plus prononcé et moins acide que celui du formage en grains traditionnel.

Les chercheurs sont parvenus à ce résultat en ajoutant, aux bactéries habituelles, une combinaison de souches bactériennes conservées depuis 40 ans après avoir été prélevées dans des fromageries ontariennes. Avides de nouvelles souches aromatisantes, les fromagers du Québec ayant répondu à un sondage en 2001 avaient indiqué qu’ils plaçaient ce genre de recherche au sommet de leurs priorités.

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ALCHIMIE DANS LES CABANES À SUCRE

Transformer du sirop d’érable de qualité inférieure en sucre granulé haut de gamme: voilà ce que proposent Mohammed Aïder, Damien de Halleux, Khaled Belkacemi, du Département des sols et génie agroalimentaire, et leurs collaborateurs de la firme ISM Biopolymer, dans un article du Journal of food Engeneering.

Dans le sirop de catégorie D, la concentration en glucose et fructose est plus élevée que celle des catégories supérieures, ce qui rend ce sirop quasi impossible à transformer en sucre granulé par la méthode traditionnelle. Les chercheurs ont donc mis au point un nouveau procédé: le chauffage du sirop sous vide, qui permet une évaporation à des températures relativement basses (80ºC). L’équipement requis étant simple, les acériculteurs pourront produire ce sucre de grande valeur à même leur cabane.

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