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Photo de Simone Lemieux

Mangez de la couleur!

Je me rappelle précisément du moment où la télévision couleur est entrée dans ma vie. C’était un samedi en fin d’après-midi à l’heure de Bugs Bunny et ses amis. Mon père venait d’installer le précieux appareil au sous-sol et c’est alors que j’ai été tout simplement éblouie par les belles couleurs du Road Runner, qui une fois de plus gagnait un de ses combats épiques contre Coyote. J’étais une «fan finie» du Road Runner…

Aujourd’hui, on ne pourrait pas imaginer la télévision sans couleur. Mais pour l’assiette, on se contente souvent de monochromie… En fait, le brun fait souvent la loi, surtout dans la restauration rapide. On n’a qu’à penser friture et on se met à voir brun. L’idée ici n’est pas de condamner sans appel le brun, mais plutôt de prôner la variété des couleurs dans l’assiette.

Brun-couleurs

Si on parle de la couleur, on ne pense pas qu’à l’esthétique. Quand les couleurs variées sont au rendez-vous dans l’assiette, c’est signe que la variété est au menu, que les fruits et légumes prennent toute leur place et que le spectre des vitamines et minéraux est bien couvert. C’est un très bon départ, n’est-ce pas? Promouvoir la variété de couleurs dans l’alimentation a le mérite d’être simple et peut être bien compris par tous, ce qui n’est pas le cas de tous les messages nutritionnels véhiculés. Certains nous étourdissent même par leur complexité.

À quoi sert la couleur?
La couleur des aliments vient d’une gamme de petites molécules dont plusieurs font partie de la famille des caroténoïdes et de celle des polyphénols. Par exemple, le lycopène (caroténoïdes) donne la couleur rouge aux aliments tels que les tomates. La péonidine, quant à elle, appartient à la famille des polyphénols et apporte la couleur bleue typique des bleuets. Ces petites molécules, en plus de colorer les aliments, jouent plusieurs rôles essentiels au maintien de la santé.

Le rôle antioxydant de ces molécules est bien connu. Les composés antioxydants limitent les réactions d’oxydation dans notre organisme provoquées par les radicaux libres. Ces réactions sont nocives et altèrent le bon fonctionnement des cellules. Bref, on peut imaginer le phénomène de l’oxydation comme la rouille, et les antioxydants comme le traitement antirouille. Plusieurs études ont par ailleurs démontré qu’une alimentation colorée riche en caroténoïdes et polyphénols, par exemple l’alimentation traditionnelle méditerranéenne, est associée à une diminution de la prévalence de maladies cardiovasculaires et de certains types de cancers.

Choisir ses couleurs
Saviez-vous que le Guide alimentaire canadien fait appel à la couleur dans ses recommandations? Tout d’abord, le symbole de l’arc-en-ciel est utilisé pour illustrer l’importance de la variété dans les 4 groupes alimentaires. La grosseur de chaque arc illustre l’importance relative que chaque groupe alimentaire devrait avoir dans notre alimentation. Le groupe des légumes et fruits occupe d’ailleurs le plus gros arc. De plus, des recommandations spécifiques utilisent le langage des couleurs pour tirer le maximum des portions de légumes et fruits, puisqu’il est recommandé de manger au moins un légume vert foncé et un légume orangé par jour.

Il existe une multitude de connaissances sur les liens entre la santé et les aliments, nutriments ou composés bioactifs. Alors nous, les spécialistes de la nutrition, hésitons parfois à transmettre des messages simples, par crainte de ne pas rendre justice à toute cette belle science complexe. D’un autre côté, la confusion règne dans la population en matière de nutrition. C’est pourquoi plusieurs organismes s’intéressant à la nutrition plaident pour une simplification des messages nutritionnels.

Chose certaine, nous avons encore beaucoup de travail à faire pour rester simples tout en tenant compte de la complexité. Est-ce que de faire la promotion de la couleur dans l’assiette remplit ce mandat? L’histoire le dira peut-être!

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  1. Publié le 20 mai 2013 | Par Simone Lemieux

    Excellente question! Je n'ai pas vu de données sur le lien entre la variété alimentaire et la prévention des allergies alimentaires. Par contre, je sais qu'on a récemment révisé les recommandations concernant l'introduction des aliments chez les jeunes enfants qui ont une histoire d'allergies dans leur famille. On se rend compte que le fait de retarder l'introduction de certains aliments potentiellement allergènes n'aurait pas nécessairement l'effet escompté de prévenir les allergies.
  2. Publié le 20 mai 2013 | Par Dolzy Isa.

    Merci pour cet article, très intéressant.
    La diversité change-t-elle quelque chose aux allergies? Le fait de manger plus varié fait il que l'on a moins d'allergies?

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