Les blogues Contact

La zone d'échanges entre l'Université Laval,
ses diplômés, ses donateurs et vous

Les blogues de Contact

Photo de Simone Lemieux

Le Guide alimentaire canadien a besoin de vous!

Celui qui soulève malgré lui les passions et suscite toujours son lot de réactions est actuellement en processus de révision. Le Guide alimentaire canadien (GAC) fait peau neuve, et c’est le temps de réagir puisque Santé Canada sollicite actuellement la population dans le cadre d’une consultation. Celle-ci vise à peaufiner les recommandations et les politiques en matière de saine alimentation et à mettre au point des moyens plus efficaces pour renseigner les Canadiens sur la nutrition.

guide

Les étapes de la révision du GAC
La version actuelle du GAC a 10 ans. C’est le 24 octobre dernier que la ministre de la Santé, Jane Philpott, a annoncé de façon officielle que Santé Canada avait amorcé la révision de son guide alimentaire. En fait, les travaux de révision ont débuté en 2013 avec un examen de données probantes et ont permis à Santé Canada de recueillir, d’évaluer et d’analyser les données pertinentes en matière de recommandations alimentaires. Cette analyse a, entre autres, permis de constater que les fondements scientifiques du guide de 2007 sont en grande partie conformes aux dernières données sur l’alimentation et la santé. Par contre, il appert que certains enjeux supplémentaires doivent être considérés, notamment celui du lien entre la consommation d’une grande quantité de breuvages sucrés et l’obésité. Par ailleurs, l’examen effectué suggère que le format actuel du GAC ne répond pas aux besoins de tous les publics.

Une première phase de consultation en ligne a ensuite été tenue entre octobre et décembre 2016. Environ 20 000 Canadiens ont transmis leurs opinions dans le cadre de cette consultation. La majorité de ces opinions (72%) provenaient du grand public. Les questions portaient sur différents sujets en lien avec les recommandations alimentaires. On a interrogé les individus sur leur intérêt pour les recommandations et les sources d’informations utilisées sur le sujet. Les participants étaient également questionnés sur la manière dont ils utilisaient les recommandations selon les contextes ainsi que sur l’utilité des groupes alimentaires actuels. Des questions sur les recommandations basées sur le niveau de transformation des aliments et sur les approches visant la réduction de la consommation de sucre étaient également posées.

Un étonnement
Il serait laborieux de vous résumer le rapport produit à la suite de cette phase de consultation. De façon générale, le contenu du rapport ne m’a pas étonnée, mis à part un aspect que je voulais vous signaler. Les gens du grand public ont identifié comme étant les plus utiles les recommandations alimentaires portant sur les nutriments dont il faut diminuer la consommation, comme le sucre, le sodium ainsi que les lipides saturés et trans. Bref, il semble que la population revendique une approche restrictive. Sincèrement, j’aurais pensé que les gens souhaitaient entendre un message plus global et plus positif. Ça a bien l’air que non!

L’analyse des données probantes ainsi que les résultats de la 1re phase de consultation ont donné lieu à l’énonciation de 3 principes directeurs et de certaines considérations sur lesquels porte la 2e phase de consultation. Je vous en parle brièvement.

1- Une variété de boissons et d’aliments nutritifs est le fondement d’une saine alimentation
Santé Canada suggère, avec ce 1er principe directeur, de consommer régulièrement des fruits et des légumes, des produits à grains entiers et des aliments riches en protéines, surtout d’origine végétale. On devrait également choisir des aliments qui contiennent surtout des lipides insaturés plutôt que des lipides saturés. Finalement, une consommation régulière d’eau est recommandée.

Ce qui diffère du GAC de 2007 concerne l’accent particulier mis sur les aliments contenant des protéines d’origine végétale. On mentionnait déjà de consommer souvent des substituts de la viande comme les légumineuses et le tofu; ici, on suggère de les privilégier.

