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Automne 2008

Verte jusqu’au bout de ses programmes

L'Université multiplie les formations liées au développement durable.

Il suffit de consulter le premier répertoire des formations en environnement offertes à l’Université Laval pour constater que l’établissement mise sur la diversité! Les étudiants disposent sur le campus d’une multitude de cours et de programmes capable d’étancher leur soif de connaissances dans un domaine aujourd’hui incontournable. Et le phénomène ne touche pas seulement les facultés directement concernées par l’impact des activités humaines sur l’environnement.

Bien sûr, les facultés de sciences et de génie, d’agriculture ou de foresterie proposent des baccalauréats en aménagement et environnement forestiers, en chimie de l’environnement ainsi qu’un doctorat en sols et environnement. Mais en plus, les facultés des lettres, des sciences sociales et de droit ont aussi verdi leurs formations. Par exemple, les étudiants au baccalauréat en études internationales décortiquent désormais l’économie de l’environnement ou se penchent sur la biogéographie, tandis que leurs collègues des sciences sociales s’initient aux politiques publiques de l’environnement.

Cette conscience des enjeux que posent aujourd’hui les questions de développement durable touche aussi les sciences de l’administration. Depuis peu, on propose aux étudiants de deuxième cycle un programme en responsabilité sociale et environnementale des organisations (MBA). En effet, même si les entreprises saisissent encore mal comment leurs activités vont évoluer en fonction des changements de réglementation et de la pression du public, elles savent pertinemment qu’elles doivent prendre le virage vert pour rester dans la course.

Le nouveau répertoire qui présente une première liste des cours et des programmes a été constitué par l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société, une entité mise sur pied à l’Université en 2005 avec l’objectif de favoriser la recherche, le dialogue interdisciplinaire et l’action politique en environnement. «L’offre de formations que reflète ce répertoire est très diverse et très souple», constate Philippe Le Prestre, directeur de l’Institut. Et ce n’est qu’un début. Son équipe continue d’identifier cours et programmes pertinents, soit qu’ils n’ont pas été dénichés au moment de la première édition, soit qu’ils ont été tout récemment créés.
 
Selon M. Le Prestre, si l’environnement occupe maintenant un créneau important à l’Université, il convient aussi d’accroître l’offre en matière de développement durable –un concept plus large– en incitant les facultés à créer des programmes conjoints. « Je collabore actuellement à un comité universitaire chargé de définir les besoins et les contours généraux d’une future maîtrise en développement durable interfacultaire, illustre ce professeur en science politique. Cela fait partie des priorités de la direction.»
On peut consulter le Compendium des programmes et cours en environnement et développement durable de l’Université Laval à partir du site Web de l’Institut.

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DE COUPEURS DE BOIS À AMÉNAGEURS DE FORÊT

L’engagement étudiant pour l’environnement fait partie de la tradition, à la Faculté de foresterie et de géomatique. La preuve, à la fin des années 1980, Forêt-intervention, un collectif d’étudiants, réussissait à obtenir un moratoire sur l’utilisation de pesticides chimiques en forêt.
 
Parmi les activistes membres de ce collectif: Robert Beauregard, l’actuel doyen de la Faculté! «Il y a toujours eu une minorité engagée parmi les étudiants, remarque cet écologiste convaincu. Au fond, les tensions entre les défenseurs de l’industrie et les partisans de l’aménagement intégré font partie de la réalité et permettent à la société d’avancer. Comme faculté, nous entretenons aussi bien des liens avec des partenaires industriels qu’avec des organismes se consacrant à la protection environnementale.»

Les débouchés offerts aux diplômés épris d’environnement ne se limitent pas à l’aménagement forestier. Plusieurs travaillent dans des ministères comme analystes en création d’aires protégées ou collaborent avec les MRC à des plans d’aménagement et de protection de la forêt. Certains des étudiants au baccalauréat en aménagement forestier et environnement forestier s’intéressent aussi à la déforestation dans les pays tropicaux et s’engagent dans la section locale de Foresterie sans frontières. Des diplômés au baccalauréat en géographie, concentration en géographie physique et environnement naturel, deviennent par ailleurs agents de planification de développement économique, urbanistes aménagistes ou, encore, œuvrent en géo-marketing –une façon pour les entreprises d’offrir des services plus proches du lieu de résidence des consommateurs dans le but de limiter leurs déplacements.

De nouveaux programmes touchant l’environnement et le développement durable s’ajouteront bientôt à l’offre disponible à la Faculté de foresterie et de géomatique. Dès septembre 2009, les étudiants auront accès à un premier cycle en conservation de l’environnement forestier, proposé en collaboration avec la Faculté de sciences et génie et de celle des sciences sociales. Une formation francophone unique, au Canada. Autre innovation, un microprogamme offert bientôt en deuxième cycle par trois facultés, aux architectes et aux ingénieurs désireux de se former à la construction verte.

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DES JURISTES ALLUMÉS


«Il y a de nombreux non-juristes à la maîtrise en droit de l’environnement, développement durable et sécurité alimentaire», observe Paule Halley, professeure responsable de ce programme de deuxième cycle à la Faculté de droit. Les diplômés en génie, en agriculture ou même en architecture s’intéressent en effet à cette formation qui aborde les grandes questions environnementales de l’heure. Plusieurs arrivent avec de bonnes connaissances sur les sols contaminés, les changements climatiques ou les enjeux internationaux concernant le développement durable, sans parler de ceux qui militent dans le domaine. Du coup, leurs sujets de recherche se situent souvent à l’avant-garde.

