Le magazine Contact

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Hiver 2010

De l’or pour les entraîneurs

La profession d'entraîneur est peu connue et encore moins reconnue, même pendant la fièvre olympique, rappelle Guylaine Demers.

Le vieux dicton dit que derrière chaque grand homme, il y a une femme. On pourrait actualiser la formule en l’appliquant plutôt au couple athlète-entraîneur! À un mois de l’ouverture des Jeux de Vancouver, cette discrète mais essentielle présence des entraîneurs d’athlètes olympiques est toujours aussi réelle. Trop souvent, seuls les «mauvais coachs» se retrouvent sous les feux de la rampe.

Guylaine Demers, professeure au Département d’éducation physique et responsable du baccalauréat en intervention sportive, répond aux questions de Contact sur cette profession de plus en plus complexe.

Depuis les Jeux olympiques de Montréal, les athlètes n’ont cessé de fracasser des records, mais qu’en est-il de l’évolution du métier d’entraîneur?
Ce qu’on exige d’eux est assez inouï! Les entraîneurs doivent aujourd’hui posséder des notions de psychologie, de nutrition et de médecine sportive afin que leurs athlètes atteignent les plus hautes performances. On leur demande aussi de maîtriser les nouvelles technologies et de pouvoir analyser les moindres aspects du mouvement, par exemple en patinage de vitesse.

Pourquoi mentionner particulièrement la dimension psychologique?
C’est aussi important que l’aspect physique. Sur la ligne de départ d’un 100 m aux Jeux olympiques, en principe, les athlètes sont à peu près tous du même niveau physique. C’est beaucoup du côté psychologique que la médaille va se jouer, et le rôle de l’entraîneur à cet égard est essentiel.

Avec toutes les compétences requises, est-ce à dire que la profession d’entraîneur jouit désormais d’une bonne reconnaissance?
Pas vraiment… Au Canada, le coaching n’est pas reconnu. À mes yeux, il s’agit bel et bien d’une profession, mais il n’existe pas d’ordre professionnel et il n’est toujours pas nécessaire d’avoir un baccalauréat spécialisé pour l’exercer. Les entraîneurs de haut niveau ont plutôt acquis des compétences par leurs expériences d’athlètes ou d’entraîneurs à des niveaux inférieurs.

Les médias ont beaucoup parlé des abus sexuels ou de consommation attribués à certains entraîneurs. Comment ceux-ci peuvent-ils se prémunir contre de telles dérives?
L’entraîneur a tellement de pouvoir sur l’athlète! Il est une personne clé qui a toute sa confiance. Il doit donc être irréprochable, tant sur une piste ou une patinoire que dans ses autres rapports avec l’athlète. Quand les règles sont claires, ça évite beaucoup de problèmes. Par exemple, l’entraîneur doit toujours respecter l’intimité de l’athlète: il devrait notamment rester dans le corridor quand c’est le moment de la douche!

Les femmes sont-elles présentes dans le monde de l’entraînement?
Le coaching est très souvent une affaire d’hommes. Même à un niveau amateur, il n’y a pas beaucoup de femmes qui entraînent des filles, et encore moins des garçons. Les femmes restent sous-représentées dans les organisations de sport au Canada. Seulement 10% des entraîneurs d’équipes nationales sont des femmes.

Quels seraient les grands objectifs d’un entraîneur de haut niveau?

On pourrait dire que l’entraîneur veut gagner, laisser un héritage ou, si vous préférez, avoir une influence sur son équipe et faire en sorte que les joueurs progressent. En fait, il s’agit de contribuer au développement de la personne –d’où l’importance de l’éthique. Les formations en coaching offertes aujourd’hui au Québec et au Canada, notamment notre baccalauréat en intervention sportive, sont très centrées sur l’athlète. Les décisions de l’entraîneur doivent toujours être prises dans le meilleur intérêt de l’athlète.

En quoi consiste le baccalauréat en intervention sportive de l’Université Laval?
En trois ans, l’étudiant voit tout ce qui touche au corps comme la biomécanique et la physiologie, ainsi que les concepts généraux liés à tous les sports. Il acquiert également des compétences en administration sportive. Pendant leur parcours universitaire, les étudiants vont aussi se perfectionner par l’entremise de stages –en accompagnant des entraîneurs, par exemple. Je précise que notre baccalauréat a été reconnu comme l’un des sept programmes au monde en matière d’éducation physique par l’International Council for Coach Education. Ce n’est pas rien!

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