2- Les aliments et les boissons transformés ou préparés riches en sodium, en sucres ou en lipides saturés nuisent à une saine alimentation
Ce principe directeur recommande d’avoir une consommation limitée d’aliments transformés ou préparés qui sont riches en sodium, en sucres ou en lipides saturés. Santé Canada recommande aussi de s’abstenir de consommer des boissons transformées ou préparées riches en sucres. Celles-ci incluent entre autres les boissons gazeuses, les jus de fruits purs à 100%, les laits aromatisés et les boissons d’origine végétale aromatisées. Bref, il s’agit de tout ce qui se boit et qui contient du sucre naturellement présent ou non dans l’aliment, exception faite du lait qui ne fait pas partie de la liste, malgré le lactose qu’il contient.

Une différence importante par rapport au GAC de 2007 est la recommandation de s’abstenir de consommer du jus de fruits. Rappelons-nous que le jus de fruits faisait partie du groupe des fruits et légumes dans la version précédente du guide. On suggérait alors de privilégier les légumes et les fruits plutôt que les jus. Pour ce qui est des boissons gazeuses et des autres boissons sucrées, le vocabulaire change: on est passé de «limiter» à «s’abstenir». Finalement, bien que le GAC de 2007 mentionnait de limiter la consommation d’aliments riches en calories, en lipides, en sucres ou en sel, il ne faisait pas mention du niveau de transformation des aliments dans ses recommandations.

3- Des connaissances et des compétences sont nécessaires pour naviguer dans un environnement alimentaire complexe et favoriser une saine alimentation
Les recommandations en lien avec ce principe directeur sont de choisir des aliments nutritifs au magasin et au restaurant, de planifier et de préparer des collations et des repas sains et de prendre des repas en famille ou entre amis aussi souvent que possible.

En ce qui a trait à ce principe, on ne trouvait pas dans le GAC de 2007 le choix d’aliments nutritifs au magasin et l’accent mis sur l’importance de planifier et de préparer des repas et des collations de bonne qualité nutritionnelle.

Autres considérations
Enfin, on signale que pour qu’elles soient efficaces, les recommandations sur la saine alimentation doivent être adaptées au contexte canadien, peu importe où les gens vivent. Il faut donc considérer les déterminants des choix alimentaires, la diversité culturelle et l’environnement dans l’élaboration des recommandations alimentaires pour la population canadienne.

Allez-y, exprimez-vous!
Comme vous l’avez constaté, je suis restée plutôt neutre dans ma description des éléments qui pourraient être modifiés dans la nouvelle mouture du GAC. Ce n’est pas parce que je n’ai pas d’opinion sur le sujet, croyez-moi! En fait, puisque mon souhait premier est que vous participiez à la consultation, je ne voulais pas trop vous influencer.

Vous avez jusqu’au 25 juillet pour remplir le questionnaire en ligne. L’occasion ne passe pas souvent, c’est le temps de dire ce que vous pensez!

Haut de page
  1. Publié le 4 juillet 2017 | Par France Lasnier

    Très bien fait. Clair et allant droit au but!
  2. Publié le 4 juillet 2017 | Par Simone Lemieux

    @Pierre Bilodeau. La question des gras saturés est devenue assez controversée au cours des dernières années. Si cela vous intéresse, vous pouvez consulter un http://circ.ahajournals.org/content/early/2017/06/15/CIR.0000000000000510" >article récent publié par l'American Heart Association. Par ailleurs, je vous invite à participer à la consultation en ligne afin de transmettre vos commentaires sur les mesures proposées dans le processus de révision du GAC.
  3. Publié le 3 juillet 2017 | Par Pierre Bilodeau

    Qu'est-ce qu'ils ont tous contre les gras saturés?

    Y a-t-il une seule étude qui démontre qu'ils sont nocifs, du moins les gras saturés contenus naturellement dans les aliments?

