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Automne 2008

On cherche, on trouve

Des résultats de recherche sur une méthode de détection des polluants, la greffe de reins, la survie des chèvres de montagne et plus...

LE LASER QUI A DU PIF

Détecter la présence de produits chimiques gazeux à proximité d’une usine, s’assurer qu’une zone où des secouristes doivent intervenir n’est pas contaminée par un gaz toxique, mesurer l’abondance d’un polluant dans l’atmosphère, et tout ça à distance: voilà ce que permet, en théorie du moins, une méthode mise au point par See Leang Chin, professeur au Département de physique, génie physique et optique. Dans son laboratoire du Centre d’optique, photonique et laser, ce chercheur utilise un laser de grande puissance pour émettre des impulsions extrêmement brèves (10-15 seconde). Ces impulsions convergent dans l’air et forment des filaments de lumière; toutes les molécules situées à l’intérieur de ces filaments, incluant celles des polluants, sont alors ionisées, fragmentées et excitées. L’analyse de la lumière fluorescente qui en résulte révèle l’identité des molécules présentes dans le milieu.

Un outil très sensible
Alors que les méthodes existantes nécessitent plusieurs lasers ou plusieurs longueurs d’onde pour détecter l’ensemble des polluants présents dans un milieu, la méthode de M. Chin ne requiert qu’un seul appareil. Des essais en laboratoire ont démontré la sensibilité de cette technologie; les tests ont permis de distinguer des molécules qui sont pourtant proches parentes, comme le monoxyde de carbone et le dioxyde de carbone, ou comme le butène et le butane. Cette démonstration de la faisabilité du concept a permis à M. Chin d’obtenir un brevet d’invention américain.

En théorie, cette méthode pourrait être utilisée pour analyser des gaz se trouvant jusqu’à deux kilomètres du laser. En théorie toujours, tous les gaz présents dans l’atmosphère pourraient être détectés et quantifiés. «Nous n’avons pas encore fait de tests sur le terrain », précise toutefois See Leang Chin. Pour y arriver, il faudrait pouvoir déplacer un laser femtoseconde à l’extérieur, ce qui n’est pas simple. C’est pour cette raison que le chercheur caresse le projet de créer une unité mobile dotée d’un tel équipement. L’unité pourrait être facilement déplacée d’un site à un autre, selon les besoins. «Un laser femtoseconde coûte cependant très cher, entre 1 et 2 millions $, ce qui constitue un obstacle majeur à la réalisation du projet», souligne-t-il.

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GREFFE DE REINS: DEUX C’EST MIEUX!


Il existe une solution pour réduire l’écart entre l’offre et la demande de reins destinés à la greffe: élargir le bassin de donneurs en se tournant vers les personnes âgées décédées, et transplanter leurs deux reins plutôt qu’un seul. À en juger par les 63 doubles greffes effectuées à l’Hôtel-Dieu de Québec entre 1999 et 2007, ces reins dont personne ne voulait auparavant donnent des résultats très encourageants. Sacha De Serres, Isabelle Côté, Jean-Guy Lachance, Réal Noël et Isabelle Houde, de la Faculté de médecine, ont analysé les dossiers de 392 patients ayant reçu des reins provenant de donneurs âgés (69 ans en moyenne), de donneurs marginaux (62 ans) et de donneurs idéaux (24 ans). Résultat: les taux de survie des patients et des reins greffés sont similaires dans les trois groupes.

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LA BOUFFE OU LA VIE


Manger ou être mangé? La réponse que les chèvres de montagne apportent dépend en partie de leur statut parental, révèle une étude signée Sandra Hamel et Steeve Côté, du Département de biologie, dans la revue Canadian Journal of Zoology. Les deux chercheurs du Centre d’études nordiques ont étudié pendant quatre ans, de juin à septembre, les 75 femelles du troupeau de Caw Ridge, dans les Rocheuses canadiennes. Ils ont ainsi montré que le penchant de ces femelles en faveur des escarpements où la nourriture est plus rare et de moins bonne qualité, mais où la probabilité de finir sous la dent d’un grizzli ou d’un cougar est plus faible, s’accentue lorsqu’elles sont accompagnées par un jeune en bas âge. Comme s’ils avaient lu La chèvre de Monsieur Séguin, ces animaux semblent dire «À quoi bon de l’herbe savoureuse (…), s’il faut livrer combat au loup et mourir la bouche pleine?»

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TRANSFERT TECHNO RÉUSSI


Créé à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, en collaboration avec Agriculture et Agro­alimentaire Canada (AAC), un système de manutention des fruits et légumes breveté aux États-Unis en 1998 vient de recevoir le Prix d’excellence des Partenaires fédéraux en transfert technologique. Le système, mis au point par le chercheur Jean-Pierre Émond (alors à la Faculté, mais aujourd’hui à l’Université de la Floride) et par ses collègues d’AAC, repose sur des contenants de plastique pliables et emboîtables qui, grâce à leurs montants aérés, favorisent la conservation de leur contenu, en plus d’être réutilisables et recyclables. Une économie de 80 % des coûts d’emballage et une réduction considérable des pertes en fruits et légumes rendent ce système très populaire: le fabricant IPL de Saint-Damien, qui en détient la licence d’exploitation, a produit quelque 7 millions de ces contenants en 2006.

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BLOGUEURS DÉMASQUÉS


Deux chercheurs du Département d’information et de communication viennent de rendre public un premier portrait de la blogosphère politique québécoise. Avec un collègue ontarien, les chercheurs Thierry Giasson et Cyntia Darisse ont réalisé un sondage complété, au cours de l’hiver 2008, par 56 blogueurs politiques du Québec, sur une possibilité estimée à moins de 200. Il s’agit surtout d’hommes, entre 18 et 35 ans, diplômés universitaires, agissant à titre personnel et, contrairement aux blogueurs américains, sous leur véritable identité. Ces carnetiers disent tenir un propos principalement partisan sur leurs blogues, s’identifient néanmoins peu aux partis politiques et préfèrent militer pour des organisations citoyennes non partisanes. Une des surprises de l’enquête: en majorité, des répondants se situent au centre ou à l’extrême gauche de l’échiquier politique et très peu à droite.

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SOMMEIL, APPÉTIT ET OBÉSITÉ


Les personnes qui dorment trop ou trop peu seraient plus susceptibles de prendre du poids, révèle une étude publiée dans la revue Sleep par Jean-Philippe Chaput, Jean-Pierre Després et Angelo Tremblay, de la Faculté de médecine, ainsi qu’un collègue américain. Les chercheurs ont analysé l’évolution du poids chez 276 personnes pendant six ans. Ils ont découvert que le risque de prendre au moins 5 kg pendant cette période était plus grand chez les gens qui dorment moins de six heures (35 % plus élevé) ou plus de neuf heures (25 %) par nuit que chez ceux qui dorment entre sept et huit heures. Le risque de devenir obèse va dans le même sens. Ces risques subsistent même en tenant compte des habitudes de vie et du profil socioéconomique des sujets. La régulation, au cours du sommeil, de deux hormones affectant l’appétit serait en cause.
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