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Hiver 2018

La vie en solo selon trois diplômés

La vie en solo à Malte, en Arabie saoudite et au Sénégal.

Ces témoignages s’inscrivent dans la suite de l’article Ménages à un: tendance à la hausse

Cimon_200Malte: île de colocation
Nicolas Cimon (Droit 1993; Administration 1994 et 1995) a débuté sa carrière comme avocat en droit boursier au sein du cabinet Ogilvy Renault, à Montréal. Puis, après avoir été recruté dans des cabinets londoniens et parisiens, il a lancé sa propre société de conseil en recrutement juridique et financier, Cross Border Consulting, qui exploite des bureaux à Londres et à Malte. L’habitation en solo, il la vit personnellement dans ces deux endroits, au rythme des lieux et à la mode locale.

Malte, par exemple, présente des mœurs en solo particulièrement intéressantes par leur adaptation à la nouvelle réalité économique qui caractérise l’île depuis quelques années. «Malte est une petite île en plein centre de la Méditerranée qui connaît le taux de croissance économique le plus élevé d’Europe, indique le diplômé, qui y habite à l’ouest, dans la petite ville de Saint Julian’s. Les industries des jeux vidéo, de la finance et des cryptomonnaies ont fait exploser l’afflux de travailleurs qualifiés sur l’île. La plupart de ces professionnels arrivent en solo et vivent en colocation, principalement en raison de la rareté des appartements de petite taille. Les différents réseaux étant très actifs dans cette région, ils permettent non seulement aux solos, mais à tous les expatriés, de s’intégrer rapidement. Cela fait de Malte une banlieue des capitales européennes.» Quant à ces capitales, elles sont habitées en solo par les professionnels mentionnés qui, grâce à leur rémunération, sont en mesure d’y assumer le coût élevé de la vie.

Mahfoudhi_150Arabie saoudite: urbanisation et solitude
C’est sa carrière qui a mené Refaat Mahfoudhi (Génie électrique 1991) jusqu’en Arabie saoudite où il vit depuis 2000. Il habite dans la ville de Dhahran où il travaille pour Saudi Aramco, la plus grande compagnie de pétrole au monde, en tant qu’ingénieur spécialiste dans la production électrique, la cogénération et l’efficacité énergétique. «Le mode d’habitation des gens en Arabie saoudite subit une mutation énorme en raison de l’industrialisation récente du pays, explique-t-il. Les centres urbains s’étalent, peuplés par les habitants venant de villes et villages lointains. Bien que les liens familiaux y soient encore solides, les effets de l’urbanisation se font sentir et on trouve de plus en plus de gens vivant seuls.»

Au cours des dernières années, le diplômé a pu constater que l’âge du mariage se trouve retardé et que des célibataires quittent le foyer familial pour s’installer et travailler dans les grandes villes. «Malgré cette tendance, dit-il, je crois que les gens valorisent encore les liens familiaux. Les traditions sociales et religieuses sont fortement enracinées dans la culture du pays.» Selon Refaat Mahfoudhi, le mode de vie solo découle des nouvelles contraintes et réalités de l’ère industrielle moderne. «En tant que père de famille, je vis cette situation de près avec mes enfants éparpillés à différents endroits, confie-t-il. Les parcours scolaire et universitaire, en plus du cheminement de carrière, amènent à faire des choix qui diversifient l’habitat et les lieux de résidence. Un effet de cette diversité est l’exposition à un multiculturalisme pour lequel plusieurs personnes ne sont pas vraiment préparées. Toutefois, le fait de voyager et de vivre parfois seul nous prépare à cette nouvelle réalité où les distances n’ont plus la même signification.»

Coulibaly_150Sénégal: rare, la vie en solo
Au Sénégal, habiter en solo s’avère plutôt rare. Les gens vivent habituellement en famille élargie, un foyer réunissant régulièrement deux ou trois générations sous un même toit. Résidant à Dakar, Mamadou Coulibaly (Service social 1991 et 1997) raconte que les gens qui vivent seuls au Sénégal sont généralement des locataires qui, pour des raisons professionnelles, sont obligés de loger hors de leur localité d’origine. «Quant aux personnes âgées, elles ne vivent jamais seules. Elles sont toujours prises en charge dans les familles d’origine ou chez leurs enfants.»

Le diplômé a travaillé comme conseiller technique au ministère du Développement social du Sénégal. Il a été un agent de la fonction publique jusqu’à sa retraite. Aujourd’hui, ce père et grand-père agit comme chargé de cours spécialisé et directeur de mémoire à l’École nationale des travailleurs sociaux. «En milieu urbain, les enfants mariés qui en ont les moyens financiers quittent le domicile familial pour s’installer en couple dans leur propre maison, raconte-t-il. Toutefois, le lien est maintenu avec les membres demeurant dans la famille d’origine, communément appelée “keur goumack”, ce qui signifie “la grande maison”.» Cela dit, compte tenu de la promiscuité qu’on note au sein de plusieurs grandes familles, le fait que certains jeunes couples aménagent en dehors de la concession familiale semble tout à fait compréhensible, aux yeux de Mamadou Coulibaly.

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  1. Publié le 25 mai 2018 | Par diane beaulieu d'ivernois

    Intéressant!
    Moi je vis à Paris et travaille comme médecin généraliste depuis 40 ans .
    Riche expérience!

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