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Automne 2011

Ce que vous en pensez

La réussite scolaire des garçons... et des filles, un sujet qui interpelle!

Tirer parti de ce qu’est un garçon
Je suis maman de trois garçons, dont deux fréquentent l’école primaire. Avant, je croyais que les garçons et les filles n’étaient pas si différents, sur tous les plans. Erreur. Les garçons ont besoin d’action et de stimulation. Rester assis à écouter quelqu’un parler, ce n’est pas leur fort. Ce n’était pas le mien non plus mais je suis un autre cas. Il leur faut toucher, parler, expérimenter, bouger. Les filles sont plus calmes et réfléchies, elles portent plus attention à leur entourage. Chaque enfant arrive à l’école avec son bagage familial (donc éducatif), avec lequel l’enseignant doit s’efforcer de travailler.
   Souvent, en bout de ligne, c’est l’enseignant qui fera la différence dans l’apprentissage de tous les enfants. Les garçons sont spontanés et il faut tirer parti de leur curiosité naturelle pour leur enseigner. Ils sont aussi capables que les filles de s’appliquer et d’être concentrés; il faut juste trouver ce qui les passionne. Pour mieux comprendre, il faut lire L’école des gars de Maryse Peyskens. Même moi j’aurais voulu aller à cette école…
Julie Voyer (Traduction 1997)

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Les mêmes avantages

De prime abord, je ne crois pas que les garçons soient désavantagés à l’école. Ils vivent dans la même société avec les mêmes avantages et les mêmes inconvénients que rencontrent les filles. Il suffit peut-être que, dès le bas âge, les parents et les éducateurs sachent leur accorder la même attention et exiger d’eux les mêmes efforts que ceux qui sont exigés pour les filles, sans leur accorder plus de privilèges qu’aux filles. Ainsi, dès le jeune âge, ils vont faire l’apprentissage des efforts nécessaires pour atteindre les objectifs qu’on se fixe. Et quand vient le moment de vouloir décrocher du système scolaire, ils sauront par expérience garder leur objectif et ne pas céder à la facilité du décrochage.
   Je serais portée à ne pas les traiter d’abord comme étant des «garçons», mais comme étant des «enfants» qui font des apprentissages. Ainsi, à éviter la comparaison et la compétition entre les sexes. Chaque individu a un potentiel à développer…en tant qu’individu et être humain. J’aurais tendance à éliminer ainsi le sexisme et les théories portant sur le gender.
Thérèse Chabot
(Éducation 2000)

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Chapeau à Égide Royer
!
Votre article est comme d’habitude très pertinent et véridique. J’admire M. Royer pour son franc-parler! Ayant un fils de 6 ans qui a un TDAH (un gros cas) et un possible diagnostic de TED (ou du moins des traits), je trouve moi aussi que l’école est faite pour les filles et qu’on ne pense pas assez aux gars…
    Qu’on se ramène une ou deux générations en arrière… Les garçons profitaient beaucoup de la récréation et des sports… Mon père, qui a 82 ans, joue encore au hockey toutes les semaines. Il le fait depuis qu’il a 5 ans grâce aux enseignants (des Frères Maristes) qui avaient compris que les gars devaient bouger…
    Merci à Égide Royer pour ses efforts continue, il nous donne de l’espoir!
Marie-France Homier, employée UL

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Enseigner l’importance de l’école

Le premier facteur de réussite scolaire est que les parents montrent l’importance de l’école à leur enfant et donne plus de confiance aux profs. J’ai vu assez de garçons ou de filles dans ma carrière d’enseignant pour être en mesure d’affirmer cela. Un enfant pour qui l’école passe après ses autres activités n’aura pas la même détermination qu’un autre qui accorde son attention à ses apprentissages. Il m’est souvent arrivé de voir des garçons beaucoup moins motivés à cause de ce premier facteur. Réaffirmons socialement l’importance de l’éducation et nous règlerons 60 à 70 pour cent du problème.
Gaétan Bédard (Pédagogie 1971; Enseignement au préscolaire et au primaire 1982)

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Oui, les gars sont désavantagés