    Je veux dire une étude qui démontre vraiment et qui ne se contente pas de simples associations.
  4. Publié le 3 juillet 2017 | Par Simone Lemieux

    @Ghislaine. Vous avez raison de dire qu'il y a actuellement un très grand intérêt dans la communauté scientifique pour tout ce qui touche le microbiote intestinal. Par contre, les connaissances sont actuellement très fragmentaires quant à l'effet de l'alimentation sur le microbiote. Par ailleurs, ce qui est rassurant est que, jusqu'à présent, ce qui semble avoir des effets positifs sur le microbiote est tout à fait cohérent avec plusieurs des recommandations nutritionnelles actuelles (par exemple, consommer davantage de grains entiers et manger davantage de fruits et légumes).
    En terminant, je vous encourage à faire part de vos commentaires à Santé Canada.
  5. Publié le 3 juillet 2017 | Par Ghislaine

    Les questions portaient souvent sur la quantité. Je me dis qu'une portion de junk ou 3 portions de junk resteront toujours du junk! L'insistance doit porter sur la qualité: un aliment non transformé, venant d'un sol où les bactéries, les mycorhizes et les vers de terre n'ont pas été assassinés par les pesticides chimiques, sans additifs de synthèse. Et pour les animaux, qu'ils soient nourris avec ces mêmes aliments qui respectent leur physiologie... Du soya et du maïs OGM entremêlés d'antibiotiques ne sont pas les nourritures originelles de la vache. Ces aliments néfastes se retrouvent dans le lait et dans la viande que nous consommons.
    Aucune recommandation concernant la découverte du siècle, c'est-à-dire la découverte d'un autre organe ou d'un second foie qu'est notre microbiote intestinal. Nous sommes des hybrides plus bactériens qu'humains. Or, nous nourrissons notre microbiote avec ce que nous mangeons.
    La réponse est de 17 ans! Quelle est la question? Ça prend combien de temps avant qu'une recherche basée sur des données probantes se retrouve sur le bureau d'un professionnel de la santé (médecins, nutritionnistes, etc.) et qu'elle soit appliquée?
    Alors, devrons-nous attendre le prochain GAC de 2027 pour que l'importance de notre microbiote intestinal soit pris en compte? De 2010 à 2027, c'est 17 ans!
    Morris SM, Wooding S, Grant J. The answer is 17 years, what is the question: understanding time lags in translational research. J R Soc Med 2011: 104:510-520. DOI 10.1258/jrsm.2011.110180. (Journal of the Royal Society of Médicine)
    Pour la cigarette, le time lags a été de 45 ans!
    Par contre, enfin on dit «s'abstenir» au lieu de «limiter»... C'est un bon pas! Les gens préfèrent les directives claires plutôt que les directives floues. La porte doit être fermée ou ouverte et non entrouverte dans ce domaine! Mal manger nous coûte très cher!
  6. Publié le 3 juillet 2017 | Par Simone Lemieux

    @Brigitte Boucher. Je vous encourage à participer à la consultation. Concernant le lait, sachez que ni le guide alimentaire brésilien, ni l'alimentation méditerranéenne ne propose d'exclure le lait de l'alimentation. Par exemple, dans http://www.foodpolitics.com/wp-content/uploads/Brazilian-Dietary-Guidelines-2014.pdf" >le document de référence expliquant avec beaucoup de détails le guide alimentaire brésilien, il est mentionné (p. 47) «...opt for water, milk, and fruits instead of soft drinks, dairy drinks, and biscuits...».
  7. Publié le 3 juillet 2017 | Par Boucher Brigitte

    Mon commentaire sera très concis...

    Se modeler sur le guide du Brésil et le méditerranéen!

    J'enlèverais carrément le lait! Ne sommes-nous pas les seuls mammifères à boire du lait
    après notre période de lactation... et en plus du lait d'un autre mammifère que soi!

    Merci!

Note : Les commentaires doivent être apportés dans le respect d'autrui et rester en lien avec le sujet traité. Les administrateurs du site de Contact agissent comme modérateurs et la publication des commentaires reste à leur discrétion.

commentez ce billet

M’aviser par courriel des autres commentaires sur ce billet