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Hiver 2009

On cherche, on trouve

Des résultats de recherche sur le harfand des neiges, le diabète de grossesse, les piles électriques, le poker et plus...

LE HARFANG QUI  FAIT BIP-BIP

Une équipe du Centre d’études nordiques qui étudie les déplacements d’un petit groupe de harfangs des neiges depuis maintenant 16 mois est en voie de récrire une partie de la biologie de cette espèce. En effet, les pérégrinations saisonnières de ce rapace remettent en question certaines idées reçues. C’est ce qu’ont laissé entendre Jean-François Therrien, Gilles Gauthier et Joël Bêty lors de la conférence Arctic Change, en décembre.

À l’été 2007, les chercheurs ont capturé 12 femelles alors qu’elles nichaient sur l’île Bylot et ils les ont munies d’un harnais permettant un suivi par satellite de leurs déplacements. Première surprise: les harfangs sont des oiseaux marins pendant une partie de l’année. «Six des sept oiseaux qui sont demeurés dans le Nord tout l’hiver ont passé entre un et trois mois au large des côtes, précise Gilles Gauthier, professeur de biologie à l’Université Laval. Nous croyons qu’ils se rendent aux polynies (des étendues d’eau libres de glace dans les mers nordiques) pour y chasser des oiseaux comme les eiders.»

Deuxième surprise: l’extrême variabilité des migrations automnales. Alors que la plupart des harfangs ont migré quelques centaines de kilomètres vers le sud, deux ont migré vers le nord et un autre vers Terre-Neuve. Un aventurier a même choisi le Dakota du Nord comme destination soleil. En moyenne, 1727 km séparent le lieu de nidification et le lieu d’hivernage de chaque oiseau, mais cette distance varie de 410 à 3245 km.

Par ailleurs, contrairement à la plupart des espèces, les femelles harfangs ne retournent pas au même site de nidification d’une année à l’autre. En moyenne, 733 km séparent leur nid de 2007 et celui de 2008. «C’est la plus grande différence jamais rapportée parmi toutes les espèces d’oiseaux. En général, on parle d’au plus de 10 km d’écart», souligne le professeur Gauthier. Les femelles choisiraient leur site de nidification en fonction de l’abondance locale des lemmings, leur principale proie.

L’été 2008 a été faste côté lemmings dans l’est de l’Arctique, alors que les chercheurs ont observé un pic dans le cycle d’abondance de ces rongeurs. «Lorsqu’il y a beaucoup de lemmings, plus de jeunes harfangs survivent et prennent leur envol», observe Gilles Gauthier, qui rappelle que son équipe avait prédit une invasion de ces rapaces dans le sud du pays cet hiver.

En décembre dernier, de nombreux harfangs ont été vus dans le sud du Québec et de l’Ontario. Au point où la présence de cette espèce, qui apprécie les grands espaces ouverts, pourrait devenir problématique. «Il y aurait au moins six harfangs à proximité des pistes de l’aéroport international Trudeau à Montréal, souligne le biologiste. Un employé nous a d’ailleurs contactés pour savoir comment les éloigner afin d’éviter les collisions avec les avions.»

Jean Hamann

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UN MAL, DES MOTS

Les enfants nés d’une mère qui a souffert de diabète de grossesse risquent davantage d’éprouver des problèmes de développement du langage. C’est ce que rapportent Ginette Dionne et Michel Boivin, de l’École de psychologie, ainsi que des collègues du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant, dans la revue Pediatrics. Les chercheurs ont comparé le vocabulaire et la grammaire de 221 enfants dont la mère avait souffert de diabète gestationnel à ceux de 2612 enfants d’un groupe témoin. Les premiers ont obtenu de moins bonnes notes; leur vocabulaire comprenait 10 mots de moins sur une échelle de 100. Dans l’ensemble, ils couraient deux fois plus de risques de souffrir d’un retard de développement du langage. Le niveau de scolarité de la mère, toutefois, semblait atténuer cette différence.