À votre question je réponds oui, je m’explique en prenant mon exemple. Au départ, deux handicaps pour l’apprentissage: daltonien, donc horreur du dessin, et deux dyslexies (lecture et écriture). Résultat: j’ai doublé ma première, ma cinquième et ma septième année.
   Qui m’a sauvé? Le prof de ma deuxième septième année, en 1962: M. Cliche, comment l’oublier celui-là! Ce monsieur a fait quatre choses très simples: d’abord, demander à ma mère de me lâcher pour me rendre responsable de mes choix; ensuite, m’impliquer dans des sports les soirs de semaine et les fins de semaine; me donner le double de leçons et devoirs des autres élèves de la classe; et pour finir, me confier, à tous les vendredis, la responsabilité de la caisse scolaire, à condition que j’aie été capable de faire autant de travail que les autres élèves de la classe durant l’heure octroyée.
   Que s’est-il passé? Réussite totale. Simple! De dernier de classe à deuxième de classe. Et pourquoi? Ce que j’en comprends aujourd’hui: sortir des jupes de ma mère, bouger, travailler en autonomie et, le plus important, établir le respect de l’individu par une attitude de confiance mutuelle.
    À mon avis, l’école et la vie d’aujourd’hui n’offrent pas ce genre de stimulus aux garçons. Enfant unique donc surprotégé par la mère, jeux électroniques au lieu de bouger, attitude maternelle à l’école aussi et, par-dessus tout, traitement uniforme des élèves qui tue le respect individuel que l’on doit à chacun. Tout pour s’ennuyer!
    Dans la vie comme dans le sport, c’est le respect, l’effort, le jeu et peut-être la réussite. Si tu n’as pas le respect, oublie le reste, tu ne feras pas d’efforts et tu ne t’amuseras pas.
Jean Pierre Fleury (Arpentage 1971)

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Revaloriser la profession d’enseignant
Je suis d’accord avec l’idée qu’il faudrait davantage d’hommes en éducation. Je pense que c’est important pour les petits garçons d’avoir des modèles masculins à l’école. Les hommes enseignants changent aussi la dynamique au sein de l’équipe école et permettent une vision plus large de l’éducation.
   Alors, pourquoi les hommes ne sont pas attirés par cette profession? Je pense qu’il faudrait bien sûr revaloriser le rôle de la profession enseignante auprès de la population. Cette revalorisation passe aussi par une meilleure rémunération. Il y a une différence marquée entre le salaire des profs au Québec et celui des enseignants des autres provinces, notamment l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique. Pourquoi un gars se dirigerait-il vers une profession qui demande quatre années d’université et où il lui faudra une dizaine d’années pour atteindre l’échelon salarial maximal, alors que plusieurs autres professions le rémunéreront beaucoup mieux et beaucoup plus rapidement?


   Je suis aussi surprise par l’analyse que fait M. Royer de la statistique présentée au dernier paragraphe. «Sept ans après le début de leur cours secondaire, 76% des gars anglophones du secteur public du Québec avaient obtenu leur diplôme, contre 60% des gars francophones. Ça montre qu’une partie de la réussite relève davantage de l’école que des parents. La qualité de l’enseignement a donc un lien direct avec la réussite scolaire.» M. Royer croit donc que les enseignants anglophones sont mieux qualifiés et sont de meilleurs pédagogues que les enseignants francophones. C’est une lecture possible j’imagine. Je crois que cette statistique pourrait aussi montrer l’importance de la famille dans la réussite scolaire. Pour avoirœuvré 16 ans dans un milieu anglophone, je crois que les familles anglophones valorisent davantage l’éducation que les familles francophones et je crois que c’est en lien direct avec la réussite scolaire. La réussite scolaire est aussi affaire de culture selon moi.
Audrey Rainville (Psychologie 1989; Éducation 1992)


