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Hiver 2020

Plonger dans l’univers inuit

Dans une exposition inédite, l’anthropologue Bernard Saladin d’Anglure dévoile une partie de sa collection d’objets rapportés du Nunavik et du Nunavut.

À l’automne 2020, le Département d’anthropologie soufflera ses 50 bougies. Dans le cadre des activités organisées en cours d’année pour souligner cet anniversaire, une exposition unique se tient à la Bibliothèque du pavillon Jean-Charles-Bonenfant du 7 février au 1er septembre 2020.

La quarantaine d’objets qui la composent ont été fournis par l’un des fondateurs du Département, Bernard Saladin d’Anglure. Tous ces objets – vêtements, équipements de chasse et de pêche ainsi qu’ustensiles domestiques ou utilisés lors de rituels chamaniques – témoignent du mode de vie traditionnel inuit. Ils sont extraits d’un lot de 358 pièces acquises au fil des ans par le professeur et récemment offertes à l’Université Laval. «Par ce don, je souhaite poursuivre ce à quoi je me suis consacré toute ma vie, c’est-à-dire faire connaître et promouvoir la culture inuit», confie-t-il.

L’appel du Nord
Originaire de France, c’est en 1955, avec le goût de l’aventure et la fougue de ses 19 ans, que le futur anthropologue met les pieds pour la première fois au Nunavik (qu’on appelle alors le Nouveau-Québec). «J’avais déjà séjourné chez un peuple d’éleveurs, les Lapons (Samis) du Nord de l’Europe, se souvient-il. Mais je souhaitais connaître des chasseurs-cueilleurs, ce pourquoi j’ai entrepris un voyage au Canada. Quand, en arrivant dans le campement d’hiver de Quaqtaq en traîneau à chiens, j’ai vu au loin les premiers grands igloos familiaux, j’ai senti qu’une histoire passionnante débutait.»

En effet, une grande amitié est née entre les Inuit du Nord canadien et celui qu’ils ont appelé affectueusement «Grand Harfang des neiges» dans une chanson composée à son arrivée. En 2005, c’est cette même chanson qui l’a accueilli lors d’une fête soulignant leur 50e anniversaire de rencontre.

Au cœur du parcours de Bernard Saladin d’Anglure se trouve aussi la transmission de ses connaissances. Après s’être joint au Département d’anthropologie en 1968, il est choisi pour le diriger de 1971 à 1974 et est promu professeur émérite en 2008. L’enseignement ne l’a pas pour autant éloigné du terrain. En effet, de nombreux séjours au Nunavik et au Nunavut (une partie du Nord canadien) ont suivi son voyage initial, souvent en compagnie d’un membre de sa famille.

L’homme a participé de façon majeure au développement du Département d’anthropologie, devenu un des plus importants dans le monde francophone à se spécialiser en anthropologie sociale et culturelle. C’est notamment grâce au travail de ce passionné, à sa collecte de données, à ses nombreux films et à ses publications que l’Université Laval est aujourd’hui un centre mondialement reconnu pour l’enseignement et la recherche sur les Inuit. La création, en 1977, de la revue Études Inuit Studies, l’organisation, en 1978, du premier Congrès biennal d’études inuit et le lancement du Groupe d’études inuit et circumpolaires, devenu le Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones, comptent parmi ses accomplissements.

Également, plusieurs de ses anciens étudiants ont fait honneur au domaine, comme l’ethnolinguiste Louis-Jacques Dorais, qui a été son principal associé, devenu lui aussi professeur émérite, et Serge Bouchard, l’anthropologue bien connu du grand public.

Visiblement, l’homme est toujours animé par sa flamme originelle. «Les anthropologues contribuent au dialogue entre les groupes humains, explique-t-il. Leur expertise les amène à porter un regard neuf sur des sujets extrêmement variés et contribue à faire avancer les connaissances. Savoir observer, savoir écouter et savoir cultiver la curiosité à l’égard de l’autre sont des qualités qui les caractérisent et qui permettent d’établir bien des ponts entre les personnes et les cultures.»

 

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