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Photo de Martin Dubois

Retour sur le nouvel amphithéâtre

Le nouveau Centre Vidéotron, créé par la firme d’architecture ABCP, a fait couler beaucoup d’encre depuis son inauguration en septembre dernier. Jusqu’ici, on a surtout parlé de son coût, du fait que la Ville de Québec a gagné son pari de le construire en respectant le budget de départ, de la potentielle venue d’une équipe de la LNH, etc. Mais l’architecture dans tout ça?

Le Centre Vidéotron. Photo Stéphane Groleau

Le Centre Vidéotron. Photo Stéphane Groleau

À part quelques comparaisons peu flatteuses de ce nouvel équipement avec un détecteur de fumée, un cendrier, une essoreuse à salade, une soucoupe volante ou même un bol de toilette –ce qui dénote le peu d’arguments et de vocabulaire lorsque vient le temps de parler d’architecture –l’aspect architectural de ce projet majeur des dernières années, n’a été que très peu abordé. Seuls quelques journalistes, tel François Cardinal de La Presse, en ont fait mention. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, il y a quand même beaucoup à dire sur les formes architecturales de ce bâtiment, sur ses aspects constructifs et fonctionnels ainsi que sur les efforts mis de l’avant pour le bâtir de façon durable. Pour ma part, même si la visite que j’en ai faite lors des portes ouvertes m’a laissé sur mon appétit –j’aurais voulu découvrir plus de sections inédites–, je trouve plusieurs qualités à cet édifice dont l’architecture est plutôt soignée et bien maîtrisée.

Une longue lignée d’arénas à Québec
Avant toute chose, replaçons le nouvel amphithéâtre dans un contexte historique. Le Centre Vidéotron de Québec est le dernier-né d’une longue lignée de patinoires intérieures qui se sont succédé, au fil des incendies ou des démolitions, depuis 1850. À travers l’histoire, les nouveaux amphithéâtres avaient tous en commun d’être plus grands, plus fonctionnels et plus modernes. Le nouveau Centre Vidéotron ne fait pas exception!

Dans un de mes récents articles parus dans la revue Capitale Design, je dresse une «généalogie» de 8 arénas érigés à Québec, depuis le premier Quebec Skating Club construit en 1851 sur le quai de la Reine jusqu’au nouvel amphithéâtre. Trois pavillons des patineurs ont ensuite suivis, respectivement construits en 1864, en 1877 et en 1889 sur la Grande Allée, dans le secteur de l’hôtel du Parlement. Très ornés à l’extérieur, ces bâtiments qui comportaient des équipements plutôt rudimentaires, et dont la glace gelait et dégelait naturellement au fil des aléas de la température, ont vu naître le hockey à Québec.

À partir de 1913, les matchs de hockey se disputent dans le nouvel aréna de Québec érigé au parc Victoria. Pouvant accueillir plus de 5 000 spectateurs, ce lieu de rassemblement est incendié en 1942. On se tourne alors vers le Palais de l’agriculture du parc de l’Exposition (appelé plus tard le petit Colisée) qu’on réaménage pour la présentation de matchs de hockey, jusqu’à ce qu’il soit à son tour la proie des flammes, le 15 mars 1949. Un nouvel amphithéâtre plus grand et plus moderne –il est doté de la première glace artificielle à Québec– est construit à proximité en un temps record. Dès l’origine, le Colisée se démarque par sa modernité européenne et son influence Art déco. Devenu désuet après plus de 65 ans de loyaux services, le vieux Colisée est aujourd’hui voué à la démolition. Le Centre Vidéotron est donc, tout comme ses prédécesseurs, le nec plus ultra en matière de présentation d’événements sportifs et culturels.

Une architecture s’inspirant de la nordicité
L’architecture du nouveau Centre Vidéotron reflète notre rapport à la nordicité. Son immense volume est inspiré de l’hiver québécois, à l’image des congères sculptées par le vent. De minces bandeaux de fenêtres découpent le grand ovale blanc et offrent aux usagers déambulant sur les coursives intérieures de splendides vues de la ville sur 360 degrés. Ce genre d’édifices sont généralement refermés sur eux-mêmes, mais celui-ci offre des ouvertures sur le paysage, ce qui est assez novateur.

Les coursives du Centre Vidéotron offrent une vue sur l'extérieur ainsi que sur les 92 colonnes en bois ceinturant l'édifice. Photo Stéphane Groleau

Les coursives du Centre Vidéotron offrent une vue sur l’extérieur ainsi que sur les 92 colonnes en bois ceinturant l’édifice. Photo Stéphane Groleau

Le vaste hall a, quant à lui, été conçu tout en transparence par les architectes d’ABCP. Il est agrémenté d’une œuvre majestueuse de l’artiste québécois Jonathan Villeneuve intitulée Le grand bleu du Nord. Sous le thème de l’hiver québécois, cette murale d’art numérique bleue translucide, située derrière les escaliers donnant accès aux étages supérieurs, s’harmonise parfaitement avec le concept architectural de l’édifice.