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L’école le démotive

Cet article, dont les résultats ne me surprennent pas, réveille une inquiétude qui sommeille toujours en moi par rapport à l’éducation de nos garçons. Mon mari et moi sommes deux diplômés de l’Université Laval. L’éducation fait partie de nos valeurs. De mon côté, après deux bacs et plusieurs années d’expériences de travail, j’ai bifurqué graduellement vers l’enseignement au niveau collégial et voilà que je dois aussi, comme mère de trois enfants de différents niveaux scolaires, me questionner encore et encore à ce sujet.
   Je sous assure que la motivation reliée à l’éducation chez nous. L’école a réussi à rejoindre ma fille de 14 ans, contrairement à mes deux fils. Celle-ci a toujours été très dynamique, ordonnée et très autonome en sachant organiser sa vie scolaire, sportive et sociale. L’aîné, lui, plutôt actif physiquement, voire doué au niveau des sports et de la musique, mais déconcentré facilement et peu curieux des connaissances, a réussi à obtenir un diplôme de 5e secondaire dans une très bonne école privée. Son père et moi nous sommes félicités (en cachette) à la remise des diplômes.
   C’est au cégep que ça a fait «patate». Il a échoué la moitié de ses cours l’an dernier. L’école le démotive… Il veut être pompier mais les candidats plus vieux et expérimentés pleuvent aux inscriptions. Disons qu’avec ses récents résultats scolaires, peu de chance d’attirer les projecteurs sur son dossier, même s’il a d’autres atouts qui feraient de lui un super pompier. Quant à mon dernier rejeton, qui est en 3e année au primaire, la lecture l’intéresse, mais je vois bien que l’école, les devoirs, le désir de se surpasser sont à développer.
   Comme enseignante, je me sens compétente, grâce aux commentaires des étudiantes, de mes pairs et supérieurs. Comme mère, je me questionne. Est-ce là une question de génétique, d’hérédité? La facilité ou encore l’intérêt pour les études seraient-ils directement reliés au chromosome X, tandis que l’hyperactivité et la la difficulté à se concentrer au Y? Est-ce le sexe du prof ou son dynamisme, sa manière de transmettre aux étudiants sa passion, comme moi je tente de faire à chaque cours que je donne dans le domaine de la santé?
   Si je peux me permettre, j’élaborerais une hypothèse: les difficultés avec la grammaire, l’écriture de la langue française auraient à voir avec l’absence de perspective de faire des études collégiales ou universitaires… En tant que parent, je suis très consciente de l’influence qu’on exerce auprès des enfants. Vous dire que je redouble d’ardeur et d’imagination pour intéresser le p’tit dernier à ses leçons et devoirs ne vous surprendra pas: je n’ai pas l’intention de baisser les bras. La clé de la réussite: l’estime de soi scolaire?
Caroline Desbiens (Sciences infirmières 1989)

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S’adapter aux intérêts des garçons

Désavantagés est un grand mot. Il faudrait juste traiter certaines choses de façon différente. Les hommes et les femmes sont différents à la base. Par exemple dans le Programme d’éducation internationale, au secondaire, les jeunes font des cahiers de synthèses pour toutes les matières, même pour l’éducation physique et la musique. Mon garçon, maintenant en 3e secondaire, a été sous le choc en apprenant qu’il devait faire ça. Pourquoi analyser une période de basket? Si j’ai bien joué du drum en musique, ai-je vraiment besoin de l’écrire? Résultat: il a skippé quelques remises de cahiers et ses notes finales s’en sont ressenties. Je n’ai pas été prévenue de la situation. À la direction, on m’a dit que comme ce n’était pas une matière principale, c’est pour ça qu’il n’y a pas eu de suivi. Et moi de rétorquer: oui mais monsieur le directeur, qu’en est-il des valeurs? La responsabilisation n’est-elle pas un principe important? Je n’ai pas eu de réponse.
   Je soupçonne qu’il est plus facile pour une fille de s’introspecter. Pour ce qui est de la collaboration des parents, elle est essentielle pour faire le lien entre la connaissance des matières  et les valeurs qui forgent un adulte. Le cahier de synthèse n’est qu’un point. Il y a aussi les lectures obligatoires. Un garçon aimerait les mêmes romans qu’une fille? Lire est essentiel, mais les garçons s’intéressent davantage aux technologies. Le mien en connaît beaucoup sur ce sujet. Il lit et comprend les instructions d’installation sans problème. Il joue avec des jeux électroniques que je n’arrive même pas à ouvrir, mais il ne lit que les romans obligatoires en classe. L’école ne devrait-elle pas s’adapter à ces nouveaux intérêts et s’en servir positivement? Il n’est pas le seul garçon comme ça et, à ma connaissance, aucune de ses copines n’est passionnée de jeux vidéo. Enfin, mon garçon est fier et veut réussir. La motivation est là. Il a vécu ses premiers stress au secondaire. C’est correct qu’il en vive, ça fait partie de la vie. Il doit apprendre à les surmonter mais il est chanceux d’avoir des parents pour l’aider et l’encourager.
Josée Nadeau (Communications graphiques 1989)

 

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