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ÇA TOMBE PILE!

Dira-t-on un jour adieu à toutes les piles qui alimentent les petits appareils électroniques? Peut-être bien, si l’on en croit l’équipe de Mario Leclerc, du Département de chimie, et ses partenaires de la firme américaine Konarka. Selon ces chercheurs, ce ne sont pas les surfaces capables de capter l’énergie solaire qui manquent. Étuis d’ordinateur, sacs à dos, tentes, auvents et même vêtements… Il s’agit d’intégrer, dans des matériaux souples, une nouvelle classe de molécules photoactives mises au point à l’Université: les polycarbazoles. Ces molécules parviennent à transformer en énergie électrique 6 % de l’énergie solaire reçue. Les polycarbazoles peuvent être produits sous forme d’encres à imprimer sur différents matériaux ou sous forme de fibres à tisser dans des textiles. Le Vice-rectorat à la recherche et à la création a accordé à Konarka une licence d’exploitation exclusive.

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LA PIQÛRE DU POKER

Jouer au poker est-il un vice, un loisir, une discipline? Peu importe. Le nombre d’adeptes ne cesse d’augmenter, dit Julie Dufour, doctorante en psychologie à l’Université Laval. Le poker sur Internet serait extrêmement populaire actuellement au Québec. En 2006, 22 % des ados avaient joué au poker dans les 12 derniers mois. «On sait que les débutants vont avoir tendance à accorder plus d’importance à l’habileté qu’au hasard et qu’ils vont donc vouloir “apprendre à être bons” en jouant davantage. Une chose est certaine: il faut déconstruire le mythe selon lequel tout le monde peut réussir au poker. Comme dans la vraie vie, il y a des gagnants et des perdants », a souligné Julie Dufour lors d’un colloque organisé par le Centre québécois pour la prévention et le traitement du jeu, en décembre.

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SOIGNER UN LAC MALADE

L’été 2009 sera déterminant dans la vie du lac Saint-Augustin. Une équipe de chercheurs dirigée par Rosa Galvez, du Département de génie civil, testera une méthode de restauration. Situé à proximité de l’autoroute 40 et entouré de terres agricoles et de quartiers résidentiels, le lac est alimenté par des eaux chargées de sels de déglaçage, d’engrais et de polluants. Il affiche de fortes concentrations de phosphore, favorisant les explosions d’algues bleu-vert pendant l’été. Les chercheurs provoqueront la précipitation du phosphore contenu dans la colonne d’eau à l’aide de produits utilisés dans le traitement de l’eau potable, puis ils recouvriront de roches calcaires les sédiments contaminés. Même si cette intervention s’avérait efficace, elle ne sera pas généralisée à tous les lacs perturbés au Québec. «Cette solution ne devrait être considérée qu’en dernier recours», souligne la professeure Galvez.

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PENSER FAIT GROSSIR

Le travail intellectuel contribuerait à l’épidémie d’obésité, et pas uniquement parce qu’on dépense moins d’énergie en travaillant au clavier qu’à la pelle. Cette révélation provient d’une étude signée par Jean-Philippe Chaput, Vicky Drapeau, Paul Poirier, Normand Teasdale et Angelo Tremblay dans Psychosomatic Medicine. Les chercheurs ont mesuré la prise alimentaire spontanée de 14 étudiantes après chacune des tâches suivantes: relaxer en position assise, résumer un texte scientifique et compléter des tests à l’ordinateur, pendant 45 minutes. Malgré le faible coût énergétique de la pensée, les participantes ont consommé 203 kilocalories de plus après avoir résumé un texte qu’après avoir relaxé, et 253 kilocalories de plus après les tests informatisés. Des prélèvements sanguins effectués au long de chaque séance ont révélé que le travail intellectuel induit des variations importantes dans la concentration de glucose et d’insuline. L’organisme pourrait stimuler la prise alimentaire afin de restaurer l’équilibre du glucose.
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