L'œuvre Le grand bleu du Nord, signée Jonathan Villeneuve. Photo Stéphane Groleau

L’œuvre Le grand bleu du Nord, signée Jonathan Villeneuve. Photo Stéphane Groleau

Dès leur entrée, les visiteurs sont plongés dans un espace immersif unique, dont le paysage luminescent rappelle l’action du vent et de la neige. Cette matrice interactive de 372 m2 est composée de 5 120 capsules lumineuses DEL qui s’animent en fonction de l’achalandage dans le hall.

Comportant 18 500 places assises, le Centre Vidéotron est à la fine pointe de la technologie, autant pour présenter des matchs de hockey que des spectacles d’envergure internationale selon différentes configurations de scènes. En 2016, le bâtiment sera agrémenté d’une place publique nommée en l’honneur du hockeyeur Jean Béliveau (1931-2014).

Le magazine britannique Stadia a récemment classé le Centre Vidéotron au 5e rang de toutes les infrastructures sportives construites à travers le monde en 2015 en plus de lui consacrer quelques pages dans sa dernière édition. Pas mal pour un aréna à propos duquel le maire Régis Labeaume avait déclaré, avant même que les architectes n’en aient esquissé les plans, ne pas vouloir gagner de prix d’architecture en évoquant le respect du budget (voir mon billet «Pourquoi se priver de la beauté?»). Et je prédis que d’autres distinctions du genre sont à venir.

Le volume principal de l'amphithéâtre, inspiré de l'hiver québécois. Photo Stéphane Groleau

Le volume principal de l’amphithéâtre, inspiré de l’hiver québécois. Photo Stéphane Groleau

Un bâtiment vert
Si on a peu parlé de l’architecture de l’amphithéâtre, l’aspect écologique et durable entourant sa construction est encore moins connu. Pourtant, la Ville devrait être fière d’avoir livré un bâtiment sur le point d’obtenir une certification LEED (Leadership in Energy and Environnemental Design), niveau argent. En effet, comme le rappelait Alexandra Perron dans Le Soleil, le Centre Vidéotron a été conçu en respectant plusieurs principes du développement durable. La certification LEED est un système d’évaluation reconnu à l’échelle internationale qui garantit le respect de normes supérieures en matière de développement durable. Les bâtiments certifiés LEED (bronze, argent, or ou platine selon le degré atteint) produisent moins de déchets que les bâtiments conventionnels en plus d’économiser l’eau et l’énergie. Ils représentent un plus pour la collectivité et favorisent de surcroît la santé humaine, la biodiversité, l’utilisation de matériaux durables et l’économie. Parmi les procédés mis de l’avant dans le nouvel amphithéâtre pour obtenir cette certification, notons:

  • l’utilisation accrue de matériaux de construction recyclés ou provenant de la région;
  • l’utilisation de bois certifié pour les 92 immenses colonnes ceinturant l’édifice;
  • la toiture blanche et les aménagements paysagers qui réduisent les îlots de chaleur;
  • l’emploi d’arbres et de végétaux rustiques et résistants à la sécheresse ainsi que l’installation d’appareils sanitaires performants pour réduire la consommation d’eau;
  • l’éclairage à DEL;
  • les systèmes d’aération et de contrôle de la température intérieure qui consomment peu d’énergie;
  • et la gestion des déchets de construction afin de diriger le maximum de rebuts vers le recyclage et la récupération.

Ces préoccupations, en plus de créer un environnement plus sain, réduiront les coûts d’exploitation de l’édifice.

Bref, le Centre Vidéotron de Québec est, à mon sens, un projet architecturalement intéressant qui mérite mieux que certains quolibets qu’on lui attribue. Bien que cet édifice soit avant tout multifonctionnel, ses concepteurs n’ont pas lésiné sur son design et les aspects liés au développement durable, et cela en respectant le budget et l’échéancier. Comme quoi on peut faire beau et bien en autant qu’on s’y donne la peine et qu’on y croit.

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  1. Publié le 6 novembre 2015 | Par Guy Tanguay

    Pour les commentaires négatifs, ce sont des jaloux et SURTOUT des anti-Nordiques ou anti-Remparts. Le stade olympique a coûté combien déjà aux contribuables du Québec?
    J'en ai fait de la boucane avec mes centaines de mille cigarettes fumées. Alors le prix qu'on paye pour cette merveille architecturale en valait la peine. Bravo aux architectes et à tous ceux et celles qui nous ont donnés cette MERVEILLE! MERCI!
  2. Publié le 4 novembre 2015 | Par Catherine

    Et WSP en gestion de projet et Pomerleau en gestion de construction.
  3. Publié le 4 novembre 2015 | Par Catherine

    N'oubliez pas qu'il s'agit d'une équipe intégrée de professionnels maîtres SAGP (SNC/ABCP/GLCRM/Populous). Félicitations à toute l'équipe! :)

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