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Hiver 2010

Le sport d’élite hors Québec

À la suite de l'entrevue sur les entraîneurs sportifs de haut niveau, trois diplômés s'expriment sur l'organisation du sport d'élite dans leur coin de pays.

FRANCE, LE SPORT EN MUTATION

En France, on peut parler de «sport d’élite d’État» depuis les années 1960. Les athlètes français sont soutenus par les instances publiques sur le plan des conditions d’entraînement et de l’encadrement technique, mais aussi du soutien mental et financier.

Ce modèle est cependant arrivé à son terme, soutient Arnauld Lastel (Sciences de l’activité physique 1994), à cause de fortes contraintes économiques et sociales. M. Lastel en sait quelque chose puisqu’il a été directeur du Comité régional olympique et sportif français, de 2003 à 2006.

Celui qui est maintenant directeur du Service de la vie sportive de Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, observe que les Jeux de Pékin en 2008 ont confirmé le déclin de la France au tableau des médailles, amorcé aux Jeux d’Atlanta en 1996. Et les récents échecs des candidatures de la France à la tenue des Jeux olympiques d’été (Paris 2008 et 2012) ne permettent pas de déclencher une relance de ce modèle étatique, mais plutôt de le remettre en question.

«Il ne s’agit plus de gérer des médailles olympiques à chaque fois, mais de manager l’organisation du sport en France sur les deux prochaines décennies afin de répondre aux mutations du XXIe siècle», affirme-t-il. Selon lui, cette réflexion doit avoir lieu quelle que soit l’issue des Jeux d’hiver de Vancouver pour les athlètes français.

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ÉTATS-UNIS: LE CULTE DU SPORT DÈS L’ENFANCE


Dominique Banville (Sciences de l’activité physique 1998) habite en Virginie (ÉU) depuis 10 ans. Professeure à la School of Recreation, Health and Tourism (George Mason University), elle raconte qu’un des événements qui l’a le plus «culturellement» marquée depuis son arrivée là-bas est un match de football opposant deux écoles secondaires. Des milliers de personnes assistaient à ce match!

Le sport de performance aux États-Unis fait partie intégrante du quotidien, rappelle-t-elle. Dans plusieurs commissions scolaires, le sport organisé, c’est-à-dire où les jeunes athlètes sont encadrés par des entraîneurs, commence dès la 6e année du primaire et se poursuit jusqu’au niveau universitaire. «Pour plusieurs élèves, note Dominique Banville, le sport est en fait un moyen d’accéder à l’éducation supérieure grâce aux bourses associées à leur performance sportive.»

Le recrutement de ces sportifs-boursiers s’effectue principalement par des dépisteurs qui se rendent dans les High Schools pour assister aux performances et recommander certains athlètes potentiels. Il n’est pas rare que les meilleurs reçoivent jusqu’à quatre offres d’autant d’universités qui font tout pour les convaincre de venir étudier en leurs murs.

Une fois à l’université, les athlètes doivent maintenir un certain niveau de performance scolaire pour demeurer boursiers. La National Collegiate Athletic Association (NCAA) supervise et régit les sports collégiaux pour s’assurer que les athlètes soient bien encadrés sur les plans sportif et scolaire.

Au cours de leurs études, de nombreux athlètes participeront à différentes compétitions de haut niveau, ce qui leur donnera l’occasion de se qualifier pour les Jeux olympiques. Si les États-Unis sont parmi les pays qui dominent au tableau des médailles olympiques, croit Mme Banville, c’est grâce au soutien que les athlètes reçoivent dès leur plus jeune âge.

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ONTARIO: DES AMÉLIORATIONS CONSIDÉRABLES


«Ces dernières années, il y a eu des améliorations importantes au Canada, concernant développement à long terme de l’athlète, ce qui a un impact sur le succès des sports d’élite», juge Linda Gagnon-Conway (Sciences de l’activité physique 1979), aujourd’hui consultante en gestion des affaires.

Un exemple? Les équipes de water-polo des Titans d’Ottawa, qui correspondent à différents groupes d’âge de 7 ans et plus. L’entraîneur-chef de ces clubs a mis en place un modèle qui permet à tous les joueurs de progresser en cinq temps: s’entraîner pour s’entraîner, apprendre à faire de la compétition, s’entraîner pour faire de la compétition, apprendre à gagner et, finalement, s’entraîner pour gagner. Ce processus introduit donc la compétition progressivement. La diplômée juge qu’il est important d’attirer les jeunes en grand nombre et de minimiser les coûts d’entraînement pour leur donner la chance de s’entraîner et de s’améliorer.

Certains facteurs (bagage génétique de l’athlète, revenu familial, situation géographique, etc.) sont incontrôlables, rappelle Mme Gagnon. «Par contre, dit-elle, il y a les facteurs clés sur lesquels nous pouvons investir comme pays, tels le coaching, le soutien financier aux athlètes d’élite, les occasions d’entraînements et de compétitions ainsi que les conditions et les équipements d’entraînement.»
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