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Du nouveau sur l’étiquette des aliments

J’expliquais récemment à une amie ce que signifiaient toutes les informations qu’on trouve sur l’étiquette d’un aliment. Mon zèle m’a amenée à lui expliquer non seulement ce qui était sur l’étiquette, mais aussi les changements qui y apparaîtront prochainement à la suite des modifications commandées par Santé Canada. Je me suis rendu compte que, malgré ma bonne volonté et mon désir de vulgariser, ce n’était pas une mission qui s’accomplissait en quelques minutes. Ça m’a convaincue de la pertinence de vous en parler un peu.

etiquette_aliments

Les informations clés sur une étiquette
Tout d’abord, je crois qu’il peut être utile de vous présenter les 2 éléments clés qu’on trouve en matière d’étiquetage nutritionnel, soit le tableau de la valeur nutritive et la liste des ingrédients.

valeur_nutrtive

Photo Site de l’ACIA

Sur le tableau de la valeur nutritive, on peut voir la portion de référence du produit qui devrait correspondre à la portion habituellement consommée par une personne en une seule occasion. Les quantités de calories et de certains éléments nutritifs contenus dans cette portion sont également indiquées (en gramme (g) ou en milligramme (mg)).

On trouve aussi sur ce tableau le pourcentage de la valeur quotidienne des différents nutriments. Sans rentrer dans les détails, disons que pour obtenir ces pourcentages, on met en relation la quantité des nutriments présents dans la portion de référence de l’aliment avec leur apport quotidien recommandé. Ainsi, en examinant l’étiquette d’un paquet de bœuf haché maigre, on remarque qu’une portion de 100g comble 15% de l’apport quotidien recommandé en fer. Si on regarde plutôt l’étiquette d’une soupe aux légumes en conserve, on peut voir qu’une portion de 250 ml contribue, à elle seule, à 32% de l’apport maximal recommandé en sodium. Ce qu’on peut retenir du pourcentage de la valeur quotidienne, c’est qu’une valeur de 5% ou moins signifie que la portion de l’aliment contient peu du nutriment en question alors qu’un pourcentage de la valeur quotidienne d’au moins 15%, indique que la portion en contient beaucoup.

L’autre élément important de l’étiquette nutritionnelle est la liste des ingrédients qui indique, en ordre décroissant de poids, tous les ingrédients présents dans l’aliment.

Des changements à l’horizon
Des travaux réalisés par Santé Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments ainsi qu’une vaste consultation ont mené, à la fin de l’année 2016, à une liste définitive de modifications devant obligatoirement être apportées sur les étiquettes des aliments. Mentionnons que l’industrie alimentaire a 5 ans, donc jusqu’en décembre 2021, pour s’y conformer. 

Les modifications au tableau de la valeur nutritive
Un premier changement important touche la portion de référence qui devra mieux refléter la quantité habituellement consommée en une occasion. Je trouve cette modification très pertinente. Grâce à celle-ci, il ne sera plus possible, par exemple, d’indiquer sur une galette géante emballée individuellement que la portion de référence correspond au tiers de la galette. Qui mange juste un tiers de galette à la fois, dites-moi? Les études montrent que les gens regardent surtout les calories sur une étiquette1; ils ne voient donc pas nécessairement que la quantité de calories indiquées correspond au tiers du produit qu’ils viennent d’acheter. Ça peut donc les laisser sur la fausse impression que la méga galette n’est pas si calorique, si grasse et si sucrée que ça! Bref, le nouvel étiquetage présentera la valeur nutritive pour la portion complète, ce qui évitera ce genre de méprise.

Une harmonisation des portions de référence sera également effectuée. Actuellement, il est possible que la portion de référence soit 1 tranche pour une marque de pain tranché et 2 tranches pour une autre. Dans un tel contexte, il n’est pas évident de comparer adéquatement la valeur nutritive des 2 produits. Des normes ont donc été établies concernant les portions de référence afin de rendre le plus uniforme possible la grosseur de la portion de produits alimentaires d’une même famille. Ceci facilitera grandement la comparaison entre les produits.

Calories, vitamines et minéraux
Parmi les autres modifications, notons que la quantité de calories sera davantage mise en évidence sur l’étiquette et que certains changements seront apportés en ce qui concerne les vitamines et les minéraux. Ainsi, le taux de vitamines A et C n’aura plus à être présenté sur le tableau de la valeur nutritive puisqu’on juge que la majorité des Canadiens satisfont leurs besoins pour ces vitamines. Par contre, le potassium fera son apparition puisqu’une grande proportion de la population n’en consomme pas suffisamment, et qu’un apport insuffisant de ce nutriment est associé à un problème de santé publique important, soit l’hypertension artérielle2. Le pourcentage de la valeur quotidienne du fer et du calcium continuera d’être fourni sur l’étiquette. Autre fait à noter, la quantité en mg de ces vitamines et minéraux devra également être indiquée, ce qui n’était pas le cas auparavant.

Une autre modification importante sur le tableau de la valeur nutritive est l’ajout d’une note, dans le bas du tableau, pour expliquer ce que signifie le pourcentage de la valeur quotidienne. Il sera donc indiqué: «5% ou moins c’est peu, 15% ou plus c’est beaucoup». 