Par exemple, des étudiants qui avaient publié un article dans une revue de science politique au sujet du commerce équitable ont eu la surprise de découvrir que le parlement belge s’en était fortement inspiré pour établir sa législation sur le sujet. Autre illustration : un diplômé a reçu une médaille de l’Assemblée nationale du Québec pour un livre tiré de son mémoire de maîtrise, qui traçait un bilan critique de la participation du public au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). «Nos étudiants abordent souvent des sujets très complexes, souligne Paule Halley. Comme cette jeune femme qui a scruté les impacts transprovinciaux des activités humaines sur l’environnement.»

Leurs études terminées, les diplômés se retrouvent aussi bien dans des grands cabinets d’avocats traitant d’autorisations environnementales que dans des ministères élaborant des politiques de développement durable ou dans des bureaux de génie-conseil évaluant les risques liés à l’exploitation minière. Paule Halley, elle-même très engagée dans la cause environnementale, les considère comme des acteurs de changement. «On a besoin de beaucoup de soldats pour faire avancer le développement durable dans la société», lance la juriste en guise de conclusion.

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SAUVER LES EAUX!


Dans la famille d’Émilie Berrouard, on recycle, on composte, on ménage ses déplacements motorisés. Depuis plusieurs années, bien avant que ces notions ne fassent partie du discours à la mode. La jeune femme, d’abord inscrite en génie civil, s’est donc sentie comme un poisson dans l’eau lorsqu’elle a découvert le tout nouveau baccalauréat en génie des eaux. Un choix d’autant plus logique pour cette écolo de cœur qu’un stage humanitaire au Nicaragua, peu de temps auparavant, l’avait sensibilisée à l’importance de l’accès à l’eau et à la gestion des déchets. «Je veux que mon travail serve à améliorer l’environnement, pas à le dégrader», affirme-t-elle.

Inscrite en deuxième année du bac, Émilie Berrouard apprécie ce programme qui touche aussi bien l’hydrogéologie, l’analyse des eaux et la construction d’une usine d’épuration, que la chimie ou l’irrigation. Parmi ses collègues, plusieurs mènent des projets à l’étranger grâce à l’organisme Ingénieurs sans frontières, tandis que l’étudiante s’intéresse à des questions locales. Depuis cet été, elle travaille avec un professeur, Christian Bouchard, sur son projet de maîtrise. «Nous cherchons à comprendre comment les polluants vont se décanter dans les bassins de rétention que la Ville de Québec a construits pour éviter que les eaux de ruissellement ne polluent les rivières», explique-t-elle. Et après la maîtrise? «J’aimerais travailler en génie-conseil, car les défis environnementaux ne vont pas manquer dans les années à venir.»

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DES GESTIONNAIRES ÉPRIS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE


«Il y a du talent à revendre parmi les jeunes gestionnaires; j’aimerais être riche pour en embaucher beaucoup!» Celle qui s’exprime ainsi s’appelle Johanne Gélinas et occupe les fonctions d’associée, responsable de la responsabilité sociale et du développement durable au cabinet de comptables Samson Bélair/Deloitte & Touche. En s’enthousiasmant sur la qualité des diplômés qui viennent frapper à sa porte, cette ex-commissaire fédérale à l’environnement songe surtout au changement que ces dirigeants respectueux de l’environnement et d’éthique sociale vont amorcer au sein des organisations.

Les diplômés de la Faculté des sciences de l’administration, particulièrement ceux du MBA en responsabilité sociale et environnement des organisations, font partie de ces gestionnaires nouveau genre. Johanne Gélinas remarque que les jeunes apprennent maintenant sur les bancs de l’université le b.a. ba d’une approche «business» du développement durable. Au sein des comités d’environnement des entreprises, ils font valoir aux dirigeants le profit que peut représenter une baisse des coûts énergétiques ou le recyclage des matières résiduelles. Sans parler des gains de positionnement sur le marché lorsque les consommateurs comprennent que l’entreprise a réellement pris un virage vert. «J’ai la conviction qu’une meilleure protection de l’environnement passe par une responsabilité accrue des entreprises, affirme Mme Gélinas. Les diplômés qui occupent des postes de direction ont compris que cela représentait une valeur ajoutée de se préoccuper de ces questions, plutôt que d’être seulement en conformité avec la loi.»

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PLACE À L’AGROENVIRONNEMENT


Certains œuvrent dans les services de prêts aux agriculteurs dans les banques, d’autres dans des multinationales fabriquant de la machinerie agricole, tandis que plusieurs travaillent pour des firmes de génie-conseil ou des ministères. Tous partagent pourtant une caractéristique: ils sortent du baccalauréat en génie agroenvironnemental, chapeauté par la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. Principale caractéristique de ce programme d’études unique en français, au Canada: sa souplesse. «Les étudiants ont accès à des cours dans plusieurs facultés, en génie minier, en informatique ou en gestion de l’eau en milieu agricole, souligne Mohamed Khelifi, directeur du programme. Grâce à cette formation multidisciplinaire et décloisonnée, les diplômés peuvent exercer à la fois comme ingénieur et comme agronome.»

Le menu très diversifié des cours familiarise les étudiants avec la nécessité d’appréhender l’environnement de façon globale. On les sensibilise, par exemple, à l’importance d’utiliser des moteurs moins polluants en agriculture. La question de l’eau occupe aussi une grande place dans le programme, qu’il s’agisse du suivi d’un polluant comme le phosphore dans le sol ou de la gestion des lisiers susceptibles de polluer la nappe phréatique. Même chose pour la question du recyclage des sous-produits agricoles ou de la décontamination des sols.
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