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Hiver 2014

Des lacs en voie d’assèchement

Les plans d’eau des régions subarctiques s’assèchent à un rythme inquiétant.

La diminution des chutes de neige observée depuis quelques années dans les régions subarctiques du pays pourrait conduire à l’assèchement d’une forte proportion des petits lacs qui s’y trouvent. C’est ce que suggère une étude publiée dans la revue scientifique Geophysical Research Letters par des chercheurs des universités Laval, Wilfrid Laurier, Brock et de Waterloo.

Les scientifiques arrivent à cette conclusion après avoir étudié 70 lacs des régions d’Old Crow, au Yukon, et de Churchill, au Manitoba. Il s’agit de petits plans d’eau dont la profondeur est généralement inférieure à un mètre. Selon leurs analyses, plus de la moitié des lacs situés dans des milieux peu accidentés et entourés de végétation rase montrent des signes d’assèchement. Le problème serait surtout causé par une diminution des eaux de fonte. De 2010 à 2012, la moyenne des précipitations hivernales a diminué de 76 mm à Churchill par rapport aux moyennes enregistrées de 1971 à 2000.

L’assèchement de certains lacs, qui commençait à être visible à l’œil nu dès 2010, était encore plus frappant à l’été 2013. «Dans ce type de lacs, la neige représente de 30 à 50% des précipitations totales annuelles, précise Frédéric Bouchard, stagiairepostdoctoral au Département de géographie et au Centre d’études nordiques. Les lacs situés en milieu accidenté ou boisé s’en tirent mieux parce que les obstacles qui les entourent favorisent l’accumulation de la neige poussée par le vent.» Un tel assèchement des lacs ne se serait pas produit depuis 200 ans. En effet, les analyses isotopiques pratiquées sur les restes de phytoplancton accumulés dans les sédiments montrent que, depuis deux siècles, ces lacs étaient en équilibre hydrique. Cette stabilité s’est brusquement rompue il y a quelques années.

Si la tendance aux hivers moins neigeux et aux étés plus secs se maintient, comme le prévoient les modèles climatiques, une partie des lacs peu profonds des régions subarctiques pourrait s’assécher complètement. «Il est difficile de prévoir toutes les répercussions de ces pertes d’habitats, admet Frédéric Bouchard, mais certaines espèces animales pourraient en souffrir. La perte d’habitats aquatiques au profit d’habitats terrestres pourrait avoir des conséquences écologiques majeures.»

L’article paru dans Geophysical Research Letters est signé par 11 chercheurs. Reinhard Pienitz, professeur au Département de géographie et membre du Centre d’études nordiques, compte parmi les auteurs.

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