Les modifications à la liste des ingrédients
À mon avis, le changement le plus important à la liste des ingrédients est qu’il sera maintenant obligatoire de regrouper tous les ingrédients à base de sucres. Jusqu’à maintenant si un aliment contenait de la cassonade et du sucre blanc, les 2 ingrédients apparaissaient séparément dans la liste, et leur ordre d’apparition dépendait de leur poids par rapport aux autres ingrédients. Ainsi, si un aliment contenait 20g de farine, 15g de cassonade et 6g de sucre blanc, on trouvait dans l’ordre: farine, cassonade, sucre, etc. D’ici 2021, puisque le total de la cassonade et du sucre (21g) dépasse le poids de la farine (20g), un tel produit devra plutôt avoir une liste d’ingrédients qui se lit comme suit: sucres (cassonade, sucre blanc), farine, etc.

Un autre changement concernant la liste des ingrédients est que les colorants alimentaires devront être désignés par leur nom usuel (ex.: «rouge allura», plutôt que «colorant»). De plus, sous la liste des ingrédients une mention «contient» sera suivie, s’il y a lieu, des allergènes alimentaires prioritaires, des sources de gluten et des sulfites ajoutés. Pour le reste, les changements proposés touchent à des éléments en lien avec la mise en forme de l’étiquette, par exemple la taille, le format et la couleur des caractères. 

Une valeur quotidienne pour les sucres
J’ai fait exprès de garder le dessert pour la fin… Une autre nouveauté dans l’étiquetage des aliments est que, d’ici 2021, vous verrez apparaître à côté de la quantité de sucres, un pourcentage de leur valeur quotidienne, information qui n’apparaît pas sur les étiquettes actuelles. En ce moment, il y a une valeur quotidienne pour les glucides et les fibres, mais rien pour les sucres. En passant, il peut être utile de savoir que la quantité de glucides inclut à la fois l’amidon, les sucres et les fibres, même si l’amidon ne figure habituellement pas sur l’étiquette.

Je trouve que l’idée de présenter le pourcentage de valeur quotidienne des sucres aurait pu être excellente. Cependant, le fait que Santé Canada ait décidé de considérer tous les sucres ensemble, autant ceux qui sont naturellement présents dans les aliments que ceux qui sont ajoutés aux produits alimentaires, entraînera selon moi de la confusion pour le consommateur. C’est un sujet sur lequel j’en ai long à dire, ce qui m’amène à vous annoncer la parution, dans quelques semaines, d’une suite à ce billet, qui sera exclusivement consacrée aux sucres!

D’ici là, n’hésitez pas à me poser vos questions sur l’étiquetage nutritionnel dans la section «commentaires» de ce billet!

1 Graham DJ, Jeffery RW. Location, Location, Location: Eye-tracking Evidence that Consumers Preferentially View Prominently Positioned Nutrition Information. J Am Diet Assoc 2011; 111: 1704-1711.

2 Jackson SL, Cogswell ME, Zhao L, et al. Association Between Urinary Sodium and Potassium Excretion and Blood Pressure Among Adults in the United States: National Health and Nutrition Examination Survey, 2014. Circulation 2017 doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.117.029193.

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  1. Publié le 9 novembre 2017 | Par Simone Lemieux

    @Louis. Vous posez une excellente question!

    En fait, on peut dire que les glucides sont un peu comme une famille. Dans cette «famille», on trouve l’amidon, les sucres et les fibres alimentaires. Sur l’étiquette alimentaire actuelle, le nombre de grammes de glucides qui est inscrit correspond au total obtenu en additionnant les grammes d’amidon, de sucres et de fibres alimentaires.

    On parle parfois de l’amidon comme étant un glucide complexe. Ce qu’on veut dire par «complexe», c’est que l’amidon est une assez grosse molécule qui doit être scindée avant que le corps puisse l’utiliser. Ce sont nos enzymes digestives qui coupent l’amidon pour libérer des molécules de glucose que notre corps peut utiliser. L’amidon peut contenir l’équivalent de quelques centaines de molécules de glucose.

    Pour ce qui est des sucres, il en existe plusieurs types. Par exemple, il y a le sucre de table (sucrose), le sucre qu’on trouve dans le lait (lactose) ou encore le fructose qu’on trouve dans les fruits. On parle souvent de ces sucres comme étant des glucides simples. Par opposition aux glucides complexes, les glucides simples sont de plus petites molécules qui sont assimilables très rapidement par le corps. Par exemple, le sucrose contient seulement une molécule de glucose et une de fructose, c’est donc beaucoup moins que les centaines de molécules trouvées dans l’amidon.

    Pour ce qui est des fibres alimentaires, leur composition ressemble un peu à celle de l’amidon puisqu’elles sont de grande taille. Par contre, contrairement à l’amidon, le corps n’est pas en mesure de couper ces grosses molécules, et elles ne peuvent donc pas être transformées en glucose. Les fibres ne peuvent alors pas apporter de l’énergie utilisable par le corps.

    Donc, si je reviens à votre question, on peut dire que le sucre est toujours un glucide, mais on ne peut pas dire que le glucide est toujours un sucre.
  2. Publié le 8 novembre 2017 | Par Louis

    Bonjour,

    Pour ma part je suis toujours mêlé entre sucres et glucides...

    Le sucre est-il un glucide?

    Le glucide est-il un sucre?

    J'aimerais bien comprendre la différence si je veux bien comprendre les étiquettes.

    J'ai lu quelques articles sur la Toile, mais ils m'ont rendu plus confus...

    À l'aide!

    :-)

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