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Hiver 2017

5 stratégies pour musiciens en herbe

Comment rendre le travail à l'instrument le plus efficace possible?

Apprendre à jouer d’un instrument demande beaucoup de temps et d’énergie, ce qui rebute parfois les enfants engagés dans cette aventure. Selon Mathieu Boucher, chargé de cours à la Faculté de musique et coordonnateur de l’École préparatoire Anna-Marie-Globenski de l’Université, la clé d’un apprentissage réussi réside dans la qualité, et non dans la quantité des répétitions. Ce spécialiste de la didactique instrumentale a donc défini plusieurs stratégies qui peuvent aider les jeunes apprentis à obtenir le meilleur résultat du temps passé à répéter. Issues de recherches scientifiques, ces stratégies visent à maximiser la rétention des connaissances acquises en jouant, tout en diminuant le temps nécessaire pour y arriver. Elles s’adressent tant aux enfants qu’à leurs parents ou à leurs formateurs, et peuvent être adaptées aux musiciens professionnels. En voici cinq.

1- Profiter de l’effet début/fin des répétitions
Lors d’une répétition, on retient davantage ce qui est enseigné au début et à la fin de chaque période de travail. Entre les deux, un «creux attentionnel» menace. Ainsi, quand on allonge la séance –souvent pour compenser celles négligées pendant la semaine–, il n’y a que le creux qui s’allonge! Afin que l’information soit mieux assimilée, il est donc préférable de favoriser quelques courtes pratiques, réparties sur différents moments de la journée. Pour un enfant: 15 minutes en après-midi et 15 minutes en soirée plutôt que 30 minutes de travail continu, par exemple.

2- Formuler des objectifs clairs et mesurables
On considère souvent qu’une répétition est finie après un nombre précis de minutes de travail. Pourtant, tondre la pelouse se termine quand la pelouse est tondue! De la même façon, «prévoir 30 minutes de piano» est un objectif trop vague, qui cause souvent des conflits avec l’enfant. Il est préférable de fixer des objectifs clairs, observables et mesurables sur un court passage de la partition: demander à l’enfant de jouer huit mesures sans erreurs (observable), trois fois de suite (mesurable). L’atteinte des objectifs, et non l’horloge, déterminera la fin de la répétition.

3- Varier le contenu des répétitions
Le cerveau détecte la nouveauté, une faculté essentielle à la survie, et les stimulus répétitifs nous ennuient. Malgré cela, on demande aux apprentis musiciens de répéter inlassablement les mêmes mouvements, jusqu’à ce qu’ils soient réussis. Cette méthode donne de bons résultats à court terme mais, pour une mémorisation à long terme, mieux vaut modifier le contenu de chaque essai: nuances, tempos, mesures jouées, etc. Par exemple, l’enfant peut répéter les quatre mêmes mesures d’une pièce à trois vitesses différentes, choisies aléatoirement d’une répétition à l’autre, puis jouer ces mêmes mesures à une seule vitesse, mais en alternant trois volumes différents.

4- Filmer la séance pour mieux jouer
Lorsqu’un enfant exécute un morceau, une très grande partie de son attention est accaparée par le simple fait de jouer. Il lui en reste alors peu pour réellement apprécier le rendu de la pièce. Filmer l’enfant lui permet ensuite d’écouter attentivement son jeu, ce qui lui réserve parfois des surprises (positives ou non). Il peut être intéressant de filmer l’enfant plusieurs fois, à quelques semaines d’intervalle. L’écoute des vidéos lui permettra de comparer des moments distincts de son apprentissage et de prendre conscience de sa progression.

5- Stimuler différentes mémoires musicales
Dans la pratique musicale, la mémoire motrice est celle qui retient avec efficacité les mouvements appris. Mais pour un mouvement erroné répété 10 fois, elle aura besoin de 11 répétitions corrigées pour effacer l’ancienne information. Le facteur le plus important de réussite n’est donc pas le temps ou le nombre de reprises, mais le pourcentage d’essais réussis. D’où l’importance d’adapter la pratique du morceau selon les habiletés de l’enfant: longueur des segments joués, tempo d’exécution, niveau de difficulté de la pièce. La mémoire conceptuelle, quant à elle, retient l’information plus théorique liée à la pièce et pallie les limites de la mémoire motrice. Apprendre par cœur –et chanter!– le nom des notes permet de limiter le temps de répétition à l’instrument. L’enfant peut ensuite entonner mentalement cette «chanson» à différents moments de la journée. Ce travail essentiel soutient le jeu et épargne à l’apprenti des dizaines de reprises de certains passages.

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  1. Publié le 26 février 2017 | Par Blackburn Micheline

    Merci de ces précieux conseils. Je constate que l'apprentissage de la musique s'actualise.
    Je pense que ces moyens peuvent très bien s'appliquer à l'apprentissage de la lecture chez les débutants.
  2. Publié le 19 février 2017 | Par Manon Reddy

    Merci!

    Bien pertinent.
  3. Publié le 17 février 2017 | Par Ian

    Article intéressant

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