Le magazine Contact

La zone d'échanges entre l'Université Laval,
ses diplômés, ses donateurs et vous

Le magazine Contact

Printemps 2009

L’état de santé de quelques lacs

Trois diplômés témoignent de l'état des lacs qui se trouvent dans le coin de pays que chacun habite.

MEXIQUE: TECHNO ET ÉDUCATION

Pas d’illusions, mais bien un peu de rêve: voilà ce que nourrit José-Luis Martinez-Gonzàlez (Microbiologie agricole 2008) à l’égard de la Laguna de las Ilusiones. Conseiller en développement de PME dans l’État mexicain de Tabasco, il voit entre autres à l’application du règlement sur la qualité des eaux re-jetées par les industries.

La laguna est un lac d’eau douce aux formes irrégulières qui baigne Villahermosa, capitale de Tabasco et pôle de développement économique de la région. Victime de l’urbanisation forcée de ses rives, le lac a été durement affecté par diverses sources de pollution, urbaines et industrielles, et contient aujourd’hui de fortes concentrations de matières résiduelles hautement toxiques. De plus, les dépôts de sédiments y favorisent la prolifération d’algues et de plantes aquatiques.

En 1994, l’administration publique de Tabasco a mis en place un plan de valorisation biologique du lac et, depuis 2003, un plan d’assainissement, ce qui a déjà permis de réduire les déversements d’eaux usées. Toutefois, rappelle M. Martinez-Gonzàlez, on y constate toujours la dégradation de la faune aquatique et la propagation des algues importunes. «Bien que le recours à la haute technologie soit nécessaire, c’est avant tout la sensibilisation écologique qui reste la meilleure stratégie de contrôle à long terme de l’état des lacs mexicains», estime-t-il.

***
DEUX PAYS AFRICAINS, UN LAC ET DES VOLCANS


Le lac Kivu est le principal plan d’eau de la République du Rwanda, pays d’origine d’Emmanuel Havugimana (Aménagement du territoire et développement régional 2001), doctorant à l’université suédoise de Göteborg. Ce lac de 2700 km² s’étend de chaque côté de la frontière qui sépare le Rwanda de la République démocratique du Congo. Situé sur une importante cassure de l’écorce terrestre, le lac se trouve dans une région volcanique aux activités sismiques fréquentes. Les eaux profondes du Kivu, rapporte M. Havugimana, contiennent d’énormes quantités de méthane dissout (CH4), un gaz capable d’alimenter des usines de production électrique. L’exploitation de cette ressource représenterait une manne appréciable pour les deux pays riverains. En outre, cette extraction est envisagée comme une stratégie permettant d’éviter d’importantes émanations de gaz mortel en cas d’activité volcanique sous les eaux du lac.

Par ailleurs, les rives du Kivu sont très peuplées et la principale source de pollution du lac provient des activités agricoles ainsi que des déversements d’eaux usées non traitées. Depuis 2005, une loi de protection environnementale a été mise en application et le gouvernement rwandais a interdit toute activité humaine à moins de 50 m du plan d’eau. Environ 2000 personnes doivent être déplacées. L’organisme national chargé de la mise en application de cette loi affirme que le lac ferait face à un désastre écologique si des mesures adéquates n’étaient pas adoptées. Un projet de 3,7 millions$US pour la plantation d’herbes fixatrices le long des rives du lac est actuellement financé par des organismes internationaux.

***
SURVOL DES LACS BRÉSILIENS


Au Brésil, pays de Letícia A. Bernardez (Sciences de la Terre 1999), il y a une multitude de petits lacs dispersés sur tout le territoire. Plusieurs se trouvent en zones entièrement urbanisées et souffrent de la pollution domestique et industrielle, fait remarquer Mme Bernardez, directrice d’une firme brésilienne d’ingénierie. Cette situation est aggravée par le déboisement des bassins versants des lacs, l’assèchement des marécages et le redressement des cours d’eau. Le développement anarchique des grands centres urbains a souvent entraîné la création de réseaux d’aqueduc inefficaces, voire inexistants dans certains cas, et il y a encore trop peu de stations d’épuration des eaux usées. Cette pollution a favorisé la prolifération d’algues dans plusieurs lacs. Résultat: odeurs insupportables, piètre apparence, interdiction de consommer l’eau ou encore de s’y baigner. Une autre source très importante de la pollution des lacs brésiliens provient des engrais et pesticides d’origine agricole.

Quant à la Lagoa dos Patos, elle n’échappe pas aux problèmes de pollution. Située au sud du Brésil, à faible distance de la côte atlantique, cette étendue d’eau salée est la plus grande du pays avec ses quelque 10 000 km². On y dénote des signes importants de dégradation tels que la turbidité de l’eau et la croissance accélérée d’algues nuisibles.

«Les autorités brésiliennes affichent leur volonté d’améliorer l’état des lacs pollués», rapporte Letícia A. Bernardez. L’accent a été mis sur une nouvelle politique nationale de gestion des eaux, en plus de l’application de la législation en place. De plus, comme le pays compte de nombreux lacs créés par les barrages hydroélectriques, le gouvernement s’interroge sur les effets néfastes de l’inondation de vastes portions de terres renfermant des métaux lourds.
Haut de page
  1. Aucun commentaire pour